Schlock (1973) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par John Landis
Avec John Landis, Saul Kahan et Joseph Piantadosi

Édité par Carlotta Films

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Le 22/07/2019
Critique

John Landis a 21 ans quand il tourne son tout premier film en douze jours avec des copains. Une farce qui a résisté à l’épreuve du temps.

Schlock

Une vingtaine de cadavres, certains désarticulés, jonchent la foire de la petite ville californienne de Canyon Valley et s’ajoutent à une longue série de victimes. Un vrai massacre attribué, selon le professeur Shirley Shlibovitz, à un Schlockthropus, le représentant, conservé dans la glace, d’une espèce de gorille éteinte depuis vingt millions d’années. Les peaux de bananes laissées sur les scènes de crime lui ont valu le surnom de « monstre à la banane ». Brutal, il n’est pas pour autant dénué de sentiments : il n’a pu résister pas aux charmes de Mindy, une jeune aveugle qui le prend pour un chien. Le Detective sergeant Wino, chef de la police locale, conduit la traque du monstre…

John Landis, entré par la petite porte dans l’univers du cinéma, avait 21 ans et un budget de 60 000 dollars quand il tourna, en douze jours, Schlock, son premier film, une parodie irrévérencieuse à l’esprit potache. Sa distribution attendra deux ans, mais lui permettra de réaliser, dans la même veine, Hamburger Film Sandwich (The Kentucky Fried Movie, sorti en 1977) puis, l’année suivante, American College (Animal House). Trois films qui le firent sortir de l’ombre, jusqu’à ce que The Blues Brothers (1980) et Le Loup-garou de Londres (An American Werewolf in London, 1981) assurent sa réputation sur toute la planète.

Schlock annonce la couleur dès le générique en forme de bande-annonce, avec l’accompagnement musical dramatique des premières mesures du poème symphonique de Richard Strauss Also spracht Zarathustra : « Après Naissance d’une nation, puis Autant en emporte le vent, 2001 : l’odyssée de l’espace, Love Story, maintenant… SCHLOCK ! »

Schlock

Un lent panoramique sur des cadavres ouvre le film avec les commentaires emphatiques du reporter d’une chaîne de télévision. Il montre trois sacs en plastique, renfermant des parties de corps démembrés, dont dépassent un bras et une jambe et annonce : « un dîner dans un Kentucky Fried Chicken et du Coca pour huit récompenseront le premier téléspectateur qui devinera combien de cadavres contiennent les sacs. »

Schlock affiche, en tête de distribution… Le Schlockthropus !… qui n’est autre que John Landis, le chaînon manquant dissimulé sous une épaisse combinaison velue, le visage et les mains cachés sous des moulages de latex noir dessinés par Rick Baker, encore tout au début de sa carrière, avant qu’il ne devienne une des stars du maquillage avec, notamment, Men in Black, Le Grinch, La Planète des singes, Hellboy, X-Men, Maléfique… et ne glane une impressionnante moisson de sept Oscars.

Le reste du casting est essentiellement composé d’acteurs occasionnels, à quelques exceptions près : Harriet Medin s’était fait connaître, sous le pseudonyme d’Harriet White, dans deux films de Riccardo Freda, L’Effroyable secret du docteur Hichcock (L’Orribile segreto del Dr. Hichcock, 1962) et Le Spectre du professeur Hichcock (Lo Spettro, 1963) et dans trois films de Mario Bava, Les Trois visages de la peur (I Tre volti della paura, 1963), Le Corps et le fouet (La Frusta e il corpo, 1963) et Six femmes pour l’assassin (6 donne per l’assassino, 1964). Ce fut la première apparition devant la caméra, dans le rôle de Mindy, d’Eliza Garrett/Eliza Roberts, la future épouse d’Eric Roberts, qu’on reverra, notamment, dans Bad Company (The Nature of the Beast, Victor Salva, 1995) et dans de nombreuses séries.

