Réalisé par Delmer Daves
Avec
James Stewart, Jeff Chandler et Debra Paget
Édité par Sidonis Calysta
Arizona, 1870. Le général Oliver Howard propose au chercheur d’or Tom Jeffords, ancien militaire unioniste, de faire des repérages pour préparer une attaque du territoire de Cochise, le chef des tribus apaches qui résistent à l’invasion des colons américains. Tom vient de sauver la vie d’un jeune indien et Cochise a assuré sa protection. Il refuse la mission, mais va tenter d’amener les tribus apaches et l’armée américaine à conclure un traité de paix…
La Flèche brisée (Broken Arrow), sorti en 1950, est l’adaptation par Delmer Daves du roman Blood Brother, publié par Elliott Arnold en 1947, en partie basé sur des faits réels qui aboutiront, par l’entremise de Tom Jeffords, à la signature, par le général Howard et Cochise, d’un traité de paix le 12 octobre 1872. La paix fut assurée pendant quatre ans jusqu’à une reprise des hostilités sous la conduite de Geronimo, deux ans après la mort naturelle de Cochise.
Albert Maltz, auteur de plusieurs scénarios remarquables, Le Roman de Mildred Pierce (Mildred Pierce, Michael Curtiz, 1945), La Cité sans voiles (The Naked City, Jules Dassin, 1948), La Tunique ((The Robe(, Henry Koster, 1953), Les Proies ((The Beguiled(, Don Siegel, 1971), ne put signer celui de La Flèche brisée : il était un des dix de Hollywood inscrits sur la liste noire du (House Committee on Un-American Activities(, et c’est celui d’un collègue, Michael Blankfort, qui apparaîtra au générique à la sortie du film.
Salué en 1951 par le (Writers Guild of America Award for Best Written American Western(, le scénario ne reprend qu’une partie du roman de 454 pages, adapté, sous la supervision d’Elliott Arnold, dans sa totalité pour la série (Broken Arrow( (1956-1958, 72 épisodes).
La Flèche brisée, en raison de la qualité de la mise en scène de Delmer Daves, de la photographie d’Ernest Palmer, oscarisé en 1942 pour Arènes sanglantes ((Blood and Sand(, Rouben Mamoulian, 1941) et de l’interprétation de James Stewart et de Jeff Chandler, est aussi reconnu comme un des premiers westerns, avec La Porte du diable ((Devil’s Doorway(, Anthony Mann, 1950), rompant avec la tradition de représenter les Indiens comme les ennemis à éradiquer, illustrée par la célèbre phrase attribuée (probablement à tort) au général George Armstrong Custer, l’auteur, en 1876, du massacre de Little Bighorn : « Un bon Indien est un Indien mort. » Delmer Daves a passé plusieurs mois en compagnie des Apaches pour découvrir leurs coutumes et leur culture et les convaincre de figurer dans le film.
Delmer Daves, auteur d’une cinquantaine de scénarios, réalisa en 1943 son premier film, Destination Tokyo. Les Passagers de la nuit ((Dark Passage(), avec Humphrey Bogart et Lauren Bacall en tête d’affiche, lui valut une réputation internationale en 1947 que consolideront notamment deux remarquables westerns, 3H10 pour Yuma ((3:10 to Yuma(, 1957) et La Colline des potences ((The Hanging Tree(, 1959).
Le choix des lieux de tournage, là où s’est déroulée l’histoire, en Arizona, dans le Sonoran Desert et les environs de Tucson, et la participation d’Apaches ajoutent à l’authenticité de La Flèche brisée, avec des scènes de danses et chants rituels dans le village où Cochise avait installé sa place forte.
La Flèche brisée reste un western d’anthologie : sa réédition s’imposait.
La Flèche brisée (93 minutes) et ses suppléments (38 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 (une réédition du Blu-ray sorti en avril 2012) et un DVD-9 (avec le même contenu) logés dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un fourreau.
Le menu animé et musical offre le choix entre version originale, avec sous-titres optionnels, et doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.
Les deux bonus sont repris de l’édition sortie par Sidonis Calysta en avril 2012.
(Présentation du film par Bertrand Tavernier( (16’). Le scénariste Albert Maltz (La Route des ténèbres /(Pride of the Marines(, 1945) a changé l’idéologie du western, modifié le regard sur les Indiens, en y apportant tendresse et sentiment avec le personnage de Sonseeahray, la jeune femme dont Tom tombe amoureux. (La Flèche brisée( a aussi, avec Winchester 73, réalisé la même année par Anthony Mann, donné de James Stewart une image moins lisse que les films précédents.
(Présentation du film par Patrick Brion( (22’). Après avoir été un genre populaire au temps du muet, le western a pris ses lettres de noblesse, notamment avec trois films sortis en 1939, La Chevauchée fantastique ((Stagecoach(, John Ford), Pacific Express ((Union Pacific(, Cecil B. DeMille) et Le Brigand bien-aimé ((Jesse James(, Henry King et Irving Cummings). Le choix, critiqué par certains, de Jeff Chandler pour incarner Cochise, était pleinement justifié : confier le rôle à un acteur moins connu face à James Stewart n’aurait pas placé les deux personnages à rang égal. Delmer Daves finira par quitter le western pour réaliser plusieurs drames mettant en avant la jeunesse après Ils n’ont que vingt ans… ((A Summer Place(, 1959).
L’image (1.33:1, 1080p, AVC) a bénéficié d’une restauration soigneuse qui a fait disparaître pratiquement toutes les taches ou griffures, assuré une bonne stabilité et réduit le bruit en dépassant occasionnellement la ligne jaune du lissage excessif. Les couleurs ravivées sont, dans l’ensemble, légèrement moins saturées que celles du Technicolor de l’époque avec un étalonnage qui a laissé passer quelques visages grisâtres, par exemple celui de Sonseeahray à 65’52” ou celui de Cochise à 73’33”.
D’autre part, une image fantôme verte en bordure des parties sombres sur fond clair, la marque d’une superposition décalée des trois pellicules des premiers films en Technicolor, plus visible dans les plans larges, apparaît occasionnellement, sans être trop gênante. Un défaut attaché à la source, difficile à corriger.
Le son DTS-HD Master audio 1.0 de la version originale est lui aussi très propre, avec un souffle à peine perceptible. Les dialogues sont clairement rendus et une dynamique suffisante profite, sans distorsions ni saturations, à l’accompagnement musical de Hugo Friedhofer, dirigé par Alfred Newman, compositeur aux neuf (Oscars(.
Le doublage en français, très acceptable, place les dialogues un peu trop en avant, avec un timbre pauvre en graves.
Crédits images : © Sidonis Calysta