Les Bas-fonds (1936) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Jean Renoir
Avec Jean Gabin, Suzy Prim et Louis Jouvet

Édité par Gaumont

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Le 30/06/2021
Critique

Un film important de Jean Renoir, enfin disponible dans une édition recommandable. L’unique confrontation entre Jean Gabin et Louis Jouvet.

Les Bas-fonds

Pépel, voleur de son état, un des pensionnaires de Kostileff, receleur et marchand de sommeil hébergeant des laissés pour compte, tente son gros coup, le cambriolage d’un somptueux hôtel particulier. Il est surpris en flagrant délit par l’occupant des lieux, le baron, un flambeur qui a tout perdu au jeu, y compris les 50 000 roubles des fonds secrets du gouvernement qui l’emploie. Les deux hommes sympathisent aussitôt…

Les Bas-fonds, l’adaptation par Jean Renoir et Charles Spaak de Na dnie, la pièce de Maxime Gorki, montée en 1902, qui sera une dizaine de fois transposée à l’écran, notamment par Akira Kurosawa en 1957 (Les Bas-fonds, Donzoko). Une adaptation très libre : alors que le personnage principal du roman se suicide, celui du film marche vers l’espoir d’un futur heureux dans un dernier plan en forme d’hommage à Charles Chaplin.

Les Bas-fonds est le seizième long métrage de Jean Renoir. S’il n’a pas encore la renommée internationale que va lui donner, un an plus tard, la sélection aux Oscars de La Grande illusion, le cinéaste avait attiré l’attention de la critique avec Toni et Le Crime de Monsieur Lange.

Les Bas-fonds

En acceptant de jouer dans Les Bas-fonds, Jean Gabin ouvrit en grand à Renoir les portes des Studios Éclair à Épinay-sur-Seine où fut tourné, en un mois, l’essentiel du métrage avec quelques extérieurs filmés sur les berges de la rivière.

La distribution est complétée par un Louis Jouvet, théâtral comme toujours, dans un jeu qui tranche avec celui de Gabin, « l’acteur qui n’a pas l’air de jouer ». À leurs côtés, Suzy Prim dans le rôle de Vassilissa, l’épouse de Kostileff et la maîtresse de Pépel, Jany Holt dans celui de sa jeune soeur Natacha. Il y a aussi Gabriello, mais on remarque surtout Robert Le Vigan, dans le rôle de l’acteur alcoolique, et Maurice Baquet, dans celui d’Alochka, le fou accordéoniste.

Les Bas-fonds est servi par la photographie, avec des éclairages expressionnistes, de Fédote Bourgasoff, un autre Russe émigré en France en 1917, le chef-opérateur de près d’une soixantaine de films, parmi lesquels Knock, ou le triomphe de la médecine (Roger Goupillières et Louis Jouvet, 1933) et Le Roman de Werther (Max Ophüls, 1938).

Les Bas-fonds, récompensé par le Prix Louis Delluc, est enfin disponible dans une version digne, restaurée pour Gaumont par le Laboratoire Éclair après numérisation 4K, et accompagnée de deux compléments exclusifs.

Les Bas-fonds

Présentation - 3,5 / 5

Les Bas-fonds (93 minutes) et ses suppléments (37 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans un boîtier bleu standard de 11 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0. mono.

Piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Sous-titres pour malentendants et sous-titres anglais.

Bonus - 4,0 / 5

L’Idéal ouvrier (30’, Gaumont Vidéo, 2021) avec les interventions de Patrick Glâtre, auteur de Jean Gabin, la traversée d’un siècle (Créaphis, 2004) et de Pascal Mérigeau, critique et auteur de Jean Renoir (Flammarion, 2012). Les Bas-fonds est le premier des quatre films que Jean Renoir tourna avec Jean Gabin dont le nom sur l’affiche était décisif pour convaincre les producteurs. Produit, au moment de la mode des « films russes », par deux émigrés, Alexandre Kamanka et Vladimir Zederbaum, il sort un an avant La Grande illusion qui allait assurer la renommée du cinéaste. Au temps du Front populaire, « l’aristocratie s’efface devant le prolétariat » avec la relégation du baron au second plan qui déséquilibre le film, parti sur le thème de l’amitié entre les deux personnages. Pour Patrick Glâtre, « Gabin représente l’idéal ouvrier », affirmation très discutable dans la mesure ou Pépel avoue ne rien savoir faire d’autre que voler ! Tourné en un mois, le film connut un succès commercial correct. Jean Renoir abandonna l’idée d’un remake à Hollywood avec Tony Curtis.

La restauration (3’). La comparaison entre l’image avant restauration, à gauche, et après restauration, à droite, est déconcertante : l’image restaurée, stabilisée et débarrassée des taches apparait plus terne, moins lumineuse, avec des noirs poreux !

Bande-annonce (4’).

Les Bas-fonds

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), restaurée en 2020 par les Laboratoires Éclair, a été minutieusement débarrassée de toute marque de dégradation de la pellicule, stabilisée, propose des contrastes fermes, équilibrés entre des blancs lumineux et des noirs denses par un soigneux étalonnage mettant en valeur la beauté des éclairages. Le seul reproche tient à l’effacement du grain par un léger excès de lissage.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, très propre lui aussi, assure une claire restitution des dialogues occupant une place essentielle, dans un bon équilibre avec l’accompagnement de Jean Wiener, pratiquement exempt de saturations. Le souffle a été complètement éliminé dans les intérieurs. Le léger bruit de fonds relevé dans les quelques extérieurs est certainement dû au son direct.

Crédits images : © 1936 GAUMONT

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 1 juillet 2021
Les Bas-fonds, récompensé par le Prix Louis Delluc, une belle relecture par Jean Renoir de la pièce de Maxime Gorki, est enfin disponible dans une version digne, restaurée et accompagnée de deux compléments exclusifs.

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