Tokyo Joe (1949) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Stuart Heisler
Avec Humphrey Bogart, Alexander Knox et Florence Marly

Édité par Sidonis Calysta

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Le 20/07/2020
Critique

Sept ans après Casablanca, Humphrey Bogart produit un film, encore inédit en vidéo, avec une histoire assez semblable, transposée du Maroc au Japon.

Tokyo Joe

Joe Barrett, après avoir servi avec le grade de colonel dans l’armée américaine, revient à Tokyo en 1949 pour relancer l’activité de Tokyo Joe, la maison de jeux qu’il exploitait avant la guerre. Un endroit encore imprégné du souvenir de Trina, son épouse, dont la presse avait annoncé la mort… à tort. En effet, Trina vit toujours. Après avoir obtenu le divorce, elle s’est remariée à Mark Landis, un conseiller juridique de l’armée. Les deux vivent avec Anya, 7 ans, que Trina a mis au monde après que Joe ait dû quitter le Japon. Pour s’assurer un revenu, Joe propose à Kimura, un yakuza, d’assurer le transport aérien de ses produits vers les Amériques…

Tokyo Joe, sorti en 1949, est le treizième de la trentaine de films réalisés par Stuart Heisler, à partir de 1936. Entré dans le monde du cinéma par la petite porte, comme accessoiriste pour Mack Sennett, il a acquis, de 1924 à 1936, une solide expérience de monteur. Ses films touchent à tous les genres, au policier, au western, au film de guerre, à la comédie romantique et même, en 1946, à la comédie musicale, quand il a dirigé Fred Astaire et Bing Crosby dans La Mélodie du bonheur (Blue Skies, coréalisé avec Mark Sandrich).

Tokyo Joe

Ses films les plus connus sont La Clé de verre (The Glass Key, 1942), l’adaptation d’un roman de Dashiell Hammett, Tulsa, un western sorti la même année que Tokyo Joe, Storm Warning, sorti en 1951, un réquisitoire contre le Ku-Klux-Klan, The Star, sorti en 1952, sur la déchéance d’une actrice interprétée par Bette Davis, et un documentaire encensé par Bertrand Tavernier dans l’entretien joint en complément, L’Histoire des soldats afro-américains (The Negro Soldier, 1944).

Tokyo Joe, produit par Humphrey Bogart qui voulait surfer sur le succès de Casablanca, réalisé en 1942 par Michael Curtiz, malgré les faiblesses de son scénario, se laisse voir sans ennui. Pas seulement pour la présence de Humphrey Bogart, mais aussi pour la qualité de la photographie de Charles Lawton Jr., chef opérateur, deux ans plus tôt, de La Dame de Shanghaï (The Lady from Shanghai) d’Orson Welles.

Les critiques ajoutent souvent aux mérites de Tokyo Joe qu’il ait été le premier film américain tourné au Japon après la guerre, ce qui n’est qu’en partie vrai. Les acteurs n’ont pas fait la traversée de Hollywood à Tokyo, dans laquelle ils n’apparaissent qu’en transparence devant des plans tournés sans eux, une supercherie détectable en dépit des précautions prises par l’équipe du film.

Tokyo Joe, encore inédit en vidéo, méritait de venir s’ajouter à la collection Film noir de Sidonis Calysta, riche aujourd’hui d’une vingtaine de titres, dont L’Heure du crime (Johnny O’Clock, Robert Rossen, 1947) et Un pacte avec le diable (Alias Nick Beal, John Farrow, 1949) sortis simultanément.

Tokyo Joe

Présentation - 3,0 / 5

Tokyo Joe (89 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Dolby Digital 1.0.

Bonus - 3,0 / 5

Présentations par Bertrand Tavernier (33’). Tokyo Joe, s’il n’est pas vraiment réussi, bien que découpé avec netteté, est cependant intéressant, avec une valeur documentaire avec des vues du Japon d’après-guerre. Stuart Heisler était particulièrement apprécié par Claude Chabrol pour l’élégance de ses raccords. Bertrand Tavernier énumère ses meilleurs films, en mettant l’accent le documentaire The Negro Soldier, un film très progressiste qui a su échapper aux ciseaux de la censure. Admirateur de Leo McCarey, Raoul Walsh, John Ford… Stuart Heisler s’est montré critique à l’encontre du scénario de celui de Tokyo Joe, dans lequel il a opéré de sévères coupes. Humphrey Bogart paraît très à l’aise dans les deux ou trois scènes avec la fillette. Cerise sur le gâteau : la chanson These Foolish Things qui fut un des tubes d’Ella Fitzgerald.

Présentations par François Guérif (7’). Humphrey Bogart a produit le film pour entretenir l’image romantique qu’il avait donnée avec Casablanca, dont « l’ombre bouffe Tokyo Joe ». Dans une distribution moyenne, on remarque surtout Alexander Knox, beaucoup moins Sessue Hayakawa, plutôt éteint. Le film s’achève en beauté dans une scène chargée d’une émotion vraie.

Bande-annonce.

Tokyo Joe

Image - 4,0 / 5

L’image (1.33:1) a bénéficié d’une restauration qui a contrôlé le bruit sans altérer la texture argentique et effacé les traces de détérioration de la pellicule à l’exception de minuscules taches blanches, plus nombreuses sur quelques plans de transition. Très stable, elle affiche des blancs lumineux et des noirs denses, avec un fin dégradé de gris.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 1.0 a, lui aussi, été débarrassé des bruits parasites dus à l’usure de la piste, ainsi que du souffle, pratiquement inaudible. L’étroitesse inévitable de la bande passante se fait sentir dans l’accompagnement musical, également affecté par quelques saturations. Mais les dialogues sont tous clairement restitués.

Il n’en va pas de même avec le doublage en français qui place beaucoup trop en avant des dialogues crachotants et, de surcroît, très monotones. Il n’a pas été pris en considération pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 21 juillet 2020
Tokyo Joe, produit par Humphrey Bogart qui voulait surfer sur le succès de Casablanca, malgré les faiblesses de son scénario, se laisse voir sans ennui. Pas seulement pour la présence de Humphrey Bogart, mais aussi pour la qualité de la photographie de Charles Lawton Jr., chef opérateur, deux ans plus tôt, de La Dame de Shanghai.

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