Un citoyen se rebelle

Un citoyen se rebelle (1974) : le test complet du Blu-ray

Il cittadino si ribella

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Enzo G. Castellari
Avec Franco Nero, Giancarlo Prete et Barbara Bach

Édité par Artus Films

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Le 21/09/2022
Critique

Film noir policier appartenant à l’âge d’or italien du genre, signé par un de ses artisans les plus vigoureux.

Un citoyen se rebelle

Italie, à Gênes en 1974 : l’ingénieur Antonelli, violemment frappé et pris comme otage par trois gangsters durant l’attaque d’une banque, constate l’impuissance des forces de l’ordre qui les ont laissés échapper. Il décide d’infiltrer le milieu afin d’identifier ses agresseurs. Il exerce un chantage sur Tommy, un jeune voyou, afin de remonter leur piste : les deux hommes finissent par sympathiser. Antonelli les localise et organise même une mise en scène de son enlèvement fictif par le trio, afin de contraindre la police à agir : en vain. Antonelli et Tommy sont à présent repérés par le gang devenu indésirable par le reste de la pègre, en raison des descentes de police qu’ils suscitent. Un affrontement armé est, dès lors, inévitable.

Un citoyen se rebelle (Il Citadino si ribella, Ital.1974) de Enzo G. Castellari - en réalité, de son véritable nom, Enzo Girolami, fils du cinéaste Marino Girolami et neveu du cinéaste Romolo Guerrieri - appartient à l’âge d’or du genre. Y compris dans la filmographie de Castellari qui avait été formé à l’école du western européen durant sa période 1965-1970. Son générique d’ouverture, spectaculaire, est peut-être l’un des plus hallucinants jamais filmés de toute l’histoire du film noir policier italien de 1970-1980 : les agressions et les assassinats s’y succèdent, portés par la musique lancinante composée par les frères Guido et Maurizio de Angelis. Un citoyen se rebelle se situe dans l’oeuvre de Castellari entre Le Témoin à abattre (La Polizia incrimina la legge assolve, Ital. 1973) et Big Racket (Il Grande racket, Ital. 1976). Du film de 1973 Castellari reprend l’acteur Franco Nero et l’utilisation des extérieurs de la ville de Gênes, surnommée la Marseille italienne. Du film de 1976, il annonce le haut niveau de violence graphique. Les trois titres sont influencés, sur le plan esthétique, par le cinéma de Sam Peckinpah qu’admirait Castellari : en témoignent l’utilisation régulière des ralentis durant les combats à mort, au montage particulièrement soigné. Les scènes d’intérieurs ayant toutes été tournées avant les scènes d’extérieurs, il fallut particulièrement veiller aux raccords de maquillage concernant les blessures du visage de Franco Nero : elles correspondaient à des bagarres qui n’avaient pas encore été filmées ! Nero exécuta lui-même, comme il le faisait souvent au demeurant, les cascades qui concernaient son personnage. Castellari apparaît brièvement dans le film : il tient (bien) le rôle du docker qui refuse son aide à un des trois criminels considérés à présent personna non grata en raison des troubles qu’ils génèrent et qui gênent (sans mauvais de mot) les activités du milieu génois.

Sorti sur les écrans italiens en septembre 1974, le scénario de Un citoyen se rebelle ne doit rien à celui de Un justicier dans la ville (Death Wish, USA 1974) de Michael Winner, sorti en Italie deux mois plus tard, en décembre 1974 et ne doit rien non plus au roman de Garfield qu’il adaptait. L’argument est certes similaire (bien qu’il ne soit pas identique) mais ses développements sont différents puisque le personnage joué par Nero infiltre non seulement le milieu mais devient encore l’ami d’un de ses membres qu’il régénère ainsi. En passant de l’autre côté du miroir, en traversant les apparences, les deux héros accomplissent certes un itinéraire initiatique commun au résultat souligné par les scénarios : l’individu d’élite peut, une fois courageusement traversés les cercles de l’enfer, s’avérer plus efficace que les lourdes organisations chargées administrativement de sa protection.

Certaines idées graphiques de Un citoyen se rebelle demeurent mémorables : on n’oublie pas l’immense entrepôt brusquement éclairé, révélant en ample profondeur de champ le traquenard final à la fois au héros et au spectateur. Et le réalisme vaut, comme souvent à cette époque et dans ce cinéma, le détour : les degrés variés du vice et du crime sont mis en scène d’une manière parfois étonnante et souvent très incisive, en raison d’un montage particulièrement nerveux. Certains aspects des bas-fonds de Gênes semblent documentaires tant la mise-en-scène leur confère un aspect pris sur le vif : on frôle même parfois l’humour noir et l’ironie désabusée lorsqu’une indicatrice se révèle être une prostituée n’ayant aucune information à fournir mis à part la révélation de son corps dénudé ou bien encore lorsqu’un casino clandestin est maquillé, en quelques secondes, en salle de billard juste avant une descente de police, à peine dupe du procédé. Armement léger historiquement plausible (italien et américain) dont se détache un fusil riot-gun Winchester 1200 calibre 12 au canon muni d’un frein de bouche compensant le recul. Les cinéastes américains William Lustig et Quentin Tarantino ont, tous les deux, aimé Un citoyen se rebelle et revendiqué son influence esthétique : raison de plus pour le redécouvrir aujourd’hui.

