Le Parfum d'Yvonne (1994) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Patrice Leconte
Avec Jean-Pierre Marielle, Hippolyte Girardot et Sandra Majani

Édité par Rimini Editions

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 04/07/2022
Critique

Une délicate adaptation par Patrice Leconte d’un beau roman de Patrick Modiano, injustement boudée lors de sa sortie en salles.

Le Parfum d'Yvonne

Durant l’été 1958, Victor, un jeune Français, pour échapper à la conscription au moment de la guerre d’Algérie, s’est réfugié dans une pension de famille des bords du Lac Léman, prétendant être le comte Chmara, un émigré russe. C’est là qu’il rencontre Yvonne Jacquet, une jeune actrice débutante accompagnée d’un dogue allemand et du docteur René Meinthe, un vieil homosexuel excentrique…

Que reste-t-il aujourd’hui de cet été de l’année 1958 ?

Le Parfum d’Yvonne, sorti en mars 1994, une fidèle adaptation de Villa triste, un roman de Patrick Modiano récompensé en 1976 par le Prix des libraires, est réalisé par Patrice Leconte, quatre ans après Le Mari de la coiffeuse, avec lequel il a certains points en commun : le thème d’une triste histoire d’amour absolu, une délicate sensualité, une narration en voice over par le personnage masculin, un long flashback inséré dans une boucle s’ouvrant et se refermant sur un gros plan du visage de Victor éclairé par des flammes. Un plan intrigant qui reviendra, à plusieurs reprises, dont la signification ne sera révélée qu’à la fin du film. Cet « air de famille » entre les deux films est encore accusé par la contribution d’une équipe dans laquelle on retrouve les mêmes fidèles collaborateurs de Patrice Leconte, notamment Ivan Maussion, directeur artistique de 22 de ses films, le chef-opérateur Eduardo Serra, et la monteuse Joëlle Hache.

Le Parfum d’Yvonne, bien qu’il n’ait pas fait suffisamment d’entrées pour couvrir tous les frais de production, n’a pourtant rien à envier à l’esthétique de cet autre film, Le Mari de la coiffeuse, sélectionné pour le Prix du meilleur film aux Césars et le Prix du meilleur film étranger aux BAFTA Awards, et salué par le Prix Louis Delluc (ex-aequo avec Le Petit criminel de Jacques Doillon). Avec un ton moins chargé d’émotion, il rend fidèlement compte de l’oeuvre de Patrick Modiano, un écrivain des sentiments et des émotions, souvent réputé inadaptable, ce que confirme le fait que, en dépit de ses succès en librairie, seuls cinq de ses trente romans aient inspiré des cinéastes.

Le Parfum d'Yvonne

La reine des Belges, c’est moi !

Le Parfum d’Yvonne tire profit de la remarquable performance de Jean-Pierre Marielle dans un de ses rôles les plus dramatiques, avec celui de Monsieur de Sainte Colombe dans Tous les matins du monde (Alain Corneau, 1991). Il compose un personnage qui tente de masquer son angoisse de vieillir par des attitudes fantasques et provocatrices. Patrice Leconte le placera à nouveau en tête de l’affiche de son film suivant, Les Grands Ducs (1996) et lui donnera un petit rôle en 2014 dans l’oubliable Une heure de tranquillité.

Hyppolite Girardot, vingt ans après le début de sa carrière d’acteur, tient ici son premier grand rôle avec une interprétation, tout en retenue, de Victor. Impossible, d’autre part, de rester insensible à la lumineuse beauté de Sandra Majani qui, après être brièvement apparue, sous le nom de Sandra Extercatte, dans Alberto Express (Arthur Joffé, 1990), Lune froide (Patrick Bouchitey, 1990) et dans un autre film de Patrice Leconte, Tango, en 1993, n’apparaîtra plus jamais sur les écrans. On retrouve, dans des rôles secondaires, Richard Bohringer, Paul Guers et Corinne Marchand.

