Larry Flynt (1996) : le test complet du Blu-ray

The People vs. Larry Flynt

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Milos Forman
Avec Woody Harrelson, Courtney Love et Edward Norton

Édité par Wild Side Video

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Le 02/11/2022
Critique

Cet émouvant biopic de Miloš Forman sur l’éditeur du magazine pornographique Hustler est centré sur son combat pour la liberté d’expression.

Larry Flynt

L’histoire vraie d’un empereur de la presse pornographique lancé dans un combat sans merci pour la liberté d’expression…

Larry Flynt (The People vs. Larry Flynt), réalisé par Miloš Forman en 1996, reçut un remarquable accueil critique, avec l’Ours d’or à la Berlinale de 1997, le Golden Globe de la meilleure réalisation et du meilleur scénario attribué à Scott Alexander et Larry Karaszweski, et une nomination à l’Oscar du meilleur film.

Decent people are being corrupted

Larry Flynt, vu par certains comme une glorification de la pornographie, est en réalité centré sur la liberté d’expression. Le film, après un court rappel de l’enfance miséreuse de Larry Flynt (1942-2021), montre comment il fit fortune en ouvrant plusieurs bars avec des serveuses en bikini, puis en publiant le magazine Hustler. Des activités qui déchaînèrent des réactions de la droite puritaine, majoritaire dans les états du sud, notamment conduites par l’avocat, sénateur et militant antipornographie Charles Keating qui accusa l’éditeur de pervertir le bon peuple… avant d’être lui-même impliqué dans un scandale financier et condamné en 1989 pour escroquerie !

Larry Flynt exploite un thème cher à Miloš Forman, celui du combat d’un homme contre un système qui s’acharne à le contraindre à la soumission, celui de R.P. McMurphy dans Vol au-dessus d’un nid de coucou (One Flew over the Cuckoo’s Nest, 1975) et aussi celui de Coalhouse Walker Jr., le pianiste noir de Ragtime (1981).

Larry Flynt ajoute à l’intérêt de son sujet, une mise en scène inspirée et efficace, la qualité de la photographie de Philippe Rousselot, Oscar de la meilleure photographie pour Et au milieu coule une rivière (A River Runs through It, Robert Redford, 1992) et une très solide distribution. Woody Harrelson, boosté deux ans plus tôt par sa performance dans Tueurs nés (Natural Born Killers, Oliver Stone, 1994), a été salué par une de ses trois nominations à l’Oscar d’interprétation masculine, pour son impressionnante incarnation de Larry Flynt. Edward Norton fut révélé au grand public par son interprétation de l’avocat Alan Isaacman, pour laquelle il offre une belle démonstration de son talent, que confirmera l’inoubliable American History X (Tony Kaye, 1999). Courtney Love, après s’être fait un nom dans le rock, allait prouver qu’elle avait aussi l’étoffe d’une actrice en décrochant une nomination au Golden Globe et à plusieurs prix pour l’interprétation d’Althea Pleasure Flynt, aux prises avec les démons de la drogue qu’avait déjà affrontés l’actrice. Comble de l’ironie, c’est Larry Flynt qui tient le rôle du juge de Cincinnati qui l’avait condamné à 25 ans de prison !

Larry Flynt, introuvable en France depuis l’épuisement du DVD sorti par Sony en 2004, nous revient en haute définition, dans une édition à la hauteur d’une des grandes réussites de Miloš Forman.

Larry Flynt

Présentation - 5,0 / 5

Larry Flynt (130 minutes) et ses généreux suppléments (121 minutes, sans compter les deux commentaires du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, en compagnie d’un DVD-9, dans les couvertures d’un digibook.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres imposés, et dans un doublage en français, les deux au format audio, DTS-HD Master Audio 5.1 (Dolby Digital 5.1 sur le DVD).

