Tueur d'élite (1975) : le test complet du Blu-ray

The Killer Elite

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Sam Peckinpah
Avec James Caan, Robert Duvall et Arthur Hill

Édité par BQHL Éditions

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 15/11/2022
Critique

Film d’espionnage inégal mais personnel, à la mise en scène parfois sophistiquée, en version intégrale.

Tueur d'élite

USA, San Francisco 1975 : Hansen et Mike, des contractuels privés de la CIA, sont chargés de protéger un défecteur soviétique mais Hansen le tue et s’en prend aussi à Mike qu’il blesse gravement. Mike suit un programme de rééducation, apprend les arts martiaux asiatiques. Son employeur lui confie alors une nouvelle mission : organiser la protection d’un homme politique chinois que des assassins, commandés par Hansen, veulent liquider. Et, surtout, démasquer le commanditaire secret de Hansen.

Tueur d’élite (The Killer Elite, U.S.A. 1975) de Sam Peckinpah est un film d’espionnage mineur, au scénario adapté d’un roman de Robert Syd Hopkins, à la mise en scène inégale mais il demeure intéressant pour plusieurs raisons.

D’abord par la liberté générale de ton dont il fait preuve, négligeant parfois le suspense au profit d’instants saisis à la volée ou franchement intimistes. On sait que Tueur d’élite fut produit par Martin Baum après Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia (USA 1974) de Sam Peckinpah car ce dernier n’avait certes pas perdu d’argent mais il n’en avait pas non plus énormément rapporté. Baum devait penser que la solution commerciale consistait à contraindre Peckinpah à illustrer un genre déjà rigoureusement déterminé. Pourtant Peckinpah transforme cette commande en oeuvre assez personnelle. Son pessimisme et certains aspects (rôle de la vidéo surveillance, thème de la trahison) annoncent le supérieur Osterman Week-End (USA 1983), son dernier film vraiment intéressant. La fin, dans la mesure où elle se déroule à bord d’un navire sortant de la baie de San Francisco et dans la mesure où celui qui en tient le gouvernail manifeste un désir de rupture total, me fait penser à cette évasion mentale et physique, vécue dans le même lieu par l’acteur Sterling Hayden, admirablement racontée dans son étonnante autobiographie The Wanderer parue en 1963. Peckinpah connaissait certainement ce livre et je pense qu’il a voulu lui rendre hommage par ce clin d’oeil.

Ensuite, Tueur d’élite est influencé par le cinéma-karaté asiatique de l’époque : la scène de l’attaque dans l’aéroport et les amples combats dans le cimetière naval témoignent d’une volonté de rivaliser avec le cinéma de la violence graphique de Hong Kong et du Japon, celui dans lequel s’illustraient alors des acteurs tels que Bruce Lee ou Sonny Chiba dont le succès était immense, y compris aux USA. Cet alliage entre film d’espionnage et film karaté n’est pas inédit en soi mais, dans la filmographie de Peckinpah, il demeure unique : raison pour laquelle il est intéressant sur le plan de l’histoire du cinéma. Peckinpah s’en souviendra pour quelques séquences de combats, plus brèves mais non moins efficaces, avec l’acteur Craig T. Nelson dans Osterman Week-End, dix ans plus tard.

Enfin, la version intégrale de 123 minutes (déjà révélée en France en 2013 par l’ancienne édition collector Blu-ray Wild Side Vidéo) augmente le niveau de violence graphique de la version autrefois exploitée de 116 minutes. Elle confère un peu plus d’âpreté et de cruauté visuelles à Tueur d’élite.

Tueur d'élite

Présentation - 5,0 / 5

1 film sur Blu-ray 50 zone B + 1 DVD de bonus + 1 livret 32 pages de Marc Toullec, édités en France le 24 novembre 2022 par BQHL. Format image 2.35 couleurs, son Linear PCM 2.0. VF d’époque + VOSTF, durée du film : 123 min environ. Bonus (rassemblés sur le DVD) : Présentation du film par le journaliste Rafik Djoumi (2022, 29’) + « Sam’s Killer Elite » : documentaire autour du film (2012, 29’02”, VOSTF) + Anecdotes autour de Sam Peckinpah (2017, 25’42”, VOSTF) + Mike Siegel et son rapport à Sam Peckinpah (2020, 43’35”, VOSTF) + Les affiches du film (2017, 4’19”). Coffret soigné, illustré de belles photos de plateau couleurs et N&B. Mise en place intuitive et commode des deux disques dans leur logement.

Livret 32 pages de Marc Toullec:

On y trouve les qualités habituelles : précision historique et nombreux témoignages de première main, puisés aux sources anglo-saxonnes citées à la dernière page en bibliographie. Particulièrement intéressant, le témoignage de Stirling Silliphant, très critique sur la manière dont Peckinpah modifia son scénario initial, contrebalancé par les témoignages de certains des acteurs qui aimaient l’ambiance du tournage. Attention, cependant, à un détail matériel gênant : la suite de la page 13 se trouve page 17 et la suite de la page 14… se trouve page 13, à cause d’une curieuse interversion. Bonne remarque sur l’affiche allemande reproduite page 3. Tout comme pour le livret consacré au titre chronologiquement antérieur édité par BQHL (Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia), la critique Helène Merrick est remerciée à la dernière page.

