Portrait de la jeune fille en feu (2019) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Céline Sciamma
Avec Adèle Haenel, Noémie Merlant et Luàna Bajrami

Édité par Pyramide Vidéo

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Le 25/02/2020
Critique

La rencontre de deux jeunes femmes, l’artiste peintre et son modèle, joliment racontée et mise en images par Céline Sciamma.

Portrait de la jeune fille en feu

1770, en Bretagne. Marianne, artiste peintre, arrive de Paris pour faire le portrait de mariage d’Héloïse. Sa mère l’a sortie du couvent pour la marier à un riche Milanais auquel sa soeur, récemment décédée, avait été promise. Rejetant l’idée du mariage, Héloïse avait refusé à un précédent peintre de poser. Marianne, qui lui est présentée comme une dame de compagnie, devra donc la peindre sans qu’elle le sache…

Portrait de la jeune fille en feu est le quatrième long métrage de Céline Sciamma, réalisatrice et scénariste de tous ses films, après Naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles. Un cinéma sur les femmes, créé et joué par des femmes.

Après avoir employé Crystel Fournier pour la photographie des films précédents, la réalisatrice a cette fois choisi Claire Mathon (L’Inconnu du lac) qui apporte une remarquable contribution à la beauté du film.

Portrait de la jeune fille en feu, élégamment écrit, salué au dernier festival de Cannes par un mérité Prix du meilleur scénario, avec deux flashbacks, l’un tout au début du film, l’autre tout à sa fin, retrace la rencontre des deux jeunes femmes, le peintre et son modèle, et l’impact qu’elle va avoir sur l’évolution de leur relation et, au-delà, sur leur évolution personnelle. Les beaux dialogues n’ont qu’on rôle accessoire dans le récit, servi par les cadrages et, aussi, par la pertinence inspirée du montage de Julien Lacheray auquel Céline Sciamma avait déjà fait appel pour tous ses autres films, y compris pour son court métrage, Pauline, en 2010.

Portrait de la jeune fille en feu

Portrait de la jeune fille en feu est le troisième film de Céline Sciamma avec Adèle Haenel qu’elle retrouve après Naissance des pieuvres et Pauline. Lui donne la réplique, Noémie Merlant qu’on avait remarquée en 2016 dans Le Ciel attendra, l’émouvant récit par Marie-Castille Mention-Schaar d’une jeune fille prise dans les filets du djihadisme. Les deux actrices ne tardent pas à démontrer une grande intelligence de leur personnage et à faire ressentir au spectateur une visible complicité.

Portrait de la jeune fille en feu est, avec Tomboy, le film le plus intéressant de Céline Sciamma. Derrière son apparente sobriété, qu’affirme aussi la rareté de la musique, toujours diégétique, avec une mystérieuse mélopée en canon composée par Jean-Baptiste de Laubier et Arthur Simonini, scandée en latin, a cappella, par un choeur de femmes, ce film révèle une science de la mise en scène qui en fait, à ce jour, l’oeuvre la plus achevée de la réalisatrice-scénariste.

Portrait de la jeune fille en feu

Présentation - 3,5 / 5

Portrait de la jeune fille en feu (120 minutes) et ses compléments (45 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier noir, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le choix entre deux formats audio : DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Est simultanément sortie une édition DVD avec le même contenu.

Bonus - 4,5 / 5

Commentaire audio de Céline Sciamma, avec quelques interventions pertinentes de Noémie Merlant et d’Adèle Haenel. Le film s’ouvre sur une toile blanche, « comme un écran de cinéma », sur laquelle une main de femme esquisse quelques courbes au fusain… « un pacte fait avec le spectateur ». La réalisatrice évoque les intentions de mise en scène, justifie les mouvements de caméra, le choix des costumes, des éclairages, le dénuement du décor du grand atelier où a été filmé 80% du métrage, le cadrage en soulignant son lien avec la relation entre les personnages. Elle commente aussi la « chorégraphie des scènes », les raccords, le montage du son pour reproduire le fracas des vagues ou la caresse des brosses sur la toile, les points de bascule du récit, la signification du feu, indique quelques références cinématographiques, etc., etc.

Un vrai modèle du genre, clair, organisé… et sans les coups d’encensoir communément échangés dans ce genre d’exercice !

Rencontre avec le peintre Hélène Lemaire (11’). Dans son atelier, Hélène Lemaire se souvient que Céline Sciamma souhaitait, pour le tableau, un style contemporain plutôt qu’une copie du XVIIème siècle, pour donner plus de vie au portrait. Images à l’appui, l’artiste explique la préparation d’une toile, le choix des pigments et énumère toutes les étapes de la conception d’un tableau. Elle a aussi contribué à la mise en scène en montrant à la réalisatrice les gestes et les regards du peintre.

Séquences de peinture (34’). Sous le fusain et les brosses de l’artiste, quatre documents font progressivement apparaître sur la toile les deux portraits de mariage d’Héloïse, son visage quand elle dort et la scène de l’avortement chez une faiseuse d’anges de Sophie, la servante.

Bandes-annonces du film et de Tomboy.

Portrait de la jeune fille en feu

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), précise, mais d’une texture délicate, lumineuse dans les extérieurs, douce et chaude dans les clairs-obscurs filmés à la lumière de bougie ou d’un feu de bois, est magnifique de bout en bout.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo, bien venue pour les installations non équipées pour le multicanal), lui aussi très soigné, allie puissance dans les extérieurs dominés par le fracas des vagues, et finesse dans l’intimité des dialogues qui font l’essentiel du film. Une utilisation mesurée des voies latérales crée une discrète sensation d’immersion dans l’ambiance feutrée du film, plus spectaculaire dans les quelques scènes d’extérieur.

Le seul petit bémol vise l’intelligibilité des dialogues, très occasionnellement compromise par un manque d’articulation.

Crédits images : © Pyramide Vidéo

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 25 février 2020
Ce film élégant et délicat révèle une science de la mise en scène qui en fait, à ce jour, l’œuvre la plus achevée de Céline Sciamma. Il nous est proposé dans une belle édition, utilement complétée par un passionnant commentaire de la réalisatrice-scénariste.

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