Le livret de 50 pages, abondamment illustré de photos personnelles de Larry Flynt, de photos de tournage et de quelques pages du scénario, s’ouvre sur Sexe, love et premier amendement, un entretien, recueilli à l’automne 2021, entre les deux scénaristes, Scott Alexander et Larry Karaszweski, et la productrice Janet Yang. Il rappellent les poursuites engagées après la sortie des films Carnal Knowledge (Mike Nichols, 1971) et Deep Throat (Gerard Damiano, 1972), l’enjeu de la liberté d’expression, puis leur rencontre avec Larry Flynt, l’écriture du scénario, leurs impressions sur Miloš Forman qui « peut vous faire réfléchir, rire, pleurer », sur le casting, sur le tournage, sur la controverse soulevée par le film, sur la disparition de Miloš Forman en 2018 et de Larry Flynt en 2021 marquant, pour Janet Yang, « la fin d’une époque ». Le livre de termine par Les États-Unis de Miloš Forman, une rapide revue par François Cau des films réalisés par Miloš Forman après son choix de fuir la censure et la répression exercée par l’URSS en Tchécoslovaquie après le printemps de Prague : Taking Off (1971), Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975), Hair (1979), Amadeus (1984), Valmont (1989), Man on the Moon (1999) et Les Fantômes de Goya (2008). Des films qui révèlent « sa prompte aptitude à enfanter des individus uniques (…) à les aimer, les entourer, sans juger ceux qui les regardent de travers ».

Larry Flynt

Bonus - 4,5 / 5

Les suppléments sont presque tous repris de l’Édition spéciale sortie par Sony Pictures Home Entertainment en mai 2003.

Commentaire audio des scénaristes (VOST, DTS-HD Master Audio 2.0, sous-titré). Scott Alexander et Larry Karaszweski, attirés par l’impact médiatique de Larry Flynt, avaient commencé à écrire le scénario au cours de leur dernière année de formation à l’USC Film School, avant d’entreprendre celui de Ed Wood (Tim Burton, 1994). Le pitch de Larry Flynt a convaincu Oliver Stone qui a assuré la production du film. Un utile commentaire, évidemment centré, mais pas uniquement, sur la personnalité et les faits et gestes de Larry Flynt.

Commentaire audio des acteurs (VOST, DTS-HD Master Audio 2.0, sous-titré) par Woody Harrelson, Courtney Love et, très occasionnellement, Edward Norton. Les acteurs, qui ont manifestement enregistré leurs commentaires séparément, évoquent la place laissée à l’improvisation par Miloš Forman, ses options de mise en scène, relatent des anecdotes de tournage…

Larry Flynt en question (28’). Né en 1942, dans le Kentucky, avec une enfance dans la pauvreté, un père appelé sous les drapeaux, Larry Flynt s’engage dans l’armée à 15 ans, puis se lance dans le trafic de l’alcool, rejoint la Navy, se marie, achète un premier bar, puis d’autres avec des go-go girls en bikini, rencontre Althea Leasure, lance sa première publication, The Hustler News qui allait devenir en 1974 le magazine à couverture glacée Hustler, ciblant un lectorat populaire dont la crudité choqua même Hugh Hefner, l’éditeur de Playboy. La publication de photos de Jackie Onassis nue, prises par un paparazzo, doubla le tirage. Avec l’arrivée de l’argent, commencèrent les démêlés avec la justice, puis une crise mystique qu’il attribuera plus tard à un « déséquilibre chimique dans le cerveau ». Devenu paraplégique après avoir été atteint par une balle tirée par un tueur en série à la sortie d’une audience du procès en Géorgie, il commença à consommer de fortes doses de drogues pour calmer la douleur et annonça, en 1983, sa candidature à l’élection présidentielle. Il fut enfermé pendant six mois dans une prison psychiatrique pour n’avoir pas voulu révéler la source d’accusations à l’encontre du FBI. Il sera ensuite poursuivi pour diffamation par le prêcheur évangéliste Jerry Falwell et, après deux appels, relaxé par la Cour suprême. Il subira le choc de la mort d’Althea, après 16 ans de vie commune.

