Seules les bêtes (2019) : le test complet du Blu-ray

Une disparition mystérieuse au départ d’un étrange thriller aux inattendus rebondissements causés par une méprise et des rencontres fortuites.

Le lendemain d’une tempête de neige, une voiture a été abandonnée sur le bas-côté d’une route traversant une partie isolée du causse de Méjean, entre la ferme de Michel et de sa femme Alice et celle de Joseph, un marginal reclus. La conductrice de la voiture, Evelyne Ducat, propriétaire d’une résidence secondaire sur le causse, a disparu sans laisser aucune trace, ni la moindre explication…

Seules les bêtes, sorti dans nos salles en décembre 2019, est le sixième long métrage de Dominik Moll. Il avait attiré l’attention de la critique et du public dès 2000 avec son deuxième film, Harry, un ami qui vous veut du bien qui boosta la carrière d’acteur de Sergi López, titulaire du rôle-titre.

Le film s’ouvre, étrangement, sur une scène où l’on suit un jeune homme à vélo portant, attaché sur son dos, un chevreau. Nous sommes à Abidjan, bien loin du causse où va se dérouler l’action principale, sans qu’on sache pourquoi avant d’avoir largement dépassé la moitié du métrage.

Seules les bêtes met en images le roman éponyme de Colin Niel, publié en 2017. Sa construction très originale, avec des sauts dans le temps et dans l’espace, met en situation cinq personnages. Les quatre témoins du drame : Alice, une assistante sociale, Marion, son mari Michel, un éleveur, Joseph, un paysan solitaire… et un personnage fictif, Amandine, dont les chemins vont accidentellement se croiser. Le scénariste Gilles Marchand signe là sa troisième collaboration aux réalisations de Dominik Moll après Harry, un ami qui vous veut du bien en 2000 et Lemming en 2005.

Seules les bêtes est un drame intrigant, dont la noirceur est renforcée par la sauvage austérité du cadre, le causse Méjean en plein hiver, et soulignée par la photographie de Patrick Ghiringhelli, le chef opérateur de l’intéressante minisérie Eden, réalisée en 2019 par Dominik Moll.

Une distribution judicieuse, un autre atout du film, rassemble Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard, Valeria Bruni Tedeschi et deux nouveaux venus, Cheick Diakité, un jeune Ivoirien, et Nadia Tereszkiewicz qui tient, dans son interprétation de Marion, le premier rôle marquant d’une carrière prometteuse.

L’édition vidéo de Seules les bêtes pourrait légitimement élargir son audience après qu’il ait attiré 110 000 spectateurs dans les salles françaises en décembre 2019.

Seules les bêtes (117 minutes) et ses généreux suppléments (84 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Vivre riche, documentaire de Joël Akafou (2017, 1.85:1, 1080i, AVC, 53’). Un jeune Ivoirien, Stéphane, alias Rolex le Portugais, est revenu à Abidjan après avoir « tout abandonné pour tenter l’aventure dans le pays voisin, le Burkina Faso. Mais là-bas, ça a été encore plus difficile. » Avec des copains réunis dans une pièce sans meubles, il ouvre sur Facebook des comptes sous le nom de femmes imaginaires dans l’espoir d’hameçonner des gogos… pour devenir riche, avec bonne conscience : arnaquer les blancs, responsables de la « dette coloniale », est un juste retour des choses. Pas facile pour autant, malgré le soutien divin assuré par le truchement d’un marabout tirant profit du trafic. On suit Stéphane et ses copains dans leur quête hypothétique d’une vie aisée grâce au « broutage » et dans leurs visites à des parents désapprobateurs…

Scènes coupées, commentée par le réalisateur (11’). Dans cet intéressant complément, Dominik Moll justifie pourquoi ont été tournées, puis écartées, ces scènes présentées sans montage son, ni étalonnage.

Les effets spéciaux du film (20’). Deux représentants de la société Autre Chose, spécialisée dans les effets visuels (VFX), rappellent qu’ils assistent au tournage de certaines scènes pour identifier les moyens à mettre en oeuvre pour obtenir les effets souhaités en postproduction. Ici, une tempête de neige, par superposition, du premier plan à l’arrière-plan, de plusieurs couches de particules de tailles diverses, mues par des programmes d’animation. On voit ensuite comment sont effacées d’indésirables empreintes de pas sur la neige. Une information claire et détaillée.

L’image numérique (2.35:1, 1080p, AVC), avec une résolution précise dans les gros plans comme dans les plans larges dont elle révèle tous les détails, propose des couleurs naturelles, délicatement saturées et solidement contrastées, avec des noirs bien denses.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (ou 2.0 stéréo, au choix) restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical et l’ambiance. Une bonne séparation des deux voies frontales élargit l’image sonore, mais une utilisation trop discrète des canaux latéraux en limite la profondeur et réduit les différences entre les deux formats proposés.

Crédits images : © Blaq Out