Les Soucoupes volantes attaquent (1956) : le test complet du Blu-ray

Earth vs. the Flying Saucers

Réalisé par Fred F. Sears
Avec Hugh Marlowe, Joan Taylor et Donald Curtis

Édité par Sidonis Calysta

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 17/02/2023
Critique

Le film fantastique le plus célèbre en France du cinéaste Fred F. Sears, aux effets spéciaux conçus par Ray Harryhausen.

Les Soucoupes volantes attaquent

USA 1956 : alors qu’ils font route vers une base militaire et spatiale, le Dr Marvin et son épouse Carol sont les témoins de l’apparition d’une soucoupe volante. Les extra-terrestres annoncent par radio leur volonté de dominer la Terre puis passent à l’attaque. Protégés par un écran magnétique, ils multiplient les destructions massives, y compris sur la capitale Washington, Marvin et ses collaborateurs mettent au point un nouveau canon qui pourrait faire échouer leur offensive : le temps presse car le sort de l’humanité est entre leurs mains.

Les Soucoupes volantes attaquent (Earth Vs. the Flying Saucers, USA 1956) de Fred F. Sears (1913-1957) est la seconde production fantastique de Sam Katzman et Charles H. Schneer aux effets spéciaux réglés par Ray Harryhausen, distribuée par la Columbia. C’est, sur le plan critique, le film fantastique le plus célèbre de Sears aux USA comme en France, et peut-être même son film le plus célèbre tout court. Il est vrai que, concernant la France, ce fut son unique film du genre exploité chez nous au cinéma en temps réel : il fallait en effet traverser la frontière belge dans les années 1955-1960 pour découvrir des titres tels que L’Empreinte du loup-garou (The Werewolf, USA 1955) ou La Nuit où le monde explosera (The Night the World Exploded, USA 1957). Toute la brève mais ample carrière de cinéaste de Fred F. Sears (il avait été auparavant acteur dans presque 80 films) se fit sous les auspices de la Columbia avec qui travaillaient Katzman et Schneer qui venaient d’obtenir un honorable succès avec Le Monstre vient de la mer (It Came From Beneath the Sea, USA 1955) de Robert Gordon, aux effets spéciaux également conçus par Harryhausen. Le budget de Les Soucoupes volantes attaquent demeure certes restreint (une quinzaine de jours de tournage avec les acteurs humain et quelques mois de travail uniquement voué aux effets spéciaux et au montage) mais remarquablement exploité. La mise en scène de Sears est en outre nettement plus dynamique que celle de Gordon, à qualité identique d’effets spéciaux harryhauséniens.

Sur les 54 titres (films fantastiques, westerns, films noirs policiers, films de guerre, films musicaux) que Fred F. Sears réalisa avant de décéder à l’âge précoce de 44 ans, on doit au moins signaler son film noir policier Cellule 2455 couloir de la mort (USA 1955) d’après le livre autobiographique de Caryl Chessman qui avait eu un certain retentissement. Son oeuvre filmique demeure aujourd’hui, du moins en France, difficile d’accès et, pour cette raison, méconnue : sur le plan vidéo, on compte ses éditions sur les doigts d’une seule main. Pourtant cette authentique terra incognita searsienne pourrait réserver d’intéressantes découvertes : Les Soucoupes volantes attaquent est donc, au moins en France, l’arbre qui cache la forêt mais il donne une excellente idée de ce dont il fut capable.

Les Soucoupes volantes attaquent

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray BD50 région B, édité par Sidonis Calysta le 09 décembre 2022. Image N&B au format 1.85 compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 mono VOSTF + VF d’époque. Durée du film : 83 min. Suppléments : Commentaire audio de Ray Harryhausen, Arnold Kunert, Jeff Okun, Ken Ralston (enregistré pour la version couleurs en 2007) + entretien avec l’actrice Joan Taylor (2007) + Dal Riesman, à propos du scénariste Bernard Gordon sur la Liste noire (2007) + Ray Harryhausen se souvient du film (2007).

Bonus - 4,0 / 5

Commentaire audio : le créateur des effets spéciaux et de l’animation Ray Harryhausen, le documentariste Arnold Kunert, les expert en animation et effets spéciaux Jeff Okun, Ken Ralston ont enregistré ce commentaire à l’occasion de la présentation de la version coloriée en 2007. Kunert est inconnu du public français mais il fut non seulement l’agent américain de Harryhausen à partir des années 2000 mais encore son historien et documentaliste officiel. Les deux autres tirent de Harryhausen tout ce qu’ils peuvent en tirer en matière d’informations techniques. Quelques remarques complémentaires sur les décors et les acteurs. A noter une information savoureuse sur le titre antérieur de 1955 concernant la réticence de la mairie de San Francisco à propos de la destruction du pont Golden Gate de San Francisco par une pieuvre géante. Ce commentaire comporte le même défaut que celui de 1955, sur le plan historique : considérer que Harryhausen fut l’auteur majeur du film et négliger le cinéaste signataire et sa filmographie. Comme celui de 1955, il enclenche automatiquement la vision de la copie coloriée ; impossible de l’écouter sur la version originale N&B, ce qui est dommage car la copie coloriée est matériellement très correcte mais plastiquement inférieure à l’image originale N&B.

