Frances (1982) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Graeme Clifford
Avec Jessica Lange, Sam Shepard et Kim Stanley

Édité par Studiocanal

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Le 18/06/2021
Critique

Jessica Lange fait revivre des épreuves infligées à une actrice qui s’est rebellée contre le système hollywoodien, à la fin des années 30.

Frances

Frances Farmer, farouchement indépendante, commença d’attirer l’attention sur elle à 16 ans en gagnant le concours de dissertation des lycées de l’État de Washington, en choisissant comme sujet la mise en doute de l’existence de Dieu. Elle signera à 22 ans un contrat de sept ans avec Paramount Pictures qui vit en elle l’étoffe d’une future star de l’écran, sans deviner qu’il lui serait impossible d’accepter de rentrer dans le moule imposé par Hollywood…

Frances, sorti en 1982, est le premier, et de loin le meilleur, des quatre films réalisés pour le grand écran par Graeme Clifford, entré dans l’univers du cinéma comme monteur, notamment de Ne vous retournez pas (Don’t Look Now, Nicolas Roeg, 1973), The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975) et Le Facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice, Bob Rafelson, 1981).

Frances

Son succès au concours de dissertation de l’État de Washington valut à Frances Farmer un début de notoriété, mais aussi l’anathème d’une bigote la vouant aux feux de l’enfer, probablement un signe prémonitoire des risques encourus, dans l’Amérique d’avant-guerre, à s’opposer à l’ordre établi. Sa beauté et une expérience sur les planches attirèrent l’attention de Paramount Pictures en 1935. Résistant aux pressions du studio pour modeler son image, après une quinzaine de films oubliés, sauf Come and Get It (coréalisé en 1936 par Howard Hawks et William Wyler) et, en 1942, Son of Fury de John Cromwell, avec Tyrone Power et Gene Tierney, pour Twentieth Century-Fox. L’abus d’alcool et plusieurs infractions aboutirent à son internement d’office. Dès 1942, elle fut soumise à des traitements lourds, injections d’insuline et électrochocs, mais pas lobotomisée, ni, peut-être, détenue dans les horribles conditions décrites par le film, rappelant l’inoubliable documentaire réalisé par Frederick Wiseman en 1967, Titicut Follies. Après sa libération, en 1950, elle apparut dans un film à distribution confidentielle et quatre fois à la télévision, jusqu’à ce qu’un cancer de l’oesophage l’emporte en 1959, à 56 ans.

Frances

Frances, si l’on passe sur les entorses à la vérité du scénario coécrit par Nicholas Kazan, un des fils d’Elia Kazan, fait clairement ressentir la pression exercée, non seulement par Hollywood, mais par la société tout entière, les agressions de journalistes en quête de petits scandales à donner en pâture à leurs lecteurs. Il bénéficie d’une réalisation soignée, du talent de László Kovács, chef-opérateur d’Easy Rider (Dennis Hopper, 1969) et de 5 pièces faciles (Five Easy Pieces, Bob Rafelson, 1970), d’un accompagnement musical par John Barry et d’une solide distribution, avec Sam Shepard et, dans le rôle de Lilian, la mère de Frances, Kim Stanley, nommée pour cette performance à l’Oscar du meilleur second rôle. Mais c’est Jessica Lange qui porte le film, habitée par son personnage, dans une prestation largement plus impressionnante que celle qui lui vaudra, douze ans plus tard, l’Oscar d’interprétation féminine pour Blue Sky (Tony Richardson, 1994).

Frances, un film dont les années qui passent ne peuvent effacer le souvenir, longtemps indisponible, a heureusement été réédité par Studiocanal, pour la première fois en haute définition, et, cette fois, complété par des bonus exclusifs, dans la Collection Make My Day. Lancée en 2018 par Jean-Baptiste Thoret, elle est en passe de proposer aujourd’hui une cinquantaine de titres, certains pour la première fois disponibles en vidéo, tel le remarquable Mandingo, réalisé par Richard Fleischer en 1975. Mine d’or pour le cinéphile, elle a obtenu en 2019 le Prix de la meilleure collection ou coffret décerné par le jury DVD/Blu-ray du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision.

Frances

Présentation - 4,0 / 5

Frances (140 minutes) et ses suppléments (65 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, pour cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier glissé dans un fourreau, non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu fixe et muet propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres imposés, et dans un doublage en français, les deux formats audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Bonus - 4,0 / 5

Préface de Jean-Baptiste Thoret (9’). Avec un assez bon succès à sa sortie, ce film a donné son plus beau rôle à Jessica Lange, faire revivre la tragique histoire de Frances Farmer, vue par Paramount comme la prochaine Greta Garbo, peu à peu marginalisée par son refus d’accepter toutes les compromissions du statut de star hollywoodienne. Le scénario reste flou sur ce qui a guidé Frances Farmer vers son triste destin : une faiblesse du film qui peut être aussi une force, en incitant le spectateur à chercher la clef d’une énigme, à se demander ce qu’est la normalité.

Frances

Frances revu par Mathieu Larnaudie (56’), auteur de Notre désir est sans remède (Actes Sud, 2015), une biographie de Frances Farmer, dont Kenneth Anger avait évoqué le cas dans un chapitre de son livre Hollywood Babylon (édité en France par Tristram en 2015). Mathieu Larnaudie, dans son livre, a choisi d’examiner, dans la vie de Frances Farmer, des moments-clés qui entrent en résonance avec l’histoire de l’Amérique, qui font d’elle un personnage politique : la lecture de son essai au lycée, son arrestation par la police, son engagement avec les communistes, son soutien aux républicains espagnols, la coercition exercée sur elle par Hollywood, les accès de violence « d’un personnage à la fois fort et pas complètement vertébré », son internement dans le service psychiatrique du Western State Hospital. Le scénario du film semble avoir été adapté d’une biographie publiée en 1976 par William Arnold, Shadowland, avec quelques libertés prises avec la vérité : rien, notamment, ne permet d’établir que Frances Farmer ait été lobotomisée.

Frances

Image - 4,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC) est d’une qualité très proche de celle, excellente, lumineuse, bien contrastée avec des noirs denses, de la toute première édition DVD, sortie aux USA par Artisan en 1999, mais qui avait été légèrement recadrée au ratio 1.78:1. Le transfert en haute définition a, au moins, le mérite d’éviter un lissage qui aurait dénaturé la texture du 35 mm, ce qui aurait, de plus, été inutile dans la mesure où la résolution de la première édition était tout à fait satisfaisante.

Frances

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, lui aussi, diffère très peu de celui de cette première édition, propre, avec une ouverture de la bande passante et une dynamique honnêtes. La séparation des deux canaux est restée très faible, pratiquement discernable dans le seul accompagnement musical.

Ces remarques s’appliquent au doublage en français, d’une qualité artistique acceptable, avec une dynamique légèrement affaiblie.

Crédits images : © Brooksfilms

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 19 juin 2021
Hollywood voyait en Frances Farmer la future Greta Garbo, sans imaginer qu’elle refuserait de rentrer dans le moule. Une bouleversante performance de Jessica Lange, à nouveau disponible, pour la première fois en haute définition, avec des bonus exclusifs.

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