Cérémonie sanglante (1973) : le test complet du Blu-ray

Ceremonia sangrienta

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Jorge Grau
Avec Lucia Bosé, Espartaco Santoni et Ewa Aulin

Édité par Artus Films

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Le 12/07/2019
Critique

Film d’épouvante espagnol rare et soigné sur la célèbre comtesse sanglante : Elisabeth Bathory.

La Cérémonie sanglante

Cérémonie sanglante (Esp.-Ital. 1973) de Jorge Grau est rare car il était inédit au cinéma en France.

Pourtant son sujet était porteur puisqu’il surfait sur l’histoire légendaire de la comtesse hongroise Elisabeth Bathory (1560-1614) qui avait déjà inspiré des titres aussi divers que Les Vampires (I Vampiri, Ital.-Fr. 1956) de Riccardo Freda, Comtesse Dracula (GB 1970 Hammer film) de Peter Sasdy qui demeure la version classique, La Furie des vampires (La Noche de Walpurgis, Esp.-RFA 1970) de Leon Klimovsky, Les lèvres rouges (Belg. 1970) de Harry Kümel.

L’action de Cérémonie sanglante, située en Europe centrale en 1807, est construite et découpée d’une manière assez complexe, car elle réunit deux lignes dramatiques distinctes : une scrupuleuse reconstitution historique des procès criminels historiques contre les vampires et la possession autant psychologique que sociologique d’une descendante de la comtesse Bathory par l’âme de son ancêtre. Ces deux éléments sont reliés au moyen d’un troisième : les crimes d’un noble, vrai pourvoyeur mais faux vampire : cet aspect de l’intrigue me semble une fausse bonne idée, plaquée et artificielle, en dépit de son incarnation par un acteur honorable. S’y ajoutent enfin quelques emprunts à des films antérieurs, par exemple la torture de la vieille conseillère de la comtesse, directement héritée d’une séquence de La Marque du diable (RFA 1970) de Michael Armstrong.

La mise en scène de Grau oscille entre réalisme et baroque : elle est parfois sophistiquée car elle apprécie les mouvements compliqués d’appareil, ainsi que les dispositifs optiques raffinés. Les procès de vampire, avec leur absurde formalisme, sont filmés syntaxiquement d’une manière classique mais ils inondés par une lumière crue qui distille insidieusement un malaise surréaliste. Lucia Bosé interprète bien le rôle féminin prestigieux de la comtesse, déjà tenu par les belles Gianna-Maria Canale (1956), Ingrid Pitt (1970), Delphine Seyrig (1970), Patty Shepard (1970) avant d’être bientôt rejointes par Paloma Picasso (1974) puis Julie Delpy (2009)… et encore d’autres car l’histoire de la comtesse Bathory inspire régulièrement le cinéma fantastique international.

La Cérémonie sanglante

Présentation - 5,0 / 5

1 mediabook collector Artus, édité le 04 juin 2019, contenant 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B + 1 livret illustré de 64 pages. Durée du film : 88 min. environ. Format 1.66 original respecté, en couleurs et compatible 16/9. Full HD sur le Blu-ray. VOSTF DTS-HD Master Audio mono 2.0. Suppléments : présentation par Alain Petit, scènes additionnelles, diaporama affiches et photos, film-annonce. Jolies sérigraphies noires, blanches et rouges sur les 2 disques et illustration sophistiquée dans les mêmes dominantes sur le boîtier : bel objet esthétique. Le menu (sur les 2 disques) débute de la même manière : quelques images de trois films fantastiques édités récemment par Artus puis le menu principal s’ouvre sur une photo (reprise dans le livret à la page 33).

Le livret La Comtesse et les vierges de Didier Lefèvre, revient sur l’histoire et la légende de la comtesse, son rapport mythologique au vampirisme (des mythes antiques indo-européens sont succinctement convoqués) et son influence sur la littérature (Sheridan Le Fanu, Bram Stoker) et le cinéma fantastique. Il site le titre de Grau dans l’histoire du cinéma fantastique, puis analyse les divers aspects du titre, sans oublier de précises fiches bio-filmographiques (bonne remarque sur l’année 1947 concernant Lucia Bosé élue Miss Italie avec comme dauphines Gianna-Maria Canale et Gina Lollobrigida), des remarques historiques sur les producteurs, une fiche technique complète détaillée, des reproductions de couvertures de fanzines français (Médusa Fanzine n°21 et Ciné-Zine-Zone n°110) et des extraits de critiques parues dedans. Ensemble sympathique à quelques détails près discutables (un titre du cinéaste Giulio Questi qualifié de « soporifique » page 50) et belles illustrations bien mises en page : magnifique affiche pleine page belge de Et mourir de plaisir (Fr.-Ital. 1960) de Roger Vadim (à quand une réédition collector chez nous en Technicolor et Technirama 2.35 respecté, soit dit en passant ? Vadim fut un grand plasticien du cinéma français y compris de sa section fantastique… ), photos italiennes vivement colorées de Cérémonie sanglante, une mignonne photo d’Ingrid Pitt page 59 non créditée (provenant en réalité de The Vampire Lovers de Roy Ward Baker et non pas du Comtesse Dracula de Peter Sasdy) sans oublier la jolie photo couleur de plateau utilisée pour le menu principal (page 33) montrant la tête coupée du vampire, présentée par un menaçant bourreau entouré de torches. On l’avait déjà vue (ou une très proche plastiquement, vue aussi sur un fragment de photo italienne) dans l’édition française d’un Creepy ou d’un Vampirella.

