Réalisé par Masahiro Shinoda
Avec
David Lampson, Don Kenny et Tetsurô Tanba
Édité par Carlotta Films
Au début du XVIIème siècle, deux Jésuites, Sebastião Rodrigues et Francisco Garupe, débarquent clandestinement dans un village de pêcheurs proche de Nagasaki pour savoir ce qu’est devenu l’un des leurs dont ils sont sans nouvelles depuis cinq ans, Cristóvão Ferreira. Peut-être a-t-il été exécuté après l’interdiction au Japon de la pratique du christianisme qui avait attiré 300 000 fidèles…
Silence (Chinmoku), sélectionné à Cannes pour la Palme d’or en 1972, réalisé par le cinéaste japonais Masahiro Shinoda en 1971, est l’adaptation du plus célèbre ouvrage, publié en 1966, du romancier catholique Shûsaku Endô, inspiré par l’histoire réelle de Cristóvão Ferreira, un Jésuite portugais parti évangéliser le Japon. Ce roman sera à nouveau adapté, et brillamment, par Martin Scorsese en 2016 sous le même titre, Silence.
Silence vaut d’abord pour la qualité de ses dialogues (en japonais et en anglais, langue dans laquelle s’expriment surtout les deux prêtres portugais, interprétés par des acteurs américains peu connus). Ils sont centrés sur la question de l’implantation de la prétendue « vérité universelle », le christianisme, reflet d’une tout autre civilisation, celle des nations occidentales, avec ses valeurs divergentes.
Solidement interprété par des acteurs japonais, dont le plus célèbre est Tetsurô Tanba, avec un impressionnant palmarès de près de 350 rôles, notamment dans Harakiri (Seppuku, Masaki Kobayashi, 1982) et connu hors de l’archipel par plusieurs contributions à Hollywood, par exemple dans On ne vit que deux fois (You Only Live Twice, Lewis Gilbert, 1967). Et aussi Eiji Okada (Hiroshima mon amour, Alain Resnais, 1959), Shima Iwashita, également vue dans Harakiri et en tête de distribution de Le Goût du saké (Sanma no aji, Yasujirô Ozu, 1962).
Silence tire un autre atout de la qualité de la photo de Kazuo Miyagawa qui fut le chef-opérateur de six autres films de Masahiro Shinoda, mais aussi d’Akira Kurosawa pour trois de ses chefs-d’oeuvre, Rashomon (1950), Yojimbo (1961) et Kagemusha : l’ombre du guerrier (1980).
Cerise sur le gâteau, en parfait contrepoint à l’image, la composition originale pour cordes pincées et percussions de Tôru Takemitsu, qui signera en 1985 l’inoubliable partition de Ran d’Akira Kurosawa.
Silence (130 minutes) et ses suppléments (7 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans boîtier de 11 mm, glissé dans un fourreau.
Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en japonais et en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.
Préface de Pascal-Alex Vincent (7’), auteur du Dictionnaire du cinéma japonais et coauteur avec Tomuya Endô de L’Âge d’or du cinéma japonais, édités par Carlotta avec sept films sur DVD. Shûsaku Endô, l’auteur du roman, est si célèbre au Japon qu’un musée lui a été dédié à Nagasaki. Les persécutions des chrétiens avaient déjà inspiré en 1931 au cinéaste Tomiyasu Ikeda le film Junkyo kesshi nihon nijuroku seijin (Les 26 martyrs du Japon).
Bande-annonce originale et bande-annonce de 2019.
L’image (1.37:1, 1080p, AVC), magnifiquement restaurée, parfaitement résolue, stable, propose une chaude palette de couleurs vives, soigneusement étalonnées. Lumineuse, bien contrastée, avec des noirs très denses, jamais bouchés, elle assure une parfaite lisibilité de toutes les scènes, même filmées dans une quasi-obscurité.
Le son DTS-HD Master Audio 1.0, très propre, avec une bonne dynamique et un spectre ouvert, assure la clarté des dialogues et met en valeur l’accompagnement musical de Tôru Takemitsu en dépit de saturations occasionnelles.
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