Le Château de la terreur (1951) : le test complet du Blu-ray

The Strange Door

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Joseph Pevney
Avec Charles Laughton, Boris Karloff et Sally Forrest

Édité par Elephant Films

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Le 29/07/2019
Critique

Un film alliant la terreur gothique à l’aventure, adapté de Robert Louis Stevenson.

Le Château de la terreur

Le Château de la terreur (The Strange Door, USA 1951) de Joseph Pevney est un film d’aventures flirtant avec le fantastique et la terreur, adapté d’une nouvelle de Robert Louis Stevenson, La Porte du Sire de Maletroit (The Sire de Maletroit’s Door) publiée en 1877 ou 1878 puis reprise dans son recueil Les Nouvelles Mille et une nuits (1882).

L’action de la nouvelle se passait au moyen âge mais les scénaristes de la Universal International Pictures l’ont transposée au dix-huitième siècle. Il en subsiste cependant des fragments pour le coup réellement gothiques sur le plan esthétique : douves, prisons souterraines, supplice surréaliste de la chambre aux murs progressivement refermés par une hallucinante machinerie crantée. La publicité Universal de 1951 insistait d’ailleurs sur le fait qu’il s’agissait de la chambre des tortures la plus complète et la plus épouvantable jamais filmée au cinéma. Tout cela n’aurait pas dépareillé dans un roman noir gothique d’Ann Radcliffe. Du dix-huitième siècle, outre les costumes et le reste de la direction artistique assez soignée, l’acteur Charles Laughton restitue l’esprit du marquis de Sade (plutôt que celui d’Henry VIII dont Pevney lui conseilla de s’inspirer car Laughton l’avait autrefois incarné au cinéma) en composant un noble tortionnaire servi par des domestiques criminels parfois équivoques. Ils inspireront peut-être certains Hammer signés Terence Fisher ou John Gilling dix ans plus tard mais le cinéaste Joseph Pevney n’est cependant ni Fisher ni Gilling ni un auteur au sens critique du terme. C’est, en revanche, assurément un bon technicien (ses réalisations pour la série TV Alfred Hitchcock présente en sont aussi la preuve) et l’ensemble est plastiquement beau. Boris Karloff est assez mal employé sur le plan dramaturgique : son rôle de fidèle serviteur est quelconque, même s’il le tient bien, comme d’habitude. C’est la faute du scénario, pas celle de Pevney qui n’avait pas son mot à dire.

Le Château de la terreur

Reste que, sur le plan historique, une telle production opère la jonction entre des titres Universal des années 1930 oscillant eux aussi entre le film d’aventures historiques et la terreur fantastique, par exemple La Tour de Londres (USA 1939) de Rowland V. Lee, et certaines autres des années 1950 telles que Le Mystère du château noir (The Black Castle) de Nathan Juran, Le Château des amants maudits (Beatrice Cenci, 1956) de Riccardo Freda, voire même des années 1960 telles que Les Chevaliers du démon (The Hell Fire Club, GB 1961) de Robert S. Baker et Monty N. Berman ou bien encore The Black Torment (Le spectre maudit) (GB 1964) de Robert Hartford-Davis. La vision de ce titre est donc indispensable à une bonne connaissance de l’histoire du cinéma d’aventures et à celle de l’histoire du cinéma fantastique.

Le Château de la terreur

Présentation - 5,0 / 5

1 Combo Blu-ray 25 + DVD-9, édité par Eléphant Films le 25 juin 2019. Image N&B Full HD (sur Blu-ray) au format 1.37 compatible 16/9, 1080p AVC. Son VOSTF en DTS-HD Master Audio 2.0. Durée du film 81 min. environ. Suppléments : présentation par Eddy Moine, bandes-annonces, galerie photos, jaquette réversible avec affiche originale.

