Le Retour de Ringo (1965) : le test complet du Blu-ray

Ritorno di Ringo, Il

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Duccio Tessari
Avec Giuliano Gemma, Fernando Sancho et George Martin

Édité par Artus Films

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Le 12/07/2019
Critique

Un classique de l’âge d’or du western italien, au scénario inspiré par Homère.

Le Retour de Ringo

USA, 1865, près de la frontière mexicaine, deux mois après la fin de la guerre de Sécession. De retour vers sa ville natale de Mimbres, le soldat démobilisé Montgomery Brown (dit « Ringo ») apprend qu’elle est, depuis qu’on y a découvert de l’or, tombée sous la coupe de bandits mexicains qui oppriment ses habitants américains. Ringo y retourne incognito et constate qu’ils se sont emparés de son domaine, ont organisé ses fausses funérailles et séquestrent sa famille. Dieu pourrait pardonner… mais pas lui.

Considéré en général comme supérieur à Un Pistolet pour Ringo (Ital-Esp 1965) de Duccio Tessari qui introduisait le personnage, Le Retour de Ringo (Ital.-Esp. 1965) du même Duccio Tessari s’inspire ouvertement de l’épisode du retour d’Ulysse à Ithaque à la fin de l’Odyssée d’Homère. Du point de vue de l’histoire du cinéma, alors que Un Pistolet pour Ringo pouvait être considéré comme une relecture en western du film noir policier La Maison des otages (Desperate Hours, USA 1955) de William Wyler, Le Retour de Ringo peut être considéré comme une relecture western de la dernière partie du péplum Ulysse (Ital. 1954) de Mario Camerini, transposée dans les décors sauvages de l’Espagne et dans les studios barcelonais du coproducteur espagnol Alfonso Balcazar. L’acteur Giuliano Gemma, lui aussi porté par la puissance homérique du sujet, confère au héros qu’il incarne pour la seconde fois une densité et une profondeur accrues. Le scénario, co-écrit par les cinéastes Tessari et Fernando di Leo, flirte non seulement avec le lyrisme et le baroque mais à plusieurs reprises avec le fantastique. Tessari (1926-1994) ne fut certes pas un auteur personnel mais il contribua très brillamment, de 1960 à 1975, aux âges d’or du péplum parlant italien (surtout comme scénariste), du western italien (avec ses deux « Ringo »), du film noir policier violent italien (son chef-d’oeuvre Big Guns (Les Grands Fusils) (Tony Arzenta-Big Guns, Ital. 1972 dont le découpage est époustouflant d’un bout à l’autre et au casting extraordinaire).

Sa mise en scène allie la sécheresse au lyrisme et au baroque avec une constante sûreté formelle et un sens consommé des effets. Certaines idées plastiques (souvent fulgurantes) de Tessari seront d’ailleurs reprises par la suite par certains de ses collègues. Qu’on songe par exemple au si plastiquement beau Et le vent apporta la violence (E Dio disse a Caino…, Ital.-RFA 1969) d’Antonio Margheriti. Le Retour de Ringo a donc au total une ampleur thématique supérieure à celle de Un Pistolet pour Ringo dont il prolonge naturellement la virtuosité plastique : il faudrait d’ailleurs songer à les réunir un jour en coffret.

Le Retour de Ringo

Présentation - 5,0 / 5

1 mediabook collector édité par Artus le 04 juin 2019, contenant 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B + 1 livret illustré de 64 pages. Format 2.35 original respecté, compatible 16/9 en Eastmancolor. Full HD sur le Blu-ray. VOSTF italienne mono + VF d’époque mono en DTS-HD Master Audio 2.0. Suppléments : présentation par Curd Ridel, entretiens avec le chef-opérateur Sergio d’Offizi et l’actrice Lorella de Luca, diaporama affiches et photos, film-annonce. Le menu s’ouvre sur quelques extraits de westerns italiens édités par Artus puis le menu principal s’ouvre. Seul le Blu-ray a été testé.

Le livret Les Grandes tragégies dans le western européen, sous la direction de Lionel Grenier avec la participation de Gilles Vannier, Guillaume Flouret, Vincent Jourdan, examine les westerns européens (et américains lorsque la filiation thématique le nécessite) directement influencés par la littérature antique grecque et romaine, la tragédie moderne anglaise (William Shakespeare), française (Jean Racine et Pierre Corneille), espagnole (Miguel de Cervantès). Sympathique et utile éclairage littéraire du genre. Une filmographie des titres cités (westerns européens, westerns américains et films d’autre genre) complète l’ensemble : louable précision mais la mention des nationalités en est absente et il aurait peut-être fallu rajouter un index des correspondances titres cités - pages du livret. Concernant l’illustration, elle est riche : une dizaine de photos françaises d’exploitation du Retour de Ringo bien reproduites mais trop petites à mon goût (sauf une occupant une demi-page environ à la page 29). Nombreuses affiches originales reproduites heureusement un peu plus grandes mais trop rarement sur une pleine page (sauf page 37 une belle affiche pleine page de Le Dernier des salauds).

