Patrick Melrose - Intégrale (2018) : le test complet du Blu-ray

De la difficulté de grandir après une enfance malheureuse… et une grande performance d’acteur pour Benedict Cumberbatch. À ne pas manquer !

Patrick Melrose est à Londres, manifestement sous l’emprise d’une dose fraîchement injectée de cocaïne, quand il apprend de Nicholas, un vieil ami de la famille, la mort de son père, survenue la veille, à New York. « Un terrible choc », dit-il à son interlocuteur avant que la triste nouvelle de déclenche un large sourire. Un flashback accompagné par la chanson de Cat Stevens, Oh baby, baby it’s a wild world, va esquisser un début d’explication à cette étrange réaction…

Patrick Melrose, une minisérie produite et diffusée par Showtime, en association avec Sky, est une adaptation d’une suite de cinq romans quasi-autobiographiques d’Edward St. Aubyn, un aristocrate britannique, né en 1960. Interrogé à Londres en 2012, il avouait « Patrick (Melrose) is a heightened and intensified version of a real person, the alter ego who is the carrier of quite a lot of my faults. » (Patrick la version idéalisée et intensifiée d’une personne réelle, un autre moi-même porteur de beaucoup de mes défauts).

Le scénario, reprenant la trame des cinq ouvrages, un par épisode, est l’oeuvre de David Nicholls, à qui l’on doit deux belles adaptations de Thomas Hardy, Tess d’Urberville (Tess of the D’Urbervilles, réalisée par David Blair en 2015) et Loin de la foule déchaînée (Far from the Madding Crowd, réalisée par Thomas Vinterberg en 2015), mais aussi l’adaptation d’un de ses romans, Un jour (One Day, Lone Scherfig, 2011) et du roman de Charles Dickens, Great Expectations, réalisée par Mike Newell en 2012 (édité sur Blu-ray et DVD au Royaume Uni).

Patrick Melrose suit le personnage depuis son enfance (de nombreux flashbacks nous ramènent au temps de ses huit ans, dans la maison de vacances du sud de la France) jusqu’en 2005, à Londres, où il est marié et père de deux jeunes garçons.

La minisérie accroche le spectateur tout au long de ses cinq épisodes de près d’une heure chacun, grâce à de nombreux atouts. Tout d’abord, mise en valeur par la qualité des dialogues, l’étrangeté de son personnage principal, oisif, dépressif, alcoolique, accro à la cocaïne, à l’héroïne, au Valium… Mais, aussi, cultivé, enclin à l’humour noir, un esprit libre portant un regard plutôt cruel sur l’aristocratie britannique (Patrick voit les aristocrates comme « les derniers communistes », persuadés que la classe sociale est la seule chose qui compte et la princesse Margaret est sérieusement égratignée), hanté par les souvenirs d’une enfance cauchemardesque, souffrant de son engluement dans les paradis artificiels et de ses difficultés à rendre sa famille heureuse.

Patrick Melrose doit aussi beaucoup à l’interprétation de Benedict Cumberbatch qui lui a valu un BAFTA Awards du meilleur acteur principal en 2019. Il confirme, encore une fois, l’étendue de son talent après Parade’s End (Susanna White, 2012), Imitation Game (Morten Tyldum, 2014), son interprétation de Richard III dans The Hollow Crown, en 2016, et de Sherlock Holmes dans la remarquable série Sherlock, créée par Mark Gatiss et Steven Moffat (2011-2017, 15 épisodes).

Patrick Melrose rassemble un excellent groupe d’acteurs autour de Benedict Cumberbatch, dont Jennifer Jason Leigh dans le rôle de la mère de Patrick, Jessica Raine, l’actrice principale des trois premières saisons de la série Call the Midwife (créée par Heidi Thomas en 2012, 10 saisons à ce jour), Pip Torrens (The Heavy Water War, Versailles, The Crown, [PROGRAM(preacher)]), et Hugo Weaving, l’Elrod de la saga Le Seigneur des anneaux, et l’agent Smith de la trilogie Matrix, terrifiant dans son interprétation du père de Patrick.

Tous les épisodes out été dirigés par l’Allemand Edward Berger, réalisateur de trois des cinq épisodes de l’intéressante minisérie Deutschland 83/86/89, avec le chef opérateur James Friend, salué en 2017 pour la photographie de Rillington Place, la minisérie qui développe le scénario de l’inoubliable film de Richard Fleischer, L’Étrangleur de Rillington Place (10 Rillington Place, 1971).

Patrick Melrose (292 minutes) tient sur deux Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier standard.

Le menu animé et musical propose la minisérie sa version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Espace découverte Koba Films avec de courts extraits de quatre séries ou miniséries : SS-GB, Sous influence (Apple Tree Yard), Un inspecteur vous demande (An Inspector Calls) et Victoria.

L’image, 2.10:1, 1080p, AVC (la jaquette indique, à tort, un ratio de 1.78:1 et un balayage 1080i entrelacé, alors qu’il est de 1080p, progressif) est bien définie, bien contrastées, avec des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées.

Le son DTS-HD Master Audio ou 2.0 stéréo de la version originale bénéficie d’une bonne séparation des deux voies. Elle réussit, avec un décodage PLIIx, à créer une sensation d’immersion dans l’action efficace, en dépit de quelques incohérences. On aurait apprécié un format 5.1.

Ce constat vaut pour le doublage en français qui place les dialogues un peu trop en avant.

Crédits images : © Sky UK Ltd