Made in Hong Kong (1997) : le test complet du Blu-ray

Heung Gong jai jo

Réalisé par Fruit Chan
Avec Sam Lee, Neiky Yim Hui-Chi et Wenbers Li Tung-Chuen

Édité par Carlotta Films

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Le 09/02/2021
Critique

Réédition attendue d’un des premiers films de Fruit Chan, un des porte-drapeaux du cinéma indépendant de Hong Kong.

Made in Hong Kong

Hong Kong, été 1997. Chung-Chau To a décroché du lycée il y a quelques années et gagne maintenant sa vie en aidant M. Wing, un usurier, à collecter ses dettes. Il prend sous sa protection Jacky, un jeune handicapé mental et ses nuits sont hantées par le suicide d’une lycéenne. C’est en visitant un créancier de M. Wing qu’il tombe amoureux de la jeune Ah-Ping, atteinte d’une déficience rénale qui l’emportera vite si elle ne reçoit pas une greffe de rein…

Made in Hong Kong (Heung Gong jai jo) est le troisième long métrage de Fruit Chan, le premier film indépendant à sortir, le 9 octobre 1997, peu après la rétrocession de Hong Kong par le Royaume Uni à la République populaire de Chine, intervenue le 1er juillet de la même année. Un film que Fruit Chan a voulu, « à sa manière », plus impressionniste que réaliste, pour rendre compte de l’instabilité et du malaise de la jeunesse de l’époque. Ce qui ne l’empêcha pas de glisser, en guise de conclusion ironique du film, une adresse de Mao Zedong à la jeunesse : « Vous les jeunes à la florissante exubérance, en ces temps prospères… »

Made in Hong Kong

Made in Hong Kong, au style expérimental, est aussi un film de genre, racontant les suites de la rencontre de trois jeunes, Ah-Ping, Jacky et Chung-Chau To (baptisé Mi-Août en France, un nom plus trivial que celui d’Autumn Moon qui lui est donné partout ailleurs !). Moon, le personnage principal et le narrateur du film, est un personnage ambigu, un voyou pouvant se révéler très brutal, mais dévoué à la protection d’un plus faible, et prêt à donner un de ses reins pour sauver Ah-Ping.

Made in Hong Kong, filmé par une caméra portée à l’épaule, avec des angles parfois insolites, quelques à-coups dans la chronologie, une confusion possible entre réel et imaginaire, se distingue du cinéma commercial par l’originalité de sa réalisation.

Made in Hong Kong fut tourné en soixante jours, dans des conditions précaires, avec une équipe très réduite et des acteurs confrontés pour la première et la dernière fois, à une caméra. Sam Lee fait une légère exception à la règle : il était apparu comme figurant que dans deux films et deux téléfilms, avant que le rôle de Moon, qui lui valut un prix du meilleur espoir masculin à Hong Kong, ne propulse sa carrière.

Au-delà de son écriture très particulière, le film dépayse aussi par son cadre, un Hong Kong sale, sordide, loin de celui des cartes postales avec les gratte-ciels symboliques que les trois jeunes ne font qu’apercevoir d’un cimetière perché sur une colline dominant la ville.

Made in Hong Kong, indisponible depuis l’épuisement de la précédente édition par MK2 en 2008, nous revient après une restauration opérée à partir du négatif original par L’Immagine Ritrovata de Bologne et accompagné de bonus inédits.

Made in Hong Kong

Présentation - 2,0 / 5

Made in Hong Kong (109 minutes) et ses suppléments (72 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier noir de 11 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en cantonnais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Sont simultanément sortis, un Blu-ray en édition spéciale limitée FNAC dans un digipack et une édition DVD, les trois avec le même contenu.

Bonus - 2,5 / 5

Entretien avec Fruit Chan (47’, en cantonnais, sous-titré). Après l’échec commercial de ses deux premiers films et une pause de cinq ans, il a voulu, avec Made in Hong Kong, saisir le climat d’instabilité créé par la prochaine rétrocession de Hong Kong à la Chine. Pour assurer son indépendance, il a repoussé l’idée d’un financement de 2 millions de HKD et s’est résigné à réaliser le film avec 500 000 HKD (autour de 65 000 USD), l’aide de Daniel Yu et Andy Lau et… de la pellicule périmée ! Il a trouvé certains acteurs dans la rue et d’autres, souvent bénévoles, parmi ses amis, et a rassemblé une petite équipe de six ou sept personnes qu’il réveillait lui-même tous les matins. Made in Hong Kong forme, avec les deux films suivants, The Longest Summer (Hui nin yin fa dak bit doh, 1998) et Little Cheung (Xilu xiang, 1999), une trilogie sur la rétrocession, vécue dans différents milieux, qui l’a fait connaître en Asie et a été sélectionnée par plusieurs festivals. Le bon accueil de ses films par le public tient peut-être à ce qu’ils sont à mi-chemin entre le cinéma commercial et le cinéma d’art et d’essai. Au fond, les cinéastes indépendants aspirent à être « grand public » et sont aussi obligés de réaliser des films commerciaux pour survivre. La restauration du film a permis à des jeunes qui l’avait dénigré à sa sortie de l’apprécier vingt ans plus tard et à des jeunes d’aujourd’hui de le découvrir.

Made in Hong Kong

Entretien avec Doris Yang, producteur (7’, en cantonnais, sous-titré). Elle travaillait dans un cabinet d’expertise comptable à Beijing quand Fruit Chan lui a demandé de l’aider à collecter le financement de Made in Hong Kong, avec le soutien d’Andy Lau.

Entretien avec Daniel Yu, producteur exécutif (13’, en anglais, sous-titré). Il travaillait pour Teamwork, la société de production fondée par Andy Lau, quand Fruit Chan a sollicité son aide pour constituer l’équipe, préparer le tournage et lui fournir des chutes de pellicule inutilisée. Il a même poussé la dolly pour les travellings, au sein d’une petite équipe très professionnelle, peu ou pas payée. Après soixante jours de tournage, Andy Lau a investi un million de HKD pour terminer la postproduction, tirer les copies, imprimer les affiches, soumettre le film dans des festivals et préparer sa distribution.

Entretien avec Marco Müller (4’, en italien, sous-titré). Il fut le directeur de plusieurs festivals et sélectionna à Locarno Made in Hong Kong, l’exemple « d’un cinéma expérimental qui pouvait aussi être intéressant (…) d’un cinéma populaire (…) avec une approche presque godardienne et un besoin de filmer la vérité 24 fois par seconde..

Trois suppléments produits en 2020 Far East Film Festival - Tucker Film.

Bande-annonce 2018 (1’).

Made in Hong Kong

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC) a bénéficié d’une restauration, approuvée par le réalisateur et le chef opérateur, qui a conservé une palette de couleurs un peu brutes, sans chercher à lisser, ni à trop embellir le 35 mm originel. Un poil a même été épargné, à la demande de Fruit Chan, en témoignage de cette volonté ! Difficile de trouver beaucoup d’autres défauts.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 reste « brut de décoffrage », notamment dans les scènes de rue, comme l’avait souhaité le réalisateur qui tenait à capter le son direct en évitant, autant que possible, de le retoucher ou de recourir à la postsynchronisation… au prix d’une baisse automatique du volume de l’ambiance au départ de chaque dialogue.

Crédits images : © 1997 NICETOP INDEPENDENT LIMITED. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 10 février 2021
Ce film sur le blues de la jeunesse du Hong Kong juste avant la rétrocession de l’île à la Chine continentale est un bel exemple du cinéma indépendant hongkongais. Un dépaysement garanti.

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Made in Hong Kong
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