Réalisé par Paco Plaza
Avec
Almudena Amor, Vera Valdez et Karina Kolokolchykova
Édité par Wild Side Video
Susana, un jeune mannequin espagnol, est sur le point de percer dans le milieu de la mode parisien. Mais quand sa grand-mère est victime d’un accident la laissant quasi paralysée, Susana doit rentrer à Madrid dans le vieil appartement où elle a grandi afin de veiller sur celle qui constitue son unique famille depuis la mort accidentelle de ses parents quand elle était encore enfant. Alors qu’approche leur anniversaire commun, de vieux souvenirs resurgissent en parallèle d’événements étranges, alors que le comportement de la grand-mère devient de plus en plus inquiétant…
Abuela (La Abuela), Prix du jury à Gérardmer en 2022, est le huitième long métrage de l’Espagnol Paco Plaza, connu pour Les Enfants d’Abraham (El Segundo nombre, 2002), REC - La trilogie (les deux premiers coréalisés avec Jaume Balagueró) et Veronica (2017), spécialisé dans le cinéma fantastique.
Auteur de l’histoire originale, inspirée par le souvenir d’une tante atteinte de la maladie d’Alzheimer, il a confié l’écriture du scénario à son ami le cinéaste et scénariste Carlos Vermut, réalisateur de quatre longs métrages, dont deux ont été édités en France, La Niña de fuego (Magical Girl, 2014) et Quién te cantará (2018).
Abuela fait naître assez subtilement un doute, source d’inquiétude. La grand-mère de Susana, après sa sortie de l’hôpital où l’avait conduite une sévère attaque qui l’a laissée aphasique, paraplégique, avec une perte des fonctions cognitives, ne cache-t-elle pas quelque chose à sa petite-fille ? Le scénario diffuse progressivement un parfum de mystère générateur d’angoisse que tendent à gâcher quelques plans trop démonstratifs, un peu comme l’apparition du monstre, exigée par le producteur, dans Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon, Jacques Tourneur, 1957).
Abuela, en dépit de cette réserve, soutient la tension dramatique, sans céder à la facilité du recours aux facilités de l’horreur. L’originalité du film, sa belle fin et quelques idées inspirées, particulièrement celle du reflet sur un miroir ovale du visage de Susanna qui se superpose exactement à celui de sa grand-mère, feront qu’il fait passer un bon moment et qu’il risque de s’imprimer pour un temps dans la mémoire du spectateur.
Wild Side Video annonce la sortie, le 21 septembre, d’un Coffret horreur : Abuela + Veronica, en édition Blu-ray ou DVD.
Abuela (100 minutes) et ses suppléments (40 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en castillan, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés un peu plus bas, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.
Entretien avec Paco Plaza (38’, anglais sous-titré, Filmo, 2022). Interrogé par Alex Masson, journaliste et critique de cinéma, le réalisateur confie que l’idée du film lui est venue du souvenir douloureux d’une tante atteinte de la maladie d’Alzheimer qu’il regardait dans les yeux alors qu’elle n’était plus là. Pour lui, « tout film d’horreur doit pouvoir fonctionner sans ses éléments d’épouvante », doit faire ressentir les sentiments des personnages. La Abuela a en commun avec d’autres de ses films, Les Enfants d’Abraham et la trilogie [Rec] , d’être situé dans un foyer, un temple protégé, à l’abri du mal. L’apport majeur de Carlo Vermut a été d’épurer une première version du scénario pour le concentrer sur le coeur de l’intrigue : « deux femmes dans un appartement ». Il a préféré le 35 mm au numérique après que le chef-opérateur Daniel Fernández Abelló lui eût fait visionner Personal Shopper et Phantom Thread et, aussi, bien que cela complique les prises et la postproduction, parce que le moment du tournage devient sacré, impose l’attention de tous sur le plateau. Il fut surpris par la sélection du film au festival de San Sebastián qui n’est pas spécialisé dans le fantastique : peut-être faut-il y voir le signe d’une meilleure reconnaissance des lettres de noblesse du cinéma d’horreur, acquises, notamment en Espagne, depuis Le Jour de la bête (El Día de la bestia, Álex de la Iglesia, 1995), grâce au talent de J.A. Bayona, Jaume Balagueró et d’une jeune génération de cinéastes, représentée par Carlos Vermut, Chema García Ibarra, Rodrigo Sorogoyen… Mais, selon lui, il manque une femme comme Julia Ducournau. Un entretien plutôt bien conduit.
Bande-annonce (1’40”).
L’image (1.85:1, 1080p, AVC), avec la douce texture du 35 mm et bien que l’essentiel du métrage ait été pris dans l’obscurité d’un appartement, souvent pendant le nuit, bénéficie d’une résolution garantissant une parfaite lisibilité des détails sur toute la profondeur du champ. Les éclairages bien agencés favorisent une palette de couleurs chaudes, soigneusement étalonnées.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 restitue avec clarté les rares dialogues et met en valeur un travail réussi sur la bande-son et l’adéquation au récit de la composition originale. Une répartition équilibrée sur les cinq canaux immerge efficacement le spectateur entre les murs de l’appartement.
Le même constat vaut pour le doublage en français, au même format.
Crédits images : © Les Films du Worso, Amazon Prime Video, Apache Films, Canal+, Crea SGR, Eurimages, ICAA, La Abuela Apache, Wild Bunch