Réalisé par Carlos López Estrada
Avec
Austin Antoine, Marquesha Babers et Bryce Banks
Édité par Metropolitan Film & Video
Les chemins de 27 jeunes poètes, auteurs et interprètes de slam et de rap, se croisent pendant 24 heures aux quatre coins de Los Angeles, de Venice Beach à Hollywood Hills.
Summertime, le deuxième long métrage de Carlos López Estrada, est sorti dans nos salles en septembre 2021, trois ans après Blindspotting, le savoureux cocktail de comédie, de violence, de musique et de suspense avec, en toile de fond, une dénonciation de la violence policière, nommé en 2018 au Grand prix du jury à Sundance et salué par le Prix de la critique au Festival du cinéma américain de Deauville. La musique tient une grande place dans sa filmographie : il a réalisé de nombreux clips.
La caméra de Summertime suit, pendant 24 heures, dans différents quartiers de Los Angeles, deux douzaines de blancs, afro-américains, latino-américains, asiatiques qui ont en commun d’êtres jeunes, en-dessous de la trentaine et de s’adonner à la poésie et à la musique, dans le style slam ou rap… certains avec l’ambition de « changer le monde ».
Le scénario de Dave Harris, coécrit avec les poètes, a placé certains d’entre eux dans une situation imaginaire, avec des préoccupations bien particulières. Tyris, sans domicile fixe, est engagé dans la quête désespérée d’un cheeseburger à la portée de ses moyens limités. Maia file son compagnon dont elle doute de la fidélité, tout en se cherchant une autre identité : « I want to be everything I never was ». Une psychiatre conseillère conjugale interrompt une session pour se rendre à son rendez-vous hebdomadaire chez son thérapeute. Deux rappeurs aux aspirations divines, Rah et Anewbyss, incapables de décider les passants à délier le cordon de leurs bourses, attirent fortuitement l’attention d’un producteur qui les propulse en un éclair au statut de stars. Un autre, Jason, le tagger, doit jouer à cache-cache avec la police…
En faisant, comme Short Cuts - Les Mméricains de Robert Altman en1993, se croiser dans la cité des anges le chemin de personnages qui ne se connaissaient pas, Summertime, difficile à classer, dévoile de multiples exemples d’une forme d’art populaire et révèle de tous nouveaux talents. Le scénario, habilement ficelé, réunit une partie d’entre eux dans une monstrueuse limo d’une longueur telle qu’elle ne tient jamais tout entière sur l’écran et, selon l’aveu du réalisateur dans son commentaire, « makes the film go off the rails ».
La musique adoucit les moeurs
Ce proverbe, dont certains attribuent la paternité à Aristote, pourrait être le message de Summertime. La musique, le rap, le slam pourraient bien être un exutoire à l’agressivité, un moyen de créer la cohésion entre des individus qui s’ignorent. Par exemple, faire communier dans la danse le personnel de cuisine d’un restaurant chinois ou unir dans un ballet improvisé les serveuses en uniforme rouge d’un autre restaurant.
Une certitude : le film soutient le respect de la différence, ardemment prêché en vers par Milla, une guitariste-poétesse, à l’adresse d’un jeune qui s’était offusqué de voir deux femmes septuagénaires s’embrasser passionnément dans un bus.
Summertime (91 minutes) et ses suppléments (70 minutes, sans compter le commentaire audio) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, pour cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9 avec le même contenu, dans un digipack, glissé dans un étui carré d’un peu plus de 17 cm de côté (la hauteur d’un boîtier Blu-ray), contenant un livret au même format. Un conditionnement insolite pour un film insolite !
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio, DTS-HD Master Audio 5.1.
Le livret de 36 pages, intitulé Summertime: Odes to LA, un extrait du livre Odes to LA publié pour accompagner le film, s’ouvre sur un avant-propos de Carlos López Estrada se rappelant les émotions ressenties avec les poètes à travers les yeux desquels il a redécouvert Los Angeles. Inventivement mis en page, illustré de photos du film et de plateau, il contient sept poèmes et la partition de la chanson Summertime 1m04 0de to Yelp et… douze critiques de bistros par Tyris, le poète en quête d’un cheeseburger !
Commentaire audio du réalisateur et des acteurs (en anglais, sans sous-titres). Carlos López Estrada voit son film comme une création collective et présente, au fur et à mesure de leur apparition sur l’écran, les différents protagonistes. La première, Olympia, récite un poème en s’accompagnant à la guitare et donne, d’emblée, la tonalité du film. Les acteurs, spontanément ou en réponse aux questions du réalisateur, communiquent leurs vues sur la poésie, leurs impressions sur Los Angeles, rappellent leur parcours, relatent des anecdotes du tournage. Un débat sympathique, assez bien organisé, dont l’écoute est recommandée aux spectateurs parlant l’anglais.
Making of Summertime (46’). L’idée du film est venue à Carlos López Estrada de la rencontre avec de jeunes artistes à Get Lit, une association sans but lucratif fondée en 2006 à Los Angeles pour promouvoir auprès des jeunes la poésie. « Le film sera ce que les 27 jeunes artistes en feront », réunis en atelier après qu’il leur ait donné une idée générale du projet, qu’une des participantes qualifie de « lettre d’amour à Los Angeles ». Suivent des aperçus du tournage, de la postproduction, des réactions des participants après la projection d’un premier montage, de l’arrivée à Sundance sous la neige, de la rencontre avec des célébrités, de la première le 23 janvier 2020.
Devenir poète avec Kelly Marie Tran (8’). Quelques jeunes confient au réalisateur comment ils sont venus à la poésie, cet art difficile qui oblige à « sortir les mots de soi-même comme si on arrachait son coeur ». Kelly Marie Tran monte sur scène pour lire Work in Progress, sa description d’elle-même.
Questions - réponses (12’). Des poètes-acteurs échangent avec Carlos López Estrada leurs impressions sur l’expérience collective que fut la réalisation du film, dans un climat de confiance et d’entraide, évoquent leurs aspirations dans un futur ou « tout est possible ».
Home, part 3 (3’). Lu par six poètes, Home, le souvenir laissé par le cocon familial.
Bande-annonce (1’48”).
L’image numérique (1.78:1, 1080p, AVC) déploie des couleurs naturelles, agréablement saturées, et des contrastes fermes avec des noirs denses. L’ajout d’un léger grain lui donne la texture du 35 mm, sans nuire à la définition.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 garantit l’essentielle des textes récités et délivre finement la musique. L’impression d’immersion dans l’ambiance est limitée par une sollicitation trop discrète des canaux latéraux.
Crédits images : © Los Angeles Media Fund