Matthias et Maxime (2019) : le test complet du Blu-ray

Sur les conséquences inattendues d’un baiser fortuit, échangé par deux amis d’enfance pour la réalisation d’un court métrage amateur…

Une bande de copains trentenaires est réunie à la campagne pour un adieu à Maxime qui s’apprête à partir en Australie « pour changer d’air ». La jeune Érika cherche deux acteurs pour le court métrage qu’elle veut filmer. Maxime accepte immédiatement. Matthias, avocat, vivant avec Sarah, finit par céder. Érika leur dit alors qu’ils devront s’embrasser devant la caméra…

Matthias et Maxime est le huitième long métrage du Québécois Xavier Dolan, dont le premier film, J’ai tué ma mère, réalisé en 2009, à l’âge de 20 ans, fut salué à Cannes par le Prix de la Confédération Internationale des Cinémas d’Art et d’Essai (C.I.C.A.E.), par le Prix Regards Jeunes et le par Prix de la SACD dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs. Les deux films suivants, Les Amours imaginaires (2010) et Laurence Anyways (2012) furent également sélectionnés à Cannes et Mommy remporta en 2014 le Prix du jury ex-aequo avec Adieu au langage de Jean-Luc Godard. Cannes n’en avait pas fini avec Xavier Dolan, en sélectionnant pour la Palme d’or Juste la fin du monde en 2016 et Matthias et Maxime en 2019 (la Palme ira, cette année-là, à Parasite de Bong Joon-ho).

Un baiser, en apparence anodin, trouble Matthias et Maxime, bouleverse les certitudes sur leur identité, sur la nature de leur relation amicale, en les amenant à se poser des questions sur leur sexualité, à s’interroger sur la frontière entre amitié et amour… jusqu’à engendrer un profond malaise.

Matthias et Maxime, observe quelques moments de la vie d’une bande d’amis saisis par deux caméras qui paraissent s’être fait oublier, portées à l’épaule par André Turpin, chef-opérateur de la plupart des films de Xavier Dolan et par Yves Bélanger, directeur de la photographie de Laurence Anyways et de Brooklyn (John Crowley, 2015).

Cette écriture filmique naturelle renforce l’impression d’authenticité des réunions, comme dans la vie réelle, des amis du réalisateur. Ce qui pousse à questionner l’aspect artificiel de deux scènes, tournées d’abord en accéléré, puis en ralenti.

Matthias et Maxime confirme l’originalité du cinéma de Xavier Dolan dont on attend avec impatience le prochain film. Il dit vouloir réserver une plus large part de son temps à jouer dans les films des autres. On devrait le voir bientôt en tête de distribution de Comédie humaine, l’adaptation par Xavier Giannoli du roman d’Honoré de Balzac, Les Illusions perdues.

Matthias et Maxime (120 minutes) et ses suppléments (64’) tiennent un Blu-ray BD-50 logé dans un digipack à l’intérieur duquel sont glissées 30 photos imprimées sur quinze cartons au format d’une carte postale.

Le menu fixe et musical propose la série dans sa version originale, en français québécois, avec sous-titres optionnels (mais plus qu’utiles pour les oreilles non rodées au français québécois), et le choix entre deux formats audio DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription DTS 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Une édition DVD est sortie avec le même contenu.

Entretien avec Xavier Dolan (14’) conduit par le journaliste Augustin Trapenard, enregistré à Cannes en 2019. Jouer dans un de ses films ne modifie pas fondamentalement son approche de la réalisation. Matthias et Maxime a été tourné avec deux caméras portées à l’épaule, avec une utilisation fréquente du zoom pour coller aux personnages, venant d’horizons divers, mais composant un groupe solidaire. Ce film répondait à son « envie de parler d’amitié (…) et de rendre hommages à ses amis. » La tache de vin sur le visage de Maxime, est une métaphore : marque d’une vraisemblable douleur, elle semble inaperçue de ses amis. Le choix du 35 mm vise à obtenir une texture plus douce avec un travail pour donner aux couleurs des tons pastel, en harmonie avec le climat du film. Xavier Dolan a assuré l’écriture du scénario, le montage et la création des costumes. Il continue d’affirmer que le réalisateur « doit avoir un oeil sur tout. »

Conférence de presse du film au festival de Cannes (36’). Face au public, un panel réunit la productrice Nancy Grant, six acteurs et Xavier Dolan qui répond aux questions, tantôt en français, tantôt en anglais. La sélection de J’ai tué ma mère au festival de Cannes en 2009 a permis à Xavier Dolan de rencontrer des gens qui ont compté dans le déroulement de sa carrière. Matthias et Maxime accorde une large place au français québécois, variant selon la classe sociale, en constante évolution, génération après génération, notamment par des emprunts à d’autres langues. Après plusieurs répétitions, les dialogues sont restés assez fidèles au scénario original avec une place « contrôlée » faite à l’improvisation. Matthias et Maxime, dit-il, fut « un film de transition (…) en demi-teintes (…) une occasion d’explorer une autre part de moi-même (…) de boucler un chapitre important de ma vie. » Les acteurs décrivent l’excitation ressentie pour leur participation au festival et Xavier Dolan l’émotion suscitée par les réactions du public à la projection du film.

Scènes coupées (11’). Sept scènes, dont le fameux « court métrage » d’Érika, si important dans l’histoire bien qu’absent du montage final.

Bande-annonce (3’).

L’image (1080p, AVC) est présentée sous deux ratios, 1.85:1 et 2.10:1 (sans compter quelques courts plans dans des formats très étroits). Sa douceur, ses contrastes atténués et ses couleurs aux tons pastels sont le résultat d’un choix du réalisateur pour un tournage sur pellicule 35 mm, conduisant parfois à une discutable fluctuation de densité.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) assure un bon équilibre entre les dialogues, parfois délibérément noyés dans l’ambiance, et l’accompagnement musical. La répartition du signal sur les cinq voies procure une très discrète sensation d’immersion dans les cadres.

Crédits images : © Shayne Laverdiere