Les Oliviers de la justice (1962) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector

Réalisé par James Blue
Avec Pierre Prothon, Jean Pélégri et Marie Decaître

Édité par L'Atelier d'Images

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Le 19/05/2022
Critique

Un précieux témoignage des derniers mois de cohabitation des Pieds-noirs et des Arabes en Algérie et des bons moments d’avant la guerre.

Les Oliviers de la justice

Jean a quitté l’Algérie depuis longtemps pour vivre en France. À l’annonce de la mort prochaine de son père, il rejoint son pays natal pour se rendre à son chevet. Alors que la guerre d’Algérie bouleverse le quotidien des habitants et qu’il se retrouve assailli par ses souvenirs d’enfance, il va reprendre contact avec cette terre qu’il avait rejetée et renouer avec ses racines…

Les Oliviers de la justice, adapté du roman autobiographique publié en 1959 par Jean Pélégri, également coauteur du scénario, est l’unique film de fiction réalisé par l’Américain James Blue, documentariste auteur d’une dizaine de courts et longs métrages.

Les Oliviers de la justice a été tourné dans les mois qui ont précédé la fin de la guerre d’Algérie. Les rôles sont tenus par des acteurs non professionnels et le tournage s’est fait en décors naturels, dans les rues d’Alger et dans les plaines de la Mitidja, en raison d’un manque de moyens qui fait film un témoignage sur les conditions de vie et la cohabitation des deux communautés, juste avant qu’elles ne se séparent : celle des Algériens et celle des Pieds noirs, établis sur l’autre rive de la Méditerranée, certains depuis quatre générations.

Les Oliviers de la justice

Le réalisme du film est renforcé par sa distribution. Jean Pélégri interprète son propre père et le rôle de Jean est tenu par Pierre Prothon, alors employé dans une exploitation agricole de la Mitidja. Tous deux tentèrent de rester en Algérie après l’indépendance avec l’intention de coopérer au développent du pays avant d’être contraints de quitter un pays où leur vie était menacée. C’est sans figurants qu’ont été filmées les scènes d’Alger : on voit les habitants du quartier de Bab el Oued, attablés sur les terrasses des cafés, déambuler dans les rues, faire leur marché. La guerre reste en arrière-plan, rappelée, cependant, par petites touches : dès le générique par l’arrivée d’un hélicoptère militaire duquel un blessé est transféré dans une ambulance, par les contrôles de l’armée dans les rues et par le désamorçage d’une bombe.

Je ne regrette rien. J’ai fait ce que j’avais à faire et c’était juste.

Sans chercher à masquer la présence colonialiste de la France qui n’accordait pas aux Arabes la nationalité française, ou l’attitude condescendante de certains Pieds-noirs à leur égard, le film, comme le roman, en souligne quelques effets bénéfiques, comme l’aménagement de marais, foyers de paludisme, en terres fertiles et, surtout, prône l’espoir d’une cohabitation respectueuse et fructueuse entre les deux communautés. Un espoir renforcé par le souvenir des bons moments que Jean avait, pendant son enfance, partagés avec les Arabes de son âge, rappelés par plusieurs flashbacks.

Les Oliviers de la justice, salué par le Prix de la Société des Écrivains de Cinéma et Télévision au Festival de Cannes en 1962, deux mois après la signature des accords d’Évian qui mirent fin à la guerre en reconnaissant l’indépendance de l’Algérie, sortit brièvement en salles en juin. Vite oublié, jusqu’à sa ressortie en 2004 et à son édition, la même année, dans le coffret La Guerre d’Algérie (Éditions Montparnasse, 3 DVD, toujours disponible).

Les Oliviers de la justice

Présentation - 2,5 / 5

Les Oliviers de la justice (82 minutes) et ses suppléments (12 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-25 logé dans le traditionnel boîtier bleu, glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Sous-titres pour malentendants.

Bonus - 2,5 / 5

Entretiens (11’, L’Atelier d’Images, 2021). Pierre Prothon, l’interprète de Jean, se souvient que le directeur de l’exploitation dont il était salarié lui avait demandé de faire visiter la ferme à deux personnes qui lui ont proposé de jouer dans le film qu’ils allaient tourner. Il a accepté l’offre, pour un cachet égal à son salaire. Une contrainte était de limiter le nombre de prises : revenir au même endroit était alors dangereux et les militaires qui surveillaient le quartier de Bab el Oued étaient réticents à se laisser filmer. Il évoque, avec son épouse Hélène, la sensation d’être « pris entre deux feux », entre le FLN et l’OAS, poussés à « détruire le pont que ce film pouvait être entre les uns et les autres ». Jean-Marie Mojon, leur ami, né à Alger en 1932, ancien maire de Chebli dans la Mitidja jusqu’en 1962, fut progressivement convaincu de l’inévitabilité de l’indépendance. Les trois ont choisi, malgré la peur, de rester en Algérie après l’indépendance pour aider les Algériens à développer leur pays, une initiative qui a fini par se solder par un échec.

Bande-annonce (1’14”).

Espace découverte, avec les bandes-annonces de deux remarquables documentaires, 9 jours à Raqqa (Xavier de Lauzanne, 2020), sur le défi que doit relever une jeune femme, maire de la ville ravagée qui fut ravagée par l’État islamique, et Billie (James Erskine, 2019) un touchant recueil de souvenirs de l’inoubliable chanteuse de blues engagée dans la lutte contre la ségrégation raciale.

Les Oliviers de la justice

Image - 4,0 / 5

L’image (1.66:1, 1080p, AVC), restaurée par L’Immagine Ritrovata après numérisation 4K, soigneusement nettoyée, propose, entre des blancs lumineux et des noirs denses, un agréable dégradé de gris, bien étalonné, avec des contrastes un peu faibles dans quelques plans d’intérieur. Le maintien d’un fin grain respecte la texture du 35 mm.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono restitue clairement les dialogues, très exceptionnellement un peu étouffés par la prise de son, dans un bon équilibre avec l’ambiance et le bel accompagnement original pour quatuor pour cordes de Maurice Jarre.

Crédits images : © Société Algérienne de Production, Studios Africa

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 2 juin 2022
Un témoignage des derniers moments passés entre Pieds noirs et Algériens après la signature des accords d’Évian. Un appel à la cohabitation pacifique entre les deux communautés qui ne sera pas entendu. Un film émouvant, longtemps oublié.

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