Le Lion et le Vent (1975) : le test complet du Blu-ray

The Wind and the Lion

Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par John Milius
Avec Sean Connery, Candice Bergen et Brian Keith

Édité par Rimini Editions

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Le 30/11/2020
Critique

Ce film d’aventures mouvementées, avec Sean Connery en tête d’affiche, jusque-là inédit en vidéo, nous arrive dans une précieuse édition.

Le Lion et le vent

À Tanger, en 1904, le chef berbère El-Raisuli « Le Magnifique » enlève Eden Pedecaris, une Américaine et ses deux enfants, dans l’espoir que les USA et les puissances étrangères fassent pression sur le sultan du Maroc pour accorder l’indépendance à son peuple dans le Rif.

Le Lion et le vent (The Wind and the Lion) a été réalisé en 1975 par John Milius qui s’était fait connaître comme coauteur des scénarios de L’Inspecteur Harry (Dirty Harry, Don Siegel, 1971), de Jeremiah Johnson (Sydney Pollack, 1972), de Magnum Force (Ted Post, 1973). Il cosignera avec Francis Ford Coppola, quatre ans plus tard, celui d’Apocalypse Now.

Le Lion et le vent met en images l’histoire originale et le scénario que lui a inspiré l’enlèvement de deux Américains, des faits réels qu’il a sensiblement accommodés pour corser la tension dramatique. C’est son deuxième long-métrage après Dillinger, sur la traque du notoire gangster par un G-man obstiné.

Dans un Maroc reconstitué en Andalousie, Le Lion et le vent se range résolument dans le genre aventure et action avec des charges de cavaliers, sabre au clair contre des canons, épicées de chutes et d’effets pyrotechniques spectaculaires. Beaucoup de séquences sont tournées en extérieur dans des grands espaces, en intérieur dans des décors réels, mis en valeur par la photographie de Billy Williams qui recevra un Oscar en 1982 pour Gandhi, réalisé par Richard Attenborough.

En tête d’une distribution généreuse, Sean Connery, très présent, à défaut d’être très crédible, dans son incarnation d’El-Raisuli « le Magnifique ». Face à lui, dans le rôle d’Eden Pedecaris, Candice Bergen. Plutôt effacée, elle remplace Faye Dunaway, empêchée par des problèmes de santé. Parmi une belle galerie d’acteurs dans les seconds rôles, on remarque John Huston que John Milius avait accompagné pendant le tournage de Juge et hors-la-loi (The Life and Times of Judge Roy Bean, 1972).

Le Lion et le vent, en dépit de sérieux atouts, n’était pas sorti en vidéo en France. L’oubli est honorablement réparé par Rimini qui nous propose une remarquable édition combo, Blu-ray + DVD, enrichie par un livre et un entretien d’une exceptionnelle tenue, deux références pour tout savoir sur John Milius, un personnage haut en couleurs, bien qu’assez méconnu.

Le Lion et le vent

Présentation - 5,0 / 5

Le Lion et le vent (119 minutes) et ses suppléments (43 minutes et un commentaire du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9 dans les couvertures d’un mediabook.

Un menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, et dans un doublage en français DTS-HD MA 1.0.

À l’intérieur de l’étui, un livre de 100 pages en deux grandes parties. La première, intitulée John Milius, prisonnier du désert, écrite par Christophe Chavdia, s’ouvre sur une préface du réalisateur : « Mes héros suivent un code moral strict et paient un prix énorme pour leurs actions, les bonnes comme les mauvaises… ce qui les destine à une vie de solitude. » George Lucas s’était inspiré de la personnalité de John Milius pour le bad boy, le John Milner d’American Graffiti, un « emmerdeur surviril, cruel mais franc ». Il est aussi représenté dans « The Big Lebowski, sous les traits outranciers de Walter Sobchak. » En disgrâce comme réalisateur et scénariste, avec une étiquette ultradroitière, il est très demandé pour rafistoler les scénarios bancals. Le chapitre La venue au monde sauvage d’un abominable surfeur des montagnes Viking zen résume les années de jeunesse de John Milius, « maladivement rétif à l’autorité », admirateur de John Ford et John Wayne, avant « une entrée fracassante dans une mafia du cinéma » après une formation à l’USC (University of South California) en compagnie de George Lucas. Puis, ce sera « l’irrésistible ascension d’un scénariste » et ses débuts dans la réalisation, marquant « le passage à la mise en scène d’un conteur » avec « Dillinger, le mythe d’une société dérisoire ». Le livre retrace ensuite la genèse de Le Lion et le vent, le contexte historique, la réalité de l’affaire d’enlèvement, « la grande aventure » du tournage, l’accueil honorable du film, « mais loin derrière le raz-de-marée de Jaws ». Suit une revue détaillée du reste de la carrière de John Milius, avec Conan le Barbare (Conan the Barbarian, 1982), L’Aube rouge (Red Dawn, 1984), sa contribution à la prestigieuse série Rome, jusqu’à ce qu’une grave attaque mette fin aux projets d’un homme qui « n’aura eu de cesse de jouer avec le feu et son désir de fantaisie décomplexée, explorant dans ses oeuvres un fascinant no man’s land de l’origine et de la continuation des sociétés. »