Un dissident américain : entretien avec Miloš Forman (18’, extrait de Life As It Is: Miloš Forman on Milos Forman, Robert Fischer, 2018). Il rappelle le tournage de son premier film américain, à New York, qu’il n’a jamais voulu quitter. Son pire problème, en tant que réalisateur aux USA, fut la langue. Le succès de One Flew over the Cuckoo’s Nest changea sa vie, lui ouvrit toutes les portes et garantit sa liberté. Il reçut le scénario de Larry Flynt qu’il ne commença à lire qu’en apprenant qu’il lui avait été envoyé par Oliver Stone. Il se souvient de sa rencontre avec Larry Flynt qui reconnut l’exactitude des événements relatés, y compris les moins flatteurs pour lui. « Le film montre qu’il faut payer le prix de la liberté (…) quand la porte de la censure s’entrouvre. »

Larry Flynt

À la lumière de l’évidence : entretien avec le directeur de la photo Philippe Rousselot (31’, Wild Bunch, 2022, en français), directeur de la photographie de deux films de Stephen Frears, de trois films de John Boorman et de quatre films de Tim Burton. Larry Flynt, tourné dans des paysages et des décors sans cachet particulier, n’est pas un film visant à montrer de « belles images ». À la demande de Miloš Forman, de nombreux plans ont été pris par deux ou trois caméras, chacune cadrant un personnage faisant face aux autres, ce qui donne une liberté aux acteurs et « de l’énergie à la scène ». Un chef-opérateur doit veiller à l’éclairage des visages, à ne pas déstabiliser le réalisateur, à être ouvert à l’improvisation et à respecter « la logique du décor », particulièrement pour l’éclairage des intérieurs avec des fenêtres.

TV spots (9’30”). Cinq spots au soutien de la campagne Larry Flynt for President, en 1984 : What congressman Larry McDonald did, What neo-fascist bigot did, Althea refuses to be first lady, Larry rants et Good morning congressman.

Les suivants sont les seuls proposés sur le DVD :

Liberté d’expression ou pornographie ?  (29’, 2003). Une citation de Voltaire s’affiche sur l’écran : « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. » Miloš Forman, Oliver Stone et Janet Yang, coproducteurs, les scénaristes, Woody Harrelson… s’accordent à reconnaître l’intérêt du thème, la liberté d’expression, le pouvoir de séduction de Larry Flynt. Edward Norton a passé quelques jours dans le cabinet de l’avocat Alan Isaacman pour se familiariser avec les aspects techniques de son rôle. La directrice artistique Patrizia von Brandenstein rappelle que le tournage, en 75 jours, fut essentiellement localisé à Memphis et dans les locaux de Flynt Publications à Los Angeles.

Deux scènes coupées :  Running for President (1’) et Kentucky House (1’25”), avec ou sans le commentaire de Woody Harrelson, pour la première, de Scott Alexander et Larry Karaszweski pour la seconde.

Avec le vrai Jimmy Flynt, le frère de Larry Flynt (1’25”). Le frère de Larry Flynt, avec son interprète Brett Harrelson, le frère de Woody, évoque les années d’enfance dans le Kentucky.

Bande-annonce (2’17”).

Larry Flynt

Image - 5,0 / 5

L’image numérique (2.39:1, 1080p, AVC) profite largement du transfert en haute définition : finement définie, lumineuse, bien contrastée avec des noirs denses, elle déploie des couleurs agréablement saturées. Un fin grain a été préservé pour respecter la texture du 35 mm.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, proche du mixage originel SDDS (Sony Dynamic Digital Sound qui pouvait proposer huit canaux) assure la clarté des dialogues, dans un bon équilibre avec l’illustration musicale et la composition originale. L’ambiance est surtout concentrée sur le plan frontal, les plus du multicanal étant réservé à la musique.

Ces remarques valent pour le doublage, au même format, manquant trop souvent de naturel.

Crédits images : © Columbia, Filmhaus, Illusion Entertainment, Ixtlan, Phoenix

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 2 novembre 2022
Larry Flynt, un des grands films américains de Miloš Forman relate un opiniâtre combat pour la liberté d’expression. Depuis longtemps introuvable, il nous est proposé en haute définition, parfaitement restauré, dans une édition exceptionnellement riche en suppléments.

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