Un citoyen se rebelle

Présentation - 3,0 / 5

1 édition combo 1 Blu-ray région B + 1 DVD9 sous étui digipack, par Artus Films, collection Polar, le 20 septembre 2022. Image couleurs au format original 1.85 compatible 16/9. Son Linear PCM 2.0 mono VOSTF et VF d’époque (sur Blu-ray), Dolby Digital (sur DVD). Durée cinéma du film : 101 min. 30 sec. (restituée exactement sur Blu-ray). Suppléments : présentation du film par Curd Ridel + entretien avec Franco Nero + diaporama + bande-annonce originale + bande-annonce de la collection Polar. Belles affiches originales reproduites sur les volets du boîtier auxquels s’ajoutent les beaux visuels de l’étui. L’affiche thaïlandaise d’époque, reproduite au verso du boîtier, a modifié le titre du film en « profession tueur » ou « le tueur » (écrit en lettres aux couleurs roses et jaunes) ; le slogan inscrit à son fronton en lettres N&B peut se traduire par : « La ville a changé : la loi n’est plus respectée ». Aucune différence entre les bonus du DVD et ceux du Blu-ray.

Un citoyen se rebelle

Bonus - 3,0 / 5

Présentation par Curd Ridel (durée 29 min. environ) : chaleureuse et documentée, elle retrace clairement les bio-filmographies du cinéaste Enzo G. Castellari, des acteurs principaux (Franco Nero, Giancarlo Prete, Renzo Palmer, Romano Puppo, Massimo Vanni, Nazzareno Zamperla et Barbara Bach). Très bien illustrée non seulement par des extraits du film (alors qu’on vient de le visionner : de tels extraits sont donc inutiles) mais surtout par de nombreuses affiches françaises d’époque. Un regret : il faudrait qu’elles occupent, lorsqu’on les montre, tout l’écran au lieu d’un tiers de l’écran, afin qu’on puisse mieux les voir. Autrement dit, il faudrait que Ridel s’efface derrière chacune d’elles lorsqu’elles sont montrées au lieu d’apparaître entre deux affiches un peu trop petites. Il faudrait aussi que certaines soient mieux définies : on a parfois du mal à bien lire le générique inscrit au bas de certaines d’entre elles. Ou bien alors ne privilégier que les mieux scannées et se passer des autres. Je me doute que le dilemme doit être cornélien dans certains cas.

Entretien de Federico Caddeo avec l’acteur Franco Nero (VOSTF, durée 28 min. environ) : assez riches réponses (à des questions que le montage a amputées) car Nero se souvient en détails de Castellari, de la manière dont ils se connurent (l’anecdote est sympathique et mérite d’être écoutée), de la production et du tournage, du casting. Il y livre aussi d’autres informations en passant, souvent intéressantes : par exemple celle relative à la conception du temps cinématographique selon le cinéaste John Huston. Illustré par quelques affiches et des extraits du film. Ce bonus se trouve également sur l’édition Blu-ray américaine sortie en 2019.

Diaporama (durée 30 sec. environ) : décevant car seulement constitué de quelques affiches (parmi lesquelles deux italiennes et une thaïlandaise mais aucune française) sans aucune photo d’exploitation ni française ni italienne.

Bande-annonce (durée 3 min. 15 sec., VO sans STF) : c’est la bande-annonce anglophone internationale, en état argentique moyen. On n’y entend pas la véritable voix de l’actrice Barbara Bach bien qu’elle fût anglophone native : sa voix avait été redoublée en post-synchronisation pour d’obscures raisons. On y entend en revanche la voix de Nero qui assura lui-même son propre doublage anglais.

Bonne édition spéciale (seul le diaporama est décevant, compte tenu de la richesse iconographique à laquelle Artus nous avait si souvent habitué). Le cinéphile anglophone pourra en outre se tourner vers l’édition américaine de 2019 qui propose un commentaire audio et une version alternative au format 1.66 au montage légèrement plus long.

Un citoyen se rebelle

Image - 5,0 / 5

Full HD 1080p en couleurs, au format large original 1.85 compatible 16/9. Copie argentique très bien nettoyée et restaurée 2K et bon transfert vidéo, respectant bien le grain et la colorimétrie du matériel original. Haute définition particulièrement appréciable durant les scènes nocturnes, parfaitement définies.

Son - 5,0 / 5

Linear PCM 2.0 mono en VOSTF italienne et VF d’époque (sur Blu-ray), Dolby Digital (sur DVD) : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VF d’époque est assez bonne et souvent savoureuse. Restitution dynamique des effets sonores. Musique célèbre signée par Guido et Maurizio de Angelis.

Crédits images : © Capital Film, Rizzoli Film

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 22 septembre 2022
Film noir policier appartenant à l’âge d’or italien du genre, signé par un de ses artisans les plus vigoureux.

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