Dans la seconde partie, Au festival de gueules, Stéphane Chevalier s’intéresse à celles des acteurs : Brian Keith dans le rôle de Theodore Roosevelt, Antoine Saint John dans celui de l’officier allemand von Roerkel, Vladek Sheybal dans celui du pacha de Tanger, Aldo Sambrell dans celui d’un cruel Arabe, Steve Kanaly dans celui du capitaine des marines, avec, pour chacun, l’indication des éléments saillants de leur filmographie. Stéphane Chevalier évoque enfin la carrière et l’oeuvre de Jerry Goldsmith, compositeur de la partition originale.

Cet excellent ouvrage se termine par Retour sur le tournage, le recueil, fait en août 2020, des souvenirs de Darrell Fetty, titulaire du rôle du consul américain, et par la bibliographie et les sources.

Le Lion et le vent

Bonus - 5,0 / 5

Commentaire sur la musique de Jerry Goldsmith par Yavar Moradi, Jen Dietrich, Clark Douglas et David Lichty, animateurs du podcast The Goldsmith Odyssey. Une rareté et une bonne idée que celle d’un commentaire centré sur la musique d’un film qui a valu à son auteur une nomination à l’Oscar. Une intéressante analyse de la relation de la musique à l’image, avec des informations techniques sur la composition des thèmes, des comparaisons avec d’autres partitions… Un faux pas quand l’un des commentateurs, sorti de son domaine de compétence, relève, au début du film, la faute de goût d’Eden Pedecaris quand elle commande pour le déjeuner un Bordeaux rouge… alors qu’un Prosecco ou un Gamay s’imposait ! Le commentaire, intéressant dans son ensemble, aurait gagné à être élagué de bavardages superflus qui, c’est un comble, couvrent parfois complètement la musique ! Aucune indication sur la date d’enregistrement du commentaire, absent de l’édition US Warner Bros. de 2014.

John Milius, la genèse d’un mythe (43’, Rimini Éditions & La Plume, 2020), une interview de Samuel Blumenfeld, critique, auteur de plusieurs ouvrages, spécialiste du cinéma américain. John Milius alors « l’un des scénaristes américains les plus en vue », était peu satisfait de l’adaptation par Pollack du personnage de Jeremiah Johnson, dont le film avait estompé le caractère sauvage et légendaire. Il commence à apprendre le métier de réalisateur aux côtés de John Huston sur le plateau de Juge et hors-la-loi dont il avait écrit le scénario. Fasciné par les armes à feu et la chasse, passionné par le surf, il s’est composé l’image d’un baroudeur, cohérente avec son cinéma masculin, conservateur, dans lequel « un individu se définit par son statut médiatique (…) et par les armes qu’il utilise ». John Milius cherche à « marcher sur les pas » de David Lean et de son Lawrence d’Arabie et, plus généralement, à se placer dans le sillage du cinéma colonial britannique.

Le Lion et le vent

Image - 5,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), bien définie, lumineuse, fermement contrastée, avec des noirs denses, déploie une palette de couleurs naturelles, agréablement saturées. Une soigneuse restauration a éliminé toute trace de vieillissement de la pellicule avec une réduction du bruit respectant la texture argentique.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, très propre, tire profit d’une bonne dynamique, d’une large ouverture de la bande passante mettant notamment en valeur les percussions de l’accompagnement musical. Une efficace séparation des deux canaux réussit à créer une sensation d’immersion dans l’action. On regrettera pourtant que n’ait pas été repris, au format DTS-HD MA 5.1, le mixage sur six pistes de la version 70 mm.

Le doublage en français est desservi par un format DTS-HD MA 1.0. Inévitablement plus étriqué, il tend aussi à donner un timbre aigrelet à la musique et place trop en avant les dialogues au point qu’ils masquent parfois l’ambiance. Le doublage n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Columbia Pictures, MGM, Herb Jaffe

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 30 novembre 2020
Le Lion et le vent, encore inédit en vidéo, sorti d’un oubli immérité par Rimini Éditions, nous arrive dans une remarquable édition combo, enrichie par un livre et un entretien d’une exceptionnelle tenue, pour tout savoir sur le réalisateur John Milius, un personnage haut en couleurs, bien qu’assez méconnu.

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