Mikey & Nicky (1976) : le test complet du Blu-ray

Version Restaurée

Réalisé par Elaine May
Avec John Cassavetes, Peter Falk et Ned Beatty

Édité par Potemkine Films

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Le 17/02/2020
Critique

Un film noir à découvrir, pour son originalité et pour la performance de John Cassavetes et Peter Falk dans la peau de deux losers.

Mikey, un petit malfrat, reçoit un appel au secours de Nicky, un ami de longue date, terré dans un hôtel minable : sa tête a été mise à prix par Dave Resnick, un mafieux de Philadelphie qui lui reproche le détournement de quelques milliers de dollars…

Mikey & Nicky (Mikey and Nicky), sorti en 1976, est le troisième long métrage réalisé par Elaine May, plus connue en tant que coscénariste de Le Ciel peut attendre (Heaven Can Wait, Warren Beatty, Buck Henry, 1976), de Tootsie (Sydney Pollack, 1982) et de Birdcage (The Birdcage, Mike Nichols, 1996), le remake de La Cage aux folles (Édouard Molinaro, 1978). On l’a vue, aussi, dans quelques rôles, notamment dirigée par Woody Allen dans Escrocs mais pas trop (Small Time Crooks, 2000) et dans la minisérie qu’il a créée en 2016, Crisis in Six Scenes.

Mikey & Nicky, un exercice de cinéma-vérité dans la mouvance du Nouvel Hollywood, filmé par pas moins de cinq chefs-opérateurs, suit en plans rapprochés, puis plus distants, les deux personnages principaux dans une virée erratique, de bar en bar, en passant par un cinéma… et un cimetière dont ils escaladent l’enceinte ! Des personnages complexes, difficiles à cerner, imprévisibles, ambigus…

La paranoïa et l’instabilité des états d’âme de Nicky, l’ambiguïté de Mikey à son égard, alimentent une joute entre deux acteurs, John Cassavetes et Peter Falk, les autres personnages, Annie et Nellie, n’étant que des faire-valoir. Kinney, le tueur à gages (Ned Beatty) joue le hallebardier, aux seules fins de rappeler au spectateur la réalité de la menace qui pèse sur Nicky.

Mikey & Nicky peut faire penser à une pièce de théâtre en plusieurs tableaux : une chambre d’hôtel, un bar, l’appartement d’une prostituée, un cimetière, une rue de Philadelphie… D’un lieu à l’autre, l’attitude de l’un des personnages envers l’autre évolue inexorablement. On ne devinera que très progressivement pourquoi.

Un film insolite, dans l’ambiance du Film noir, mais à l’écart de ses clichés, remarquablement construit, qu’une ressortie en 1987 avait sorti d’un oubli qui aurait pu être définitif.

La réédition par Potemkine Films et Agnès b. cinéma ! d’une version remasterisée, enrichie d’un excellent supplément, vient combler un vide : l’édition de 2008 par Carlotta Films était depuis longtemps épuisée.

Présentation - 3,0 / 5

Mikey & Nicky (106 minutes) et son supplément (45 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîter standard glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose la version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0, après restauration 4K opérée pour l’édition Criterion sortie aux USA en juin 2019.

Bonus - 5,0 / 5

Entretien avec Jean-Baptiste Thoret (45’), documentariste, historien et critique de cinéma, auteur de nombreux ouvrages, dont Le Cinéma américain des années 70 (Cahiers du Cinéma, 2017). Elaine May, connue dans les années 50 à 80 pour sa satire des milieux intellectuels, en collaboration avec Mike Nichols, avait aussi été étiquetée comme responsable d’un échec commercial retentissant avec Ishtar, sorti en 1987. Elle mettra trois ans à monter la somme de rushes filmés en 1973. Mikey & Nicky fut tièdement accueilli, « dans l’ombre écrasante de John Cassavetes » et de son film Meurtre d’un bookmaker chinois (The Killing of a Chinese Bookie, 1976), à un moment où le cinéma du New Hollywood commençait à lasser le public. Il respecte les codes su Film noir, mais dans une nouvelle approche du genre, avec une « démythification » de l’image que donnait de la mafia Le Parrain, 1ère et 2ème parties (The Godfather, Francis Ford Coppola, 1972 et 1976). Il révèle, derrière une apparence d’improvisation, un scénario très écrit, avec un basculement du récit lors de la scène dans l’appartement de Nellie, quand la caméra commence à s’éloigner de Mikey et Nicky dont les rapports changent, deviennent soudain distants.

Une analyse approfondie du film pour en faire découvrir les subtilités. Un remarquable complément !

Bande-annonce.

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC) a bénéficié d’une restauration 4K qui a effacé toute tache ou rayure, en conservant le grain argentique à la demande de la réalisatrice. L’image est stable, bien contrastée, avec des couleurs ravivées, soigneusement étalonnées.

Son - 5,0 / 5

Le son LPCM 2.0 mono de la version originale, très propre lui aussi, avec un spectre assez large, une bonne dynamique et une finesse permettant d’entendre tous les petits bruits environnants (de l’intérieur des appartements, ceux de la rue), assure une parfaite restitution des dialogues.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 19 février 2020
Dans une version remasterisée, voici la réédition attendue, accompagnée d’un excellent complément, d’un film insolite, dans l’ambiance du Film noir mais à l’écart de ses clichés, au scénario remarquablement construit, représentatif du Nouvel Hollywood. Une inoubliable confrontation entre John Cassavetes et Peter Falk !

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Mikey & Nicky
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