Le Survivant d'un monde parallèle (1981) : le test complet du Blu-ray

The Survivor

Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret

Réalisé par David Hemmings
Avec Robert Powell, Jenny Agutter et Joseph Cotten

Édité par Rimini Editions

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Le 17/11/2021
Critique

Rien ne peut expliquer que le pilote d’un Boeing 747 soit le seul à sortir indemne d’un crash qui ne lui laissait aucune chance de survivre.

Le Survivant d'un monde parallèle

Le seul rescapé du crash Boeing 747 qui fit plus de 300 morts est le capitaine Keller, le pilote. Contre toute vraisemblance, alors que le copilote et le mécanicien ont été retrouvés carbonisés dans le cockpit, il s’en sort sans la moindre égratignure, mais amnésique. Vite halluciné par des apparitions de victimes, il cherche à déterminer la cause de l’accident, aidé par Hobbs, une institutrice qui, elle aussi, semble entendre les plaintes des disparus…

Le Survivant d’un monde parallèle (The Survivor), sorti en 1980, est le troisième film réalisé par l’acteur David Hemmings qui, depuis 1957, enchaînait les rôles au Royaume Uni jusqu’à ce que Blow-Up de Michelangelo Antonioni, salué par la Palme d’or, lui assure en 1966 une réputation internationale. Et, peut-être, lui donne l’idée de s’essayer aussi à la réalisation, à partir de 1972, avec Running Scared, plutôt bien reçu, qui sera suivi par The 14, un drame social distingué en 1973 à Berlin par l’Ours d’argent. Suivra la réalisation de cinq autres films pour le grand écran, de quatre téléfilms et de nombreux épisodes de séries, notamment de 8 des 29 épisodes de La Malédiction du loup-garou (Werewolf, créée par Frank Lupo en 1987).

Le Survivant d’un monde parallèle, récompensé par le Prix de la Critique Internationale au festival de Sitges, est l’adaptation par le scénariste David Ambrose de The Survivor, publié en 1976 (puis en France en 1978 sous le titre Celui qui survit), le troisième des 24 romans de James Herbert, spécialisé dans le paranormal et les catastrophes, ce qui lui valut d’être souvent étiqueté « le Stephen King britannique ». Il a inspiré la minisérie The Secret of Crickley Hall (2912), et quatre autres longs métrages, tous édités en vidéo, Les Rats attaquent (Deadley Eyes, Robert Clouse, 1982), Fluke (Carlo Carlei, 1995), La Chapelle du Diable (The Unholy, Evan Spiliotopoulos, 2021) et, le plus réussi pour moi, Haunted (Lewis Gilbert, 1995), avec Kate Beckinsale et Aidan Quinn en tête d’affiche.

Le Survivant d’un monde parallèle bénéficie d’une solide distribution, avec, dans le rôle principal, Robert Powell que David Hemmings avait employé dans son premier film. Ils venaient de se retrouver en tête d’affiche de Harlequin (Simon Wincer, 1980). Jenny Agutter, revenue en Australie dix ans après le tournage du merveilleux Walkabout (Nicolas Roeg, 1971), allait retourner à Londres pour le tournage de Le Loup-garou de Londres (An American Werewolf in London, John Landis 1981). Elle avait précédemment joué avec Robert Powell dans Shelley (Alan Bridges, 1972) un biopic de Mary Shelley, l’auteur de Frankenstein; or, The Modern Prometheus. On y voit aussi Joseph Cotten sortant du tournage de La Porte du paradis (Heaven’s Gate, Michael Cimino, 1980) dans lequel il tenait aussi un rôle de prêtre.

Après la scène introductrice du crash, assez impressionnante pour un film à petit budget sans les possibilités qu’offriront les effets spéciaux numériques, la tension dramatique se relâche à plusieurs reprises. Mais, on pourra apprécier l’originalité d’un scénario fantastique dont les ambiguïtés, toutefois, risquent de ne pas répondre aux attentes des esprits trop cartésiens.

Le Survivant d'un monde parallèle

Présentation - 4,0 / 5

Le Survivant d’un monde parallèle (99 minutes, pour la version longue, 81 minutes pour la version courte) et ses suppléments (52 minutes), proposé par Rimini Éditions, tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur deux DVD-9, l’un avec la version longue et les deux suppléments du Blu-ray, l’autre avec la version courte et la bande-annonce. Les trois disques sont logés dans un digipack à trois volets, glissé dans un étui.

Le menu animé et musical propose le montage long, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format DTS-HD Master Audio 2.0 mono, le montage court en définition standard MPEG 2, en anglais avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Dolby Digital 2.0 mono.

À l’intérieur du digipack, un livret de 20 pages rédigé par Marc Toullec, intitulé Crash et rififi en Australie. Il recueille les impressions de James Herbert sur les producteurs, « sympathiques mais un peu flambeurs », rappelle les difficultés de collecte du budget, cofinancé par la société britannique Hemdale, complété en partie par une prévente du film à l’aide d’une « bande promotionnelle » conçue par le réputé Brian Trenchard-Smith. La scène du crash, longtemps préparée, a obligé la production à construire l’épave d’un avion, aucune compagnie n’acceptant de prêter un avion impliqué dans une catastrophe. Le choix d’édulcorer les passages les plus horribles du roman, « de faire un film d’épouvante sans épouvante » précisera David Hemmings, explique probablement l’échec commercial du film que James Herbert, invité à une projection à Adelaïde, a trouvé « incohérent et mal fichu ». La version courte montée quelques mois après la sortie n’a pas opéré de miracle et rendu un des personnages incompréhensible. Le romancier a proposé à Robert Powell d’être le narrateur de l’édition audiobook du roman, sortie quelque temps après son décès en 1993.

