Thérèse (1986) : le test complet du Blu-ray

Mediabook Blu-ray + DVD

Réalisé par Alain Cavalier
Avec Catherine Mouchet, Hélène Alexandridis et Aurore Prieto

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 22/12/2020
Critique

La courte vie de Thérèse Martin, entrée au carmel à 15 ans, morte à 24 ans, a inspiré à Alain Cavalier son chef d’oeuvre.

Thérèse

Née en 1873, Thérèse Martin, la plus jeune des trois filles d’un petit commerçant veuf d’Alençon, souhaite, à quinze ans, entrer au carmel de Lisieux où sont déjà cloîtrées ses deux soeurs. Elle ira jusqu’à demander audience au Pape pour que sa requête, rejetée par l’évêché, soit enfin satisfaite. Elle consignera dans un journal les temps de sa vie au couvent, jusqu’à sa mort, de la tuberculose, à 24 ans. Elle sera canonisée en 1925.

Thérèse, sorti en 1986, est le plus connu de la quinzaine de longs métrages réalisés par Alain Cavalier après qu’il fut l’assistant de Louis Malle en 1958 pour Ascenseur pour l’échafaud et Les Amants. Il a exploité des thèmes très divers. La guerre d’Algérie pour ses deux premiers films, Le Combat dans l’île (1962) et L’Insoumis (1964), la dictature, dans l’univers dystopique de Libera me (1993), un curieux film sans dialogues, Prix du jury oecuménique à Cannes… Il est aussi l’auteur de plusieurs documentaires, notamment sur deux peintres qui ont influencé son cinéma, Georges de La Tour (1998, joint en bonus) et Le Caravage (2015). Son éclectisme l’a même amené à s’intéresser… aux toilettes dans Lieux saints (2007) !

Je fais un film sur des personnes dont le silence est la règle

Thérèse, sur un scénario coécrit avec Camille de Casabianca, écartant toute représentation saint-sulpicienne, opte pour une forme délibérément épurée. Une succession de 452 plans, fixes pour la plupart, dont certains sont séparés par de brefs fondus au noir, met en valeur les personnages, avec gros plans des visages et des mains, sur des fonds monochromes, mouchetés ou marbrés (« vivants », pour le réalisateur), avec une « gorge » pour fondre le plan des murs et celui des planchers, rappelant le fond des tableaux de Georges de La Tour. Dans ces décors minimalistes, la caméra s’arrête sur des objets familiers qui comptent dans le récit, tels le plumier et l’écritoire dans laquelle Thérèse range son crayon et son cahier, la planche de bois sur deux tréteaux servant de lit aux carmélites…

Thérèse

Thérèse, sobre en dialogues, observe sans prendre parti, sans prosélytisme, une jeune fille conditionnée par une stricte éducation religieuse à manifester sa foi dans le microcosme isolé du carmel. Derrière les murs duquel le doute peut s’insinuer, quand Lucie, une novice fictive, amoureuse de Thérèse, lui dit : « On en pince pour un type mort il y a deux mille ans, et encore n’est-on pas sûr qu’il ait existé… »

Thérèse doit beaucoup à la photographie de Philippe Rousselot. Installé depuis une quarantaine d’années aux USA, il a tourné avec les plus grands réalisateurs, avec John Boorman pour La Forêt d’émeraude (The Emerald Forest, 1985) et La Guerre à 7 ans (Hope and Glory, 1987), avec Stephan Frears pour Les Liaisons dangereuses (Dangerous Liaisons, 1988), avec Milos Forman pour Larry Flynt (The People vs. Larry Flynt, 1996), avec Tim Burton pour Big Fish (2003), Charlie et la chocolaterie (Charlie and the Chocolate Factory, 2005)… Il a reçu un Oscar pour Et au milieu coule une rivière (A River Runs Through It, Robert Redford, 1992).

Mais l’atout majeur de Thérèse est son interprète, Catherine Mouchet, dans le premier rôle qu’elle tint dès sa sortie du Conservatoire. Une fulgurante entrée dans une carrière d’actrice qu’elle mènera devant les caméras et sur les planches.

Thérèse, un film à part, un fleuron du cinéma français, reçut de nombreux prix, pas moins de six Césars, le Prix de la critique du SFCC et le Prix du jury à Cannes.

Thérèse

Présentation - 4,5 / 5

Thérèse (91 minutes) et ses suppléments (99 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, avec un DVD-9, dans la couverture d’un mediabook.