Bonus - 5,0 / 5

Présentation du film par Eddy Moine (2019, durée 20 min. environ) : elle situe correctement le titre dans l’histoire de la production fantastique et para-fantastique du studio Universal (le diptyque thématique et plastique formé avec Le Mystère du château noir (The Black Castle, USA 1952) de Nathan Juran, également avec Boris Karloff et Michael Pate, est bien expliqué); elle examine sa genèse et son tournage, sa place dans la filmographie des acteurs principaux, sa réception critique. L’ensemble est bien monté et l’illustration est riche mais je regrette que, concernant l’acteur Michael Pate, l’affiche de Dans les griffes du vampire (Curse of the Undead, USA 1959) de Edward Dein n’ait pas été cadrée intégralement : on n’en voit qu’un fragment, ce qui est dommage car elle a certainement inspiré l’affiche américaine de Les Trois visages de la peur (Ital.-Fr. 1963) de Mario Bava. Moine ne dit rien, si ma mémoire est bonne, concernant l’acteur Alan Napier : il y avait pourtant matière car sa filmographie fut riche.

Le Château de la terreur

Bandes-annonces de films fantastiques édités par Eléphant : on doit les diviser en deux sections, les films-annonces d’époque et ceux montés par Eléphant. A la première catégorie, la seule détenant une valeur historique réelle, appartiennent les BA de Double assassinat dans la rue Morgue (Murders in the Rue Morgue, USA 1931) de Robert Florey en VOSTF, L’Île du docteur Moreau (Island of Lost Souls, USA 1932) de Erle C. Kenton en VOSTF, Night Monster (USA 1942, inédit au cinéma en France) de Ford Beebe en VOSTF, L’Homme aux mille visages (USA 1957) de Joseph Pevney en VF d’époque et format 2.35 Scope N&B, très mignonne. Celle des séries Dracula et Frankenstein de la Universal sont de simples présentations de jaquettes par Jean-Pierre Dionnet. Enfin, celles de Le Chat noir (USA 1934) d’Edgar G. Ulmer et de Le Château de la terreur (The Strange Door, USA 1951) de Joseph Pevney ne sont pas les films-annonces originaux mais de simples montages réalisés par Eléphant.

Galerie affiches et photos : une dizaine de photos numérotées de plateau et de photos de tournage N&B.

L’ensemble constitue une bonne édition spéciale, méritant la note maximum dans sa catégorie. Je signale pour les anglophones qu’il existe un commentaire audio (en VO sans STF) de Tom Weaver et quelques autres personnes compétentes, sur l’édition américaine Kino Lorber sortie là-bas en avril 2019. Weaver y lit notamment des extraits d’un entretien que le cinéaste Joseph Pevney lui avait autrefois accordé. On n’y trouve en revanche aucune bande-annonce originale ni aucune galerie photos.

Le Château de la terreur

Image - 5,0 / 5

Format 1.37 N&B compatible 16/9. Copie argentique en parfait état (sauf deux ou trois plans mais ce n’est pas visible sur image mouvante, seulement sur capture) et excellent transfert numérique, aux noirs bien profonds. C’est à présent l’édition de référence en Full HD chez nous.

Son - 5,0 / 5

VOSTF mono DTS-HD MA 2.0 bien reportée et en parfait état technique : dialogues, musique et effets sonores sont très nets et dynamiques. Aucune VF d’époque mais il s’agit d’un Universal d’après-guerre produit pour être directement un double-programme, de la période 1945-1955 et on sait que certains ne furent jamais doublés mais exploités tels quels en VOSTF en France. Il est donc possible que la VF n’ait jamais existé bien que le doute persiste jusqu’à plus ample informé. La voix originale de Charles Laughton est si remarquable qu’il fallait de toute manière privilégier la VOSTF, si on avait eu le choix. Les érudits noteront quelques emprunts par le superviseur Joseph Gershenson à des partitions d’anciens films fantastiques Universal tels que La Maison de Frankenstein (USA 1944) de Erle C. Kenton, La Maison de Dracula (USA 1945) de Erle C. Kenton, She-Wolf of London (USA 1946) de Jean Yarbrought.

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 29 juillet 2019
Un film alliant la terreur gothique à l’aventure, adapté de Robert Louis Stevenson.

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