Figaro (1929) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Gaston Ravel
Avec Ernst Van Duren, Arlette Marchal et Marie Bell

Édité par Gaumont

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 23/08/2021
Critique

Une des rares adaptations du théâtre de Beaumarchais est tirée de l’oubli par Gaumont avec cette édition exclusive d’une version restaurée.

Figaro

Figaro, un barbier et écrivain public de Séville, est appelé pour raser de près le docteur Bartholo, « juste assez honnête pour n’être point pendu » : il doit épouser Rosine, sa jeune pupille, « orpheline de noble famille », qu’il séquestre à l’abri du regard de nombreux soupirants, notamment du comte Almaviva, « le plus dangereux de tous ». Figaro subtilise une clef de la demeure de Bartholo qu’il donne au comte qui se fait passer pour Lindor, un simple bachelier, pour être aimé pour lui-même, pas pour sa fortune. Il réussit ainsi à prendre la place de Bazile, « l’âme damnée de Bartholo » et maître de chant de Rosine. Mais la supercherie est vite éventée…

Figaro

Figaro, sorti en 1929, réalisé par Gaston Ravel, auteur pour Gaumont d’une soixantaine de films de 1914 à 1934, et par le décorateur Tony Lekain, coréalisateur de sept de ces films, est l’adaptation assez libre de La Trilogie de Figaro, aussi appelée Le Roman de la famille Almaviva, composée de trois pièces créées par Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais de 1775 à 1792, Le Barbier de Séville, ou la précaution inutile, sur la rencontre et le mariage du comte et de Rosine, La Folle journée, ou le mariage de Figaro, sur l’infidélité du comte et L’Autre Tartuffe, ou la mère coupable, sur la découverte d’une liaison passée de la comtesse.

Beaumarchais a aussi inspiré deux chefs-d’oeuvre du bel canto, à Wolfgang Amadeus Mozart son opéra Le Nozze di Figaro en 1786, et à Gioacchino Rossini son opéra-bouffe Il Barbiere di Siviglia en 1816. Pièces et opéras ont été adaptés, le plus souvent captés, pour la télévision plus de 80 fois.

Figaro

Figaro, le film de Gaston Ravel, avec de nombreuses scènes tournées en extérieur, doit beaucoup aux jeux d’ombres et de lumière de la photographie d’Albert Duverger que Luis Buñuel choisira comme chef-opérateur pour Un Chien andalou, en 1929 et pour L’Âge d’Or, en 1930, aux décors de Tony Lekain et aux costumes de Georges K. Benda qu’allaient employer René Clair pour Le Million (1931) et Jacques Feyder, à cinq reprises, notamment pour La Kermesse héroïque (1935).

Dans le rôle-titre, Ernst Van Duren, un danseur, célèbre vedette de music-hall, et trois sociétaires de la Comédie-Française : Marie Bell, dans le rôle de Suzanne, Jean Weber, pour la première fois devant une caméra, dans celui de Chérubin et Odette Talazac, dans celui de la duègne Marceline et qu’on reverra en 1939 dans La Règle du jeu de Jean Renoir.

Gaumont avait déjà proposé dans le coffret Gaumont 120 ans - Volume 1 : 1895-1929 (le muet) treize courts métrages de Gaston Ravel. Figaro est, pour la première fois, édité en vidéo après une restauration opérée en 2019 pour Gaumont par le Laboratoire Eclair en 2K après scan 4K de deux négatifs originaux nitrate conservés par La Cinémathèque française.

Figaro

Présentation - 3,0 / 5

Figaro (109 minutes) et ses suppléments (24 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans le traditionnel boîtier bleu, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film muet avec accompagnement musical original du compositeur et guitariste chilien Alvaro Bello Bodenhöfer au format audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo, dans lequel on reconnaît quelques citations de Gioacchino Rossini, notamment de l’air de la calomnie.

Sous-titres anglais disponibles.

Une édition DVD est sortie simultanément avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

L’autre Ravel - Gaston Ravel, l’oublié, un hommage de Pierre Philippe et Agnès Bertola (14’). En 1914, un dirigeable survole « la cité Elgé », abritant les studios créés par Léon Gaumont en 1904. Le journaliste Gaston Ravel y est embauché à 35 ans. Pendant l’absence de Louis Feuillade, appelé sous les drapeaux, il fait tenir huit rôles d’ingénues à Musidora, l’inquiétante Irma Vep du sérial Les Vampires. Il réalisera ensuite treize longs métrages à Rome où il rencontrera Théodore Weil qui adoptera le pseudonyme de Tony Lekain. Il réalise en 1923 l’exotique et ambitieux serial Tao, d’une durée de près de cinq heures, dans lequel Tony Lekain tient un rôle important. Mais il brûle du désir d’adapter des oeuvres littéraires et connaît son premier succès public en 1928 avec Madame Récamier dans lequel jouent Marie Bell, encore débutante, et Françoise Rosay. Sorti en 1929, son premier film parlant, Le Collier de la reine, sera un échec. Cinq ans et cinq films plus tard, Gaston Ravel abandonne le cinéma.

Le regard d’un historien du théâtre (8’) par Martial Poirson, historien du théâtre, auteur et enseignant à Paris VIII. Les pièces de Beaumarchais, dont la saveur tient aux répliques, sont difficilement adaptables au cinéma, notamment au muet, en dépit d’une utilisation de l’espace qu’il a appris de son expérience de la « parade », une forme de pantomime, bien exploitée par Gaston Ravel. Le film fait ressortir la nostalgie du libertinage des classes aisées et de la dénonciation des privilèges par une oeuvre prérévolutionnaire.

Figaro restauré (2’). Quelques plans suffisent pour vérifier que la restauration a débarrassé l’image de toute trace de dégradation des négatifs, l’a stabilisée, en a affermi les contrastes avec des blancs plus lumineux et des noirs plus denses. Le contrôle du grain respecte la texture du 35 mm.

Figaro

Image - 4,0 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC), bien résolue sur une belle profondeur de champ, très propre, stable et agréablement contrastée, propose un dégradé de gris soigneusement étalonné. Le grain argentique aurait pu être légèrement réduit.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, avec une bonne dynamique et une large ouverture du spectre, malgré une faible séparation des deux canaux, met en la partition composée et interprétée par Alvaro Bello Bodenhöfer à la guitare, accompagné au piano et par quelques instruments à vent.

Crédits images : © 1929 Gaumont

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 20 octobre 2021
Exhumée par Gaumont de son inépuisable collection de films français, voici, en exclusivité, après une remarquable restauration, la première adaptation pour l’écran de la trilogie de Beaumarchais, magnifiquement filmée.

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)