Pour la délicatesse de sa mise en scène, la beauté de sa photographie et de ses décors, le jeu des acteurs et la composition originale pour piano et cordes de Paul Estève (sa première composition pour un long métrage avant qu’il ne signe la musique de trois autres films de Patrice Leconte), Le Parfum d’Yvonne méritait cette réédition, la première sur Blu-ray, sortie en compagnie de deux autres films du cinéaste, Le Mari de la coiffeuseet Les Grands Ducs.

Le Parfum d'Yvonne

Présentation - 2,0 / 5

Le Parfum d’Yvonne (89 minutes) et ses suppléments (12 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 4,0 / 5

Entretien avec Patrice Leconte (12’, Rimini Éditions, 2022), conduit par Frédéric-Albert Lévy. « Le Parfum d’Yvonne a fait un nombre d’entrées insuffisant, mais j’aime bien ce film » dit Patrice Leconte, de son premier film avec Jean-Pierre Marielle, « avec cette belle actrice hollandaise qui a disparu de la circulation et ce parfum de Patrick Modiano ». Il exprime deux regrets : n’avoir pas repris le titre du roman, Villa triste, et « l’affiche calamiteuse, (…) sinistre ». Il aime, avec ses non-dits, le « flou modianesque » et soutient qu’il n’est pas besoin que les personnages soient « ancrés dans la réalité ». On peut, dit-il, à propos du concours d’élégance, « être un peu ricaneur quand on fait des films, se moquer de tout, (…) s’il reste une forme réelle et sincère de bienveillance ». « Il fallait que le sentiment amoureux soit, aussi, ouvertement charnel » ajoute-t-il pour justifier les scènes d’amour.

Commentaire du film par Patrice Leconte (Dolby Digital 2.0 mono, 2000, repris de l’édition DVD M6 Vidéo). L’idée d’adapter le roman de Modiano est venue d’Olivier Barrot et du producteur Thierry de Ganay. L’adaptation reste fidèle au modèle, « la seule liberté phénoménale étant de faire de René Meinthe un homme de l’âge de Jean-Pierre Marielle ». Il voulait, pour le rôle d’Yvonne, une jeune inconnue, « lumineuse et normale » et a choisi Sandra Majani, mannequin avec laquelle il avait tourné quelques films publicitaires. Il avait envie d’un film « beau à voir (…) caressant ». Le réalisateur commente les séquences qu’il aime et d’autres, moins inspirées, certaines « trop esthétisantes », d’autres « un peu molles », les scènes d’amour, « agréables à voir, difficiles à tourner », le jeu des acteurs, ses « procédés », les raccords en studio, les coupes faites au montage, la musique de Paul Estève « qui réussit à donner au film du lyrisme et du mystère ».

Un commentaire utile et plaisant, fait six ans après le tournage.

Le Parfum d'Yvonne

Image - 4,5 / 5

Le transfert en haute définition (2.35:1, 1080p, AVC) apporte à la précédente édition, un DVD Lancaster de 2004, un net gain de piqué, un affinement du grain qui ne reste occasionnellement épais que dans quelques plans en basse lumière, et un délicat ajustement de l’étalonnage des couleurs. Un transfert qui frise la perfection !

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono (et non stéréo comme l’indique le communiqué de presse) restitue avec une irréprochable clarté les dialogues et l’ambiance et avec finesse le riche accompagnement musical de Paul Estève.

Crédits images : © Lambart Productions, Zoulou Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 5 juillet 2022
Pour la délicatesse de sa mise en scène, la beauté de sa photographie et de ses décors, la partition originale pour piano et cordes de Paul Estève et l’extraordinaire composition de Jean-Pierre Marielle, Le Parfum d’Yvonne, une belle adaptation de Patrick Modiano, est à ranger parmi les meilleurs films de Patrice Leconte. Il est réédité en même temps que Le Mari de la coiffeuse et Les Grands ducs.

Lire les avis »

Multimédia
Le Parfum d'Yvonne
Extrait

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)