La Cérémonie sanglante

Bonus - 5,0 / 5

Film-annonce (16/9 environ 1 min.) : c’est la bande-annonce, bien montée et impressionnante, italienne mais on ne s’en rend compte que dans ses derniers plans, en raison de la mention du titre italien d’exploitation sur l’image, car elle est sans dialogues mais avec musique et effets sonores. Format large original respecté mais état argentique médiocre et état vidéo médiocre aussi.

Scènes alternatives (VASTFinlandais, environ 15 min.) : il s’agit des versions (légèrement ou plus franchement) déshabillées de 5 ou 6 séquences, y compris celle avec Lucia Bosé nue et sanglante dont la photographie stylisée noire, blanche et rouge orne le boîtier. Elles proviennent d’une source (probablement magnétique VHS) elle-même mastérisée à partir d’une copie en état argentique assez médiocre, en anglais sous-titré en finlandais ! Savoureux document d’histoire du cinéma-bis !

Diaporama : une vingtaine de documents (4 ou 5 affiches de nationalités variées et une quinzaine de photos d’exploitation et de plateau) comprenant notamment une dizaine de belles photos couleurs italiennes d’exploitation, ces dernières très bien reproduites et occupant toute la surface d’un écran 16/9. Aucun jeu français d’exploitation à regretter puisque le titre fut inédit chez nous.

Le Château de sang (2019, 20 min. environ) : présentation par Alain Petit qui brosse l’histoire du thème dans le cinéma fantastique moderne et contemporain de 1970 à nos jours : excellente synthèse mais un seul point de désaccord : j’aime beaucoup, contrairement à Petit, le Hammer film Comtesse Dracula. Il examine ensuite succinctement mais clairement le rapport entre l’histoire réelle et la légende de la comtesse, les filmographies du cinéaste Jorge Grau (1930-2018) qui est aussi l’auteur de Le Massacre des morts vivants (No profanar el sueno de los muertos, Esp.-Ital. 1974), des vedettes féminines Lucia Bosé (actrice qui, entre 1950 et 1975, aura tourné pour des cinéastes aussi classiques et divers que Michelangelo Antonioni, Luis Bunuel, Juan Antonio Bardem, Mauro Bolognini) et Ewa Aulin, de l’acteur vénézuélien Espartaco Santoni. Ensemble utile, sympathique et pas trop long : le bon calibre, à mon avis, pour de telles présentations, surtout lorsqu’un livret détaillé les complète, comme c’est le cas ici.

Ensemble riche qui, ajouté au livret joliment illustré, permet d’accorder sans difficulté la note maximale.

Image - 5,0 / 5

Format original 1.66 compatible 16/9 couleurs Full HD. Copie argentique parfaitement restaurée et bon transfert numérique Full HD, restituant la fraîcheur des couleurs, aux dominantes (inévitablement) rouges. Lissage vidéo et réducteur de bruit ont certes diminué le grain mais ils obtiennent une telle précision qu’il ne faut pas se plaindre : l’ensemble est assez équilibré. Qu’on compare cette image avec les anciens matériels magnétiques aperçus dans les suppléments : on comprendra aisément qu’on revient d’assez loin, concernant la restitution technique de la qualité originale et que c’est désormais l’édition de référence sur le plan technique qu’on a entre les mains.

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio mono 2.0 en VOSTF : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone puisqu’il n’a jamais existé de VF, pour cause d’absence de distribution cinéma chez nous. Report techniquement soigné, excellent équilibrage dialogues-musique-effets sonores, restituant impeccablement la piste sonore espagnole originale d’époque. Musique inspirée et originale, assez baroque, signée Carlo Savina, grand orchestrateur et compositeur du cinéma italien des années 1950-1970.

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

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francis moury
Le 13 juillet 2019
Film d’épouvante espagnol inédit au cinéma en France, inspiré par la comtesse sanglante Elisabeth Bathory.

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