Le menu fixe et muet propose le film au format audio Dolby Digital 1.0.

Piste d’audiodescription LPCM 2.0 mono et sous-titres pour malentendants.

Un livret de 72 pages contient le découpage, plan par plan, du film par Carmen Fernandez et Catherine Schapira.

Bonus - 4,0 / 5

Alain Cavalier : 7 chapitres, 5 jours, 2 pièces-cuisine (55’, film de Jean-Pierre Limosin, 1996, diffusé dans la case Cinéma de notre temps sur Arte). Fasciné par le visage des femmes, il a su que Catherine Mouchet incarnerait Thérèse dès leur première rencontre. Il a choisi de vivre frugalement : « Je n’ai pas tourné un seul plan qui me soit dicté par les lois de l’argent ». On le voit entreprendre seul, avec une petite caméra, son onzième film, sans scénario : « on attaque directement le son et l’image ». Avec les nouvelles techniques, « la caméra se rapproche des proportions du crayon de l’écrivain et du pinceau du peintre ». Il s’autorise des transgressions, « un jeu avec le spectateur », pas toujours appréciées du public, comme ce fut le cas dans le plan où Lucie cherche à se contaminer en ingérant les glaires de Thérèse. Alain Cavalier conserve des centaines de photos qui l’inspirent, certaines d’une intensité qu’il ne peut égaler : « je reste au bord ». Une promenade dans les rues de Paris lui fait dire : « Trop de choses, trop de gens, trop de bruit : je ne peux pas filmer ça », et le conduit au cinéma La Bretagne, construit en 1962, l’année où y a été projeté son premier film, Le Combat dans l’île.

Georges de La Tour (27’), court métrage d’Alain Cavalier, diffusé par Arte en 1997. Plus prenants, plus forts que les tableaux du Caravage, son contemporain, ceux de Georges de La Tour mettent en valeur les visages éclairés, sur un fond sombre sans décor. Il détaille les mains, les yeux, ceux peints par Rembrandt, Vermeer, Cézanne,… et le tableau avec lequel La Tour « entre dans son génie personnel », Le nouveau-né.

Lettre d’Alain Cavalier (13’, 1981). Alain Cavalier se filme devant la page blanche sur laquelle il doit commencer d’écrire le scénario de Thérèse. « Je ne suis pas écrivain, mais il faut que j’écrive, je n’ai pas le choix ». À gauche, les images, à droite, les dialogues et les sons. Un verre de vin rouge pour atténuer le trac et se lancer dans un travail long et éprouvant « sans être sûr que le film soit tourné un jour ». Il a recueilli les photos de Thérèse prises avec l’appareil que sa soeur avait introduit au carmel.

Vingt ans après (4’). Enregistré en 2004 à la demande d’ARTE Éditions pour le DVD sorti en 2005. Il a rencontré Catherine Mouchet au Conservatoire et l’a revue quand elle lisait Mouchette de Georges Bernanos, deux ans avant le tournage. Il lui trouve une ressemblance avec un portrait de Rembrandt.

Thérèse

Image - 5,0 / 5

L’image (1.66:1, 1080p, AVC) a bénéficié d’une restauration commandée par TF1 Studio aux Laboratoires Éclair en 2020, après numérisation 4K du négatif original. Validée par Alain Cavalier, elle a fait disparaître toute marque de détérioration de la pellicule et contrôlé le grain sans dénaturer la texture argentique. Un bon étalonnage, supervisé par le réalisateur, avec des blancs lumineux et des noirs denses, jamais bouchés, dans une palette de couleurs assez froides, assure une parfaite lisibilité des cadres, dans toutes les conditions d’éclairage.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 1.0, très propre lui aussi, restitue clairement les dialogues, bien priorisés sur une ambiance assez présente, mais avec une dynamique moyenne. Le format compressé standard étonne d’autant plus que la piste d’audiodescription a profité d’un encodage LPCM 2.0 mono. Un choix paradoxal !

Crédits images : © AFC, CNC, Films A2

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 23 décembre 2020
Le chef d’œuvre d’Alain Cavalier, magnifiquement photographié, Prix du jury à Cannes, Prix de la Critique, salué par six Césars, révèle une jeune actrice, bouleversante dans son tout premier rôle, Catherine Mouchet. Il est maintenant disponible, après une toute récente restauration, dans cette nouvelle édition enrichie d’utiles bonus.

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