Cromwell (1970) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Ken Hughes
Avec Richard Harris, Alec Guinness et Robert Morley

Édité par Rimini Editions

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Le 21/10/2020
Critique

Un récit enjolivé des temps où l’Angleterre se révolta contre la couronne et, pendant une décennie, ne fut plus un royaume…

Cromwell

Angleterre, 1640. Oliver Cromwell, membre du parlement, s’inquiète des injustices commises sous le règne du roi Charles I. Tandis que le peuple gronde, le roi refuse de partager son pouvoir avec le parlement. Une guerre civile éclate, opposant les troupes de Cromwell à celles du roi.

Cromwell, un des événements de l’année cinématographique en 1970, est l’oeuvre majeure du Britannique Ken Hughes. Auteur du scénario et réalisateur, il disposa du budget d’une superproduction pour un tournage en 70 mm.

Pour les cinéphiles français peu au fait de l’histoire d’Angleterre, il pourrai être utile de rappeler que le parlement était, là-bas, une vieille institution. Fondé en 1215 après la révolte des nobles contre Jean sans Terre, réunissant les « grands barons » du royaume et des représentants des bourgeois de Londres, il accrut, au fil des siècles, son pouvoir politique en grignotant celui du roi jusqu’à devenir, dès le début du XVème siècle, le pouvoir prépondérant.

Les résistances de Charles I à admettre l’autorité du parlement conduisirent à une guerre civile, à un affrontement entre l’armée du roi et celle du parlement, à la tête de laquelle finit par s’imposer Oliver Cromwell.

Cromwell prend de grandes libertés avec l’histoire : le personnage était pratiquement inconnu avant ses victoires militaires à la tête de la force qu’il avait équipée et entraînée, la New Model Army qui aura le dessus sur les royalistes au cours des deux guerres civiles, la première de 1642 à 1646, la seconde, décisive, en 1648.

Cromwell fait une bien plus grande entorse à la vérité historique en proposant le portrait d’un champion de la démocratie, d’un défenseur du petit peuple. La réalité est tout autre. Pendant les campagnes en Irlande et en Écosse, en 1649-1650, des milliers de civils et de soldats qui s’étaient rendus furent massacrés par son armée. En 1653, il dissout le parlement pour gouverner le pays sans partage, en tant que Lord Protector of the Commonwealth of England, Scotland & Ireland, s’arrogeant tous les pouvoirs qu’il avait déniés au roi, ce que le film escamote totalement. Deux ans après sa mort, la royauté fut restaurée et, le 30 janvier 1661, le jour du douzième anniversaire de l’exécution de Charles II, son corps fut exhumé, pendu à des chaînes et sa tête plantée au bout d’une pique.

Cromwell

Bien que ce ne soit pas toujours sans risques en France, on peut admettre qu’un cinéaste réécrive l’histoire pour les besoins du drame et beaucoup ne se sont pas privés de cette liberté. Et force est de reconnaître que Cromwell ne manque pas d’atouts, avec sa reconstitution des costumes et décors, sa mise en scène inspirée des batailles, en particulier de celle de Naseby en juin 1645, mobilisant une « armée » de figurants, avec tirs de canons, salves de mousquets, assauts à l’épée, charges de cavalerie épicées de spectaculaires chutes de chevaux. Du bon grand spectacle !

S’ajoutent à cela des dialogues particulièrement bien écrits et une solide distribution. Richard Harris, en tête, était un des acteurs britanniques depuis les années 60, avec plus de 70 films, parmi lesquels se détachent Le Prix d’un homme (This Sporting Life, Lindsay Anderson, 1963) et The Field de (Jim Sheridan, 1990, dont on comprend mal l’absence des catalogues de vidéos). Il donne une forte présence au personnage principal face à Alec Guinness, parfaitement à l’aise dans sa composition de Charles II, jusqu’au mimétisme tant il ressemble au portrait qu’en a peint Antoine van Dyck au pied de sa monture, en 1635. On remarque aussi, dans le rôle du comte de Manchester, Robert Morley qui, à la suite d’une carrière au théâtre, s’était fait connaître sur les écrans en interprétant Louis XVI dans Marie-Antoinette, coréalisé en 1938 par W.S. Van Dyke et Julien Duvivier.