Le Retour de Ringo

Bonus - 5,0 / 5

Film-annonce (VO, environ 3 min.) : c’est la bande-annonce américaine d’origine, en état vidéo et argentique médiocre mais intéressante pour l’identification historique car on peut y voir les noms et/ou les pseudonymes inscrits sur le visage des acteurs lorsqu’ils apparaissent à l’écran.

Diaporama : environ une dizaine d’affiches et de photos, N&B et couleurs. Assez maigre concernant les photos mais on peut la compléter en contemplant le précieux jeu français d’exploitation reproduit (hélas en trop petite taille, sauf une image) dans le livret.

L’Odyssée de Ringo (2019, VOSTF, 25 min. environ) réalisé par Federico Caddei : entretiens croisés au montage avec Sergio d’Offizi et Lorella de Luca. D’Offizi était le chef-opérateur italien qui assistait le directeur photo espagnol Francisco Marin dans le cadre de cette co-production où les techniciens et acteurs devaient être répartis à 50%/50% entre l’Italie et l’Espagne. L’actrice Lorella de Luca (1940-2014) est l’une des deux vedettes féminines du film et elle était la veuve du cinéaste Duccio Tessari. Intéressant, bien monté, bien illustré, bien sous-titré. On peut y voir une photo N&B montrant Duccio Tessari et Fernando di Leo ensemble. Témoignages de première main sur la manière dont Tessari travaillait, sur son amour des lettres antiques grecques et romaines, sur son rapport à Fernando di Leo, sur la manière dont tel plan-séquence fut filmé, sur la belle actrice espagnole Nieves Navarro (alias « Susan Scott » sur de nombreux génériques italiens), sur l’acteur Giulano Gemma et sur les seconds rôles espagnols, tous excellents à commencer par Jorge Martin et Fernando Sancho.

Présentation par Curd Ridel (2019, VF, 13 min. environ) : Ridel résume succinctement mais très précisément la genèse du film, la carrière de Tessari dans le cinéma-bis italien, commente en connaisseur passionné la filmographie des acteurs principaux. Ridel précise que Tessari tient le rôle du « pistolero » à la boucle d’oreille. Il précise aussi un fait un peu oublié aujourd’hui : Giulano Gemma fut, avec Alain Delon, l’acteur occidental le plus populaire au Japon durant les années 1960. Bref, celui qui écoute cette présentation en saura, en moins de 15 minutes, beaucoup sur le cinéma-bis italien.

Ensemble complétant très bien les bonus déjà sympathiques (on se souvient notamment de l’entretien avec Vera Gemma, la fille de Giuliano Gemma) de l’ancienne édition DVD Seven 7 sortie en 2004. Ajoutés au livret, ils permettent d’accorder la note maximale.

Le Retour de Ringo

Image - 5,0 / 5

Format original 2.35 compatible 16/9 en Eastmancolor et Full HD. Générique italien original sur les deux versions sonores. Le travail du directeur espagnol de la photo Francisco Marin, assisté du chef-opérateur italien Sergio d’Offizi, est plus excitant que dans le précédent Un Pistolet pour Ringo qui était pourtant déjà très beau plastiquement : les nombreux effets de clairs-obscurs, de contre-jour, de longues focales et de profondeurs de champ sont sophistiqués. Copie argentique restaurée en presque parfait état (juste une toute petite déchirure visible en haut à gauche sur le dernier plan du générique d’ouverture). Excellent transfert numérique en Full HD, équilibré entre respect du grain et lissage vidéo, et magnifiques couleurs, notamment durant les intérieurs, aux éclairages sophistiqués.

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio mono 2.0 en VOSTF italienne et en VF d’époque : offre complète, nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. L’ancien DVD Seven 7 édité chez nous en 2004 ne proposait que la VF d’époque : le progrès apporté par cette édition Artus est donc notable. Musique et belle chanson générique d’ouverture composées par Ennio Morricone : c’est une de ses partitions les plus célèbres auprès des connaisseurs : la piste musique est dynamique, ample, bien reproduite. La VF d’époque est munie d’un rapport correct entre musique/effets sonores/dialogues mais la voix française de Gemma est assez neutre : celle de Jorge Martin (alias « George Martin » au générique) lui convient bien mieux.

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

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francis moury
Le 13 juillet 2019
Un classique de l’âge d’or du western italien, au scénario inspiré par Homère.

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