Le Survivant d'un monde parallèle

Bonus - 3,5 / 5

Sur le tournage (30’, 1981, 1.33:1, en anglais, sous-titres optionnels). Le crash de l’avion a été filmé à Adelaïde sous différents angles par cinq caméras. Après un bref commentaire de la scène du crash, la présentatrice interroge longuement les acteurs, Joseph Cotten, Jenny Agutter et Ralph Cotterill, un acteur anglais qui a déroulé une grande partie de sa carrière en Australie, et Angela Punch McGregor, actrice de théâtre réputée en Australie, pratiquement sans leur poser aucune question sur le film. Elle indique, à tort, que le film Fog (John Carpenter, 1980) est adapté du roman The Fog de James Herbert, alors qu’il met en scène un scénario original coécrit par le réalisateur et Debra Hill, et ne reprend pas Jenny Agutter quand elle dit avoir précédemment joué avec Robert Powell dans le téléfilm The Railway Children (Lionel Jeffries, 1970) alors que c’était dans Shelley, réalisé par Alan Bridges en 1972.

Interview d’Antony I. Ginnane et de John Seale, directeur de la photographie (22’, en anglais, sous-titré, City Films Worlwide, 2017). Ces entretiens ont été enregistrés en 2008 par Mark Hartley pour son documentaire Not Quite Hollywood, une histoire du cinéma de genre australien des années 70 et 80. Le producteur Antony I. Ginnane indique que les films qu’il avait produits jusque-là développaient des scénarios originaux, alors que The Survivor adaptait un bestseller. Il a convaincu le détenteur des droits, le distributeur britannique Laurence Myers, de s’associer avec lui pour produire le film. L’option était de réduire la dimension gore du livre « pour faire quelque chose de plus cérébral (…), ambigu, incertain » dans la veine de The Innocents (Jack Clayton, 1961), The Haunting (Robert Wise, 1963) ou encore de Rosemary’s Baby (Roman Polanski, 1968). Ce qui fut peut-être une erreur car elle rendait le film trop elliptique, difficile à suivre pour certains. Le succès commercial de Harlequin (Simon Wincer, 1980), avec Robert Powell et David Hemmings, facilita la vente de The Survivor. Le film fut pourtant un relatif échec commercial, sauf en Amérique Latine où Jésus de Nazareth (Gesù di Nazareth, Franco Zeffirelli, 1977) avait fait triomphe avec Robert Powell dans le rôle-titre. Il souligne les difficultés du tournage, en pleine nuit, de la scène du crash qui n’autorisait qu’une seule prise. La production fut aussi confrontée aux « méthodes bolchéviques » de l’Actors’ Equity, le syndicat qui s’opposait à l’embauche d’acteurs étrangers.

John Seale, alors qu’il n’avait été le chef-opérateur de seulement deux films, fut surpris qu’on fasse appel à lui pour The Survivor, le premier film tourné en Australie avec un budget dépassant le million de dollars. La scène du crash était un réel défi, avec cinq caméras, 72 véhicules (ambulances, pompiers, police), des quantités de figurants répartis sur une grande surface. Il reconnaît les faiblesses du scénario et une fin abrupte.

Le Survivant d'un monde parallèle

Image - 4,0 / 5

L’image (1080p, AVC), au ratio 2.39:1 (alors que le boîtier indique 2.35:1), lumineuse, agréablement contrastée avec des noirs assez denses, très occasionnellement bouchés, est, dans l’ensemble, un peu douce avec un manque de piqué décelable dans les plans larges. D’autre part, l’étalonnage des couleurs tend à donner aux visages une dominante trop rouge, sauf dans les plans en pleine lumière.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono de la version longue est caractérisé par une pauvreté en graves surtout ressentie dans la spectaculaire scène du crash au timbre aigrelet. Il est cependant très propre, pratiquement sans souffle, avec une dynamique satisfaisante.

Le son standard Dolby Digital 2.0 mono de la version originale est plus étriqué avec une dynamique plus faible. Ces observations valent pour le doublage, parfois affligeant.

Seul le son de la version longue a été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Tuesday Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 18 novembre 2021
L’acteur David Hemmings, passé derrière la caméra, nous propose une approche ambiguë et très originale du fantastique qui aurait gagné à s’appuyer sur un scénario plus structuré. Une curiosité !
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jean-marc
Le 15 novembre 2021
Film a 2 balles, très série Z à très petit budget, vu il y a longtemps et qui ne donne absolument pas envie d'être revu.
Etonnant qu'ils le sortent en bluray. Le master HD a dû couter plus cher que le film lui-même.
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Julien
Le 22 janvier 2003
Mouais, ça passe, mais pas une révolution. L'image est le point fort de cette version car propre et nette, le son, en mono biphasé (2.0) haut débit reste très acceptable, mais les bonus font un peu pitié (cela dit, je me demande comment ils auraient pu trouver des bonus dignes de ce nom pour un film pareil). Enfin, une simple version pour un film pour le moins bizarre car j'ai moi-même du mal à comprendre certaines choses dans ce dernier.

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