On peut donc s’aventurer, sans risque de s’ennuyer, à regarder Cromwell. Ceux qui aiment les récits historiques pourront aussi s’offrir Charles II : Le pouvoir et la passion, la minisérie réalisée en 2003 par Joe Wright, récemment éditée par Koba Films, qui ouvre d’autres pages troubles de l’histoire de l’Angleterre, là où elle s’arrête avec Cromwell.

Cromwell

Présentation - 4,0 / 5

Cromwell (139 minutes) et son supplément (22 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur le seul Blu-ray.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels idéalement placés sous l’image, à cheval sur la bande noire, et dans un doublage en français, les deux au format audio non compressé DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

À l’intérieur du boîtier, un livret de 24 pages écrit par Jean-François Baillon, universitaire spécialiste de la civilisation et du cinéma d’outre-Manche, notamment auteur de La Guerre civile anglaise au cinéma : Cromwell (1970) . Ken Hughes, après avoir lu une centaine de livres sur Cromwell, avait fini d’écrire sa première version du scénario dès 1959, avec un portrait plus idéaliste que réaliste du personnage. Le livret souligne ensuite la qualité de la distribution, avec le choix surprenant de Richard Harris, un « farouche nationaliste irlandais », et d’Alec Guinness qui s’est entraîné à bégayer pour tenir le rôle de Charles II. Il relève aussi le soin apporté à la reconstitution du XVIIème siècle avec un budget de 9 millions de dollars. Pour conclure, Jean-François Baillon fait une intéressante revue d’autres films sur Cromwell.

Cromwell

Bonus - 4,0 / 5

Un homme providentiel (22’, Rimini Éditions et La Plume, 2020). Un entretien enregistré à Paris, le 9 mars 2020, avec Bernard Cottret, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire d’Angleterre, dont Cromwell (Éditions Fayard, 1992). Ce personnage l’a toujours fasciné. C’était un petit noble de l’East Anglia, « obsédé par la lecture de la Bible » (l’aspect religieux est surtout suggéré dans le film par la musique de Frank Cordell), un puritain, un gentleman farmer devenu militaire. Charles I, marié à Henriette Marie de France, fille d’Henri IV, avait compris l’importance de l’image de la famille royale et avait été préparé, par ses conseillers, pour un « combat entre géants » avec Cromwell. Si Charles I n’a pas gardé une bonne image, la statue de Cromwell, « un dictateur » qui a laissé en Irlande le souvenir d’un tyran sanguinaire, se dresse aujourd’hui près des Houses of Parliament. Le film, au mépris de la vérité historique, choisit d’en faire un défenseur de la démocratie, en pleine guerre froide, probablement une allégorie opposée au totalitarisme soviétique. La révolution est un moment où, dans son histoire, l’Angleterre a « pris au sérieux l’espérance chrétienne ».

Cromwell

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), bien qu’un avertissement signale « quelques défauts générés lors de la mastérisation », apparaît propre, lumineuse, avec des couleurs ravivées et agréablement saturées, des noirs denses et un contrôle du bruit respectueux de la texture argentique, mais qui laisse à désirer sur les fonds de ciels de certaines séquences. On peut aussi relever une légère et occasionnelle instabilité lumineuse.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo de la version originale, avec une séparation des deux voies à peine discernable, reste à cent lieues de celui sur 6 pistes du tirage 70 mm de 1970. Cela dit, les dialogues sont restitués clairement et la conjonction d’une bonne dynamique et d’une ouverture correcte de la bande passante donnent une présence indéniable aux scènes de bataille et mettent en valeur l’ample composition originale qui valut à Frank Cordell une nomination aux Oscars.

Ces observations valent pour le doublage en français, acceptable, qui place les dialogues trop en avant.

Crédits images : © Rimini Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 21 octobre 2020
Bien qu’elle prenne quelques libertés avec l’histoire, surtout en donnant un portrait flatteur d’Oliver Cromwell, celui qui fit du Royaume d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande une République, cette superproduction fut l’événement marquant du cinéma grand public en 1970. En tête d’affiche, Richard Harris et Alec Guinness, inspirés par leur personnage.

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