Schlock, servi par la photographie de Robert E. Collins (Primetime Emmy pour le pilote de Miami Vice (Deux flics à Miami) (Série)), fait défiler une galerie de personnages farfelus : des flics à l’air absent, la bouche ouverte, un professeur Shlibovitz semblant venir d’une autre planète : interrogé sur la nature de la bête, il revient 2,5 milliards d’années en arrière pour raconter l’évolution de la vie sur notre planète… Un mauvais goût recherché, des gags visuels plutôt bien amenés, des clins d’oeil à d’autres films soulignant la boulimie cinématographique du jeune réalisateur… sont les ingrédients d’un divertissement sans prétentions, mais suffisamment efficace.

Schlock

Présentation - 4,0 / 5

Schlock (79 minutes) et ses suppléments (53’), sans compter le commentaire audio, tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical offre le choix entre version originale, avec sous-titres optionnels, et doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 3,0 / 5

Commentaire audio par John Landis et Rick Baker, enregistré en 2001, en anglais avec sous-titres. Réalisateur et créateur des maquillages ne sont pas avares d’anecdotes sur le tournage à Canyon Valley, en fin d’été, sous une chaleur étouffante…

Les autres bonus sont repris de l’édition allemande Turbine Medien GmbH, sortie en avril 2018 :

Introduction de John Landis (30”) : « I’m John Landis and you are about to watch Schlock… I am sorry! »

La naissance de Schlock (41’, un entretien de John Landis avec Christian Bartsch et Wolf Janhke, Turbine Media Group, 2017). Le 7ème Voyage de Sinbad qu’il a vu encore enfant lui a donné l’envie de devenir réalisateur. En des temps où certaines salles projetaient trois films pour un dollar, il a apprécié les films d’horreur européens, particulièrement les gialli et Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre, Tobe Hooper, 1974). Il a quitté le lycée à 17 ans pour des petits boulots à Hollywood où il a pu se faire embaucher comme assistant pour le tournage de La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade, Tony Richardson, 1968) et L’Or se barre (The Italian Job, Peter Collinson, 1969). C’est en voyant un navet, L’Abominable homme des cavernes (Trog, Freddie Francis, 1970), le dernier film de Joan Crawford, que lui est venue l’idée de Schlock. Le film a pu enfin sortir avec le soutien de Video Systems, la société de distribution créée par David Zucker…

I Shot Schlock (7’, 1.33:1, Cynedine, 2000), un schlockumentary avec les souvenirs de Bob Collins, chef opérateur (il tient le petit rôle du barman à la fin du film). Ami de John Landis qu’il avait rencontré à 19 ans, il aimait dire : « Mon réalisateur est un singe » et se souvient des conditions de tournage éprouvantes, en pleine canicule…

Trailers from hell (3’). « Hello, I’m Klaus Kinski » dit John Landis. Il ajoute que le film est mauvais et porte bien son nom. Le producteur élabora une bande-annonce, encore pire que l’originale, et rebaptisa le film The Banana Monster.

Spots radio (2’).

Bandes-annonces de 1972, 1979 et 1982.

Schlock

Image - 4,0 / 5

L’image (1.78:1, 1080p, AVC), d’une bonne résolution, a bénéficié d’une restauration qui l’a débarrassée de toutes les marques du temps, en préservant le grain argentique. Les couleurs ravivées, agréablement saturées, ont été, dans l’ensemble, correctement étalonnées.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master audio 1.0 de la version originale est propre mais manque un peu de dynamique avec des dialogues occasionnellement étouffés.

Le doublage en français place un peu trop en avant les dialogues qui manquent de naturel.

Crédits images : © Carlotta Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 24 juillet 2019
Un mauvais goût recherché, des gags visuels plutôt bien amenés, des clins d’œil à d’autres films soulignant la boulimie cinématographique du jeune réalisateur… sont les ingrédients d’un divertissement sans prétentions, mais suffisamment efficace.

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Multimédia
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