Jazz on a Summer's Day (1959) : le test complet du Blu-ray

Attendu depuis longtemps, cet unique film du célèbre photographe Bert Stern nous arrive parfaitement restauré. À voir et à écouter !

Bert Stern est surtout connu comme photographe de mode et pour une série de clichés de Marilyn Monroe pris peu de temps avant sa mort. Mais il a aussi réalisé un film, encore inédit en vidéo en France.

Bert Stern (1929-2013), l’un des plus célèbres photographes de mode, est entré à 16 ans au service courrier du magazine Look où il a fait la connaissance d’un photographe débutant, un certain Stanley Kubrick. Après avoir gravi les échelons, il se fait connaître en 1955 par une photo publicitaire montrant l’image inversée de la pyramide de Khéops à travers un verre de vodka Smirnoff. Il a acquis une célébrité planétaire avec le portrait de Sue Lion pour l’affiche de Lolita, le film de son ami Stanley Kubrick, puis avec les photos de Marilyn Monroe prises six semaines avant qu’elle ne décède, qu’il publiera en 1982 dans l’album The Last Sitting.

Jazz on a Summer’s Day s’ouvre avec des reflets sur l’eau semblant onduler au rythme de la musique, celle du duo pour saxo ténor et trombone de Jimmy Giuffre et Bob Brookmeyer, accompagnés à la guitare par Jim Hall. Nous sommes dans le plus petit état des USA, le Rhode Island, comptant aujourd’hui 1 million d’habitants, pendant le cinquième festival de jazz de Newport, en août 1958, au moment où se déroulaient les essais de l’America’s Cup, ce qui nous donne, en prime, des photos de splendides voiliers.

Newport 1958 était un bon cru, avec Thelonious Monk, Anita O’Day, Sonny Stitt, Gerry Mulligan, George Shearing, Maybelle Smith, Dinah Washington, Chico Hamilton, Chuck Berry, Mahalia Jackson et beaucoup d’autres. Le clou du spectacle, c’était une improvisation inspirée sur le thème Up a Lazy River par un Louis Armstrong en super forme.

Jazz on a Summer’s Day, un des premiers films de festival de jazz, était toujours introuvable dans nos catalogues de DVD et Blu-ray, alors qu’il est considéré comme la référence du genre, ce qui lui a valu d’être inscrit en 1999 au National Film Registry, un catalogue de films ouvert en 1989, enrichi chaque année de quelques 25 titres, dans lequel se niche la plupart des chefs-d’oeuvre du cinéma américain.

À l’occasion du 60e anniversaire du festival, le film a été, sous le contrôle de la réalisatrice, restauré en 2019 par IndieCollect, avec le soutien de la Bibliothèque du Congrès, après numérisation 5K du négatif original et d’un interpositif.

Jazz on a Summer’s Day n’est pas seulement une captation du spectacle. La caméra, indiscrète, se promène dans les rangs des spectateurs pour voler en gros plans quelques moments d’intimité, pour un portrait de l’Amérique de la fin des années 50, dans un montage inspiré.

Ce film rare nous arrive enfin grâce à Carlotta Films, avec, en complément, un passionnant long métrage sur la vie et l’oeuvre de Bert Stern.

Jazz on a Summer’s Day (83 minutes) et ses généreux suppléments (99 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîter standard glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Le film est aussi disponible dans une édition DVD, avec le même contenu.

Les compléments sont repris de l’édition Kino Lorber sortie aux USA en février 2021.

Bert Stern, le premier Mad Man (Bert Stern: Original Madman, 88’). Ce documentaire a été réalisé en 2011 par Shannah Laumeister Stern que le photographe avait découverte à 13 ans. Elle fut un de ses modèles, une de ses compagnes et son épouse de 2009 à sa mort, en 2013. Le documentaire donne une vue d’ensemble sur l’oeuvre du photographe, contient des entretiens avec lui et retrace son parcours, sa vie amoureuse mouvementée, les moments de bonheur comme les passages difficiles dans la dépression et la drogue.

Entretien d’archive avec Bert Stern (3’). Il se souvient avoir feuilleté Myself Among Others: A Life In Music, les mémoires de George Wein, le fondateur du Newport Jazz Festival, qui s’offusquait que son nom n’apparaisse pas au générique du film, alors que celui de Bert Stern n’est jamais cité dans son livre.

Planches contact de photos par Bert Stern (4’) de Chico Hamilton, Sonny Stitt, Jack Teagarden et Dinah Washington.

Photos de Louis Armstrong par Bert Stern (3’). Vingt photos.

Bande-annonce de la restauration (1’16”).

L’image (1.33:1, 1080p, AVC) est bien définie, lumineuse et agréablement contrastée, après élimination des marques du temps (seules subsistent quelques infimes taches blanches à peine discernables, mais un peu plus visibles sur le beau générique). La densité des couleurs, soigneusement étalonnées, et la préservation du grain du 35 mm font oublier les minimes imperfections du nettoyage.

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, très propre, presque sans souffle, avec une bonne dynamique et une bande passante bien ouverte, met en valeur les performances des chanteurs et musiciens, avec une fine restitution du timbre des voix et des instruments. Une restauration impeccable.

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