Tueur d'élite

Bonus - 5,0 / 5

Présentation du film par Rafik Djoumi (2022, 29 min. environ) : bonne remise en situation du titre dans la filmographie de Peckinpah, dans l’histoire générale du cinéma et excellente remarque sur la musique du compositeur Jerry Fielding. Bonne remarque aussi sur Croix de fer (USA-RFA 1977) que je considère moi aussi comme l’ultime chef-d’oeuvre du cinéaste mais je suis surpris qu’Osterman Week-End ne soit pas davantage évoqué alors que plusieurs aspects de Tueur d’élite l’annoncent pourtant explicitement.

Sam’s Killer Elite : documentaire (2012, 29 min., VOSTF) : il s’agit d’un extrait des trente heures enregistrées de bonus sur les films de Peckinpah par Mike Siegel, dont son DVD, Passion and Poetry, the Ballad of Sam Peckinpah donne déjà une bonne idée. On trouvait déjà ce documentaire sur l’ancienne édition collector Wild Side Vidéo. Il alterne souvenirs, journal du tournage (nombreux extraits montrant Peckinpah diriger) et témoignages des acteurs (Isela Vega, James Coburn, Bo Hopkins, Kris Kristofferson, Ernest Borgnine, sans oublier des témoignages plus intimes de Katherine Haber et de la soeur de Peckinpah. On peut aussi y entendre la voix de Peckinpah. Nombreuses photos N&B et couleurs couvrant l’ensemble de sa filmographie.

Mike Siegel et Sam Peckinpah (2017, 43 min., VOSTF) : un ample documentaire sur… le documentariste mais aussi sur la manière dont il filma une trentaine d’heures d’entretiens divers avec les collaborateurs et les équipes historiques de Peckinpah dont il est devenu l’archiviste et le documentaliste majeur. Belles anecdotes sur la manière dont il parvint à filmer des acteurs aussi divers que L.Q. Jones ou Ernest Borgnine. Très beaux témoignages de James Coburn et Kris Kristofferson. Quelques aspects de sa riche collection d’affiches et de photos d’exploitation internationales (à commencer par le matériel publicitaire allemand, sa patrie d’origine) sont filmés un peu trop rapidement à mon goût. A noter que Siegel a la matière pour des bonus conséquents sur chaque titre de Peckinpah mais que Warner est la seule major qui ne veut pas les utiliser. J’y pense car je suis encore étonné par les fragments filmés par Siegel au Mexique, montrant le quartier général mexicain figé et comme mort , désolé, du général, par rapport à celui qu’on voyait dans La Horde sauvage.

Les affiches et photos du film (2017, 4 min. 20 sec.) : bonus qu’on trouvait déjà dans l’édition collector Wild Side Vidéo, provenant des archives de Mike Siegel. Affiches, dossiers presse, photos d’exploitation des USA, d’Allemagne, de France, d’Italie, d’Espagne, d’Angleterre, du Japon.

Bonus quantitativement et qualitativement supérieurs à ceux de l’ancienne édition française DVD MGM de 2003 (pas difficile de faire mieux puisqu’elle en était dénuée) et même à ceux de l’ancienne édition collector combo Blu-ray + DVD Wild Side Vidéo de 2013 qui semble rétrospectivement un peu maigre par comparaison. Sur le plan des bonus, la meilleure édition jamais éditée en France.

Tueur d'élite

Image - 5,0 / 5

Format original 2.35 respecté, Panavision couleurs DeLuxe, compatible 16/9. Logo original United Artists préservé tel qu’il était en 1975. Image soignée du directeur de la photographie Philip H. Lathrop, maniant en virtuose le Scope 2.35 (par exemple lorsque James Caan et Robert Duvall roulent sur le pont de San-Francisco). Par rapport à l’ancien DVD MGM, le Blu-ray Wild Side Vidéo constituait déjà une remarquable amélioration : les détails des scènes nocturnes étaient enfin nettement visibles ; les couleurs étaient enfin consistantes et la copie argentique globalement bien nettoyée. Reste qu’on pouvait encore faire mieux : la preuve avec ce transfert BQHL : le lissage l’emporte certes sur le grain mais la copie argentique est impeccable, les couleurs très encore rafraîchies. En attendant une édition UHD 4K, cette édition BQHL est à présent l’édition de référence en Full HD.

Tueur d'élite

Son - 5,0 / 5

Linear PCM Dolby Digital Mono 2.0 pour la VOSTF comme pour la VF d’époque. Musique de Jerry Fielding assez fonctionnelle et impersonnelle mais efficace. Les dialogues se détachent bien, les effets sonores sont puissants lorsqu’ils sont sollicités mais l’équilibrage demeure inégale et fluctuant : la mastérisation audio n’est pas en cause car ces fluctuations se trouvaient déjà sur les copies cinéma. Aucun défaut technique relevé sur les deux pistes, parfaitement nettoyées.

Crédits images : © Exeter/Persky-Bright, Arthur Lewis-Baum/Dantine

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

2,0
5
0
4
0
3
0
2
1
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
francis moury
Le 16 novembre 2022
Film d’espionnage inégal mais personnel, à la mise en scène parfois sophistiquée, en version intégrale.

Lire les avis »

Multimédia
Tueur d'élite
Bande-annonce VOST

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)