Ray Harryhausen se souvient du film (2007, VOSTF, durée 21 min. 30 sec. environ) : il évoque le titre dans l’histoire de la passion américaine pour les extra-terrestres et leurs vaisseaux spatiaux (« UFO ») - passion qui avait initialement motivé le producteur Charles H Schneer - puis examine ses différents effets spéciaux, présente les véritables soucoupes utilisées, explique la manière dont elles furent filmées et manoeuvrées. Nombreuses explications techniques de première main dont certaines reprises dans le commentaire audio. Quelques témoignages admiratifs de cinéastes américains - dont l’adolescence fut nourrie par le cinéma fantastique -complètent ce remarquable bonus.

Entretien avec l’actrice Joan Taylor (2007, VOSTF, durée 17 min. 30 sec. environ) : elle résume sa vie et sa carrière cinématographique et télévisuelle puis se souvient, assez brièvement mais très chaleureusement, de ses deux rôles dans les classiques du cinéma fantastique de 1956 et 1957. Sympathique témoignage qui fournit des détails de première main sur les tournages et l’organisation d’Hollywood (anecdote sur les cascadeurs de western qui la protégeaient avec constance de tout danger, anecdote sur la pause-déjeuner syndicale à propos de l’acteur Hugh Marlowe) car la belle Joan Taylor fut sous contrat avec des studios tels que Paramount avant de devenir actrice indépendante pour le théâtre, le cinéma puis la TV.

Les Soucoupes volantes attaquent

Bernard Gordon sur la Liste noire (2007, VOSTF, durée 30 min. environ) : Bernard Gordon fut co-scénariste du film avec George Worthing Yates, d’après une histoire de Curt Siodmak. Le scénariste Dal Riesman ne parle pratiquement pas de notre titre de 1956 mais il s’en sert comme prétexte pour brosser, d’une manière très ample, en tant que témoin de première main, ce que fut la Liste noire, sur les plans politique et sociologique. Il évoque la carrière de scénaristes, célèbres ou non et qui y furent inscrits, parfois durant 15 ans. Il explique comment la Guilde américaine des scénaristes fut amenée à partir des années 1980 puis 1990 à effectuer un authentique travail historique afin de modifier et restituer aux génériques de 94 films les noms véritables de certains scénaristes qui n’avaient pas pu signer leurs oeuvres ou qui avaient été contraints de les signer sous des noms d’emprunt. Souvenirs nourris de nombreuses anecdotes parfois connues en France - par exemple celle concernant le scénariste Dalton Trumbo et le producteur Kirk Douglas à propos du Spartacus (USA 1960) de Stanley Kubrick : Douglas avait été scandalisé que Kubrick ait proposé de signer le scénario à la place de Trumbo (qui lui-même avait adapté un ample roman original bien documenté) et décida de créditer Trumbo au générique, ce qui amorça le déclin de l’efficacité de la Liste noire à partir de 1960, bien qu’elle fût encore en vigueur depuis 1947 - mais parfois plus rares et illustrées par quelques photos. Concernant le sous-titrage, quelques lacunes occasionnelles d’histoire du cinéma : La Loi du seigneur (Friendly Persuasion, USA 1956) de William Wyler est uniquement mentionné, à propos du scénariste Michael Wilson, sous son titre original américain alors qu’il dispose bien évidemment d’un titre français d’époque.

Bonne édition collector, riche en informations de première main, reprenant l’essentiel des bonus de l’édition américaine Sony de 2007 mais qui ne dispose pas d’une galerie affiches et photos d’exploitation.

Les Soucoupes volantes attaquent

Image - 4,0 / 5

Full HD 1080p AVC, en 1.85 compatible 16/9, en N&B d’origine ou bien, au choix, en version coloriée en 2007, approuvée par Ray Harryhausen. Le fait que le concepteur des effets spéciaux ait approuvé le coloriage ne suffit évidemment pas, à mes yeux, à faire préférer la version coloriée à l’originale N&B puisque le réalisateur Fred F. Sears et son directeur photo ont composé leurs plans en fonction d’une esthétique N&B d’origine, que Harryhausen lui-même confirme avoir conçu à l’époque ses images pour le N&B. Outre cette réserve de principe, le résultat me semble régulièrement médiocre : la poésie de la version N&B est plastiquement bien supérieure. Sur le plan argentique, copie en très bon état mais pas parfaite: quelques plans documentaires d’archives utilisés comme stock-shots au montage (par exemple des plans de fusées se préparant à décoller) sont en état médiocre mais c’est inévitable ; quelques plans (heureusement rares) ans de la continuité originale (par exemple vers la fin, sur les marches du Capitole américain) sont également en état moyen voire médiocre. Nettoyage par ailleurs presque parfait : on compte sur les doigts d’une seule main les poussières négatives et positives qui subsistent. Sur le plan vidéo, haute définition et format large respecté : la mise en scène de Sears retrouve son ampleur originale.

Les Soucoupes volantes attaquent

Son - 4,0 / 5

Dolby Digital 5.1. en VOSTF et 2.0 mono en VOSTF et VF d’époque : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VO est très bien remastérisée en 5.1 et la piste originale 2.0 tient très bien le coup. La VF d’époque est dramaturgiquement soignée mais techniquement, son niveau sonore varie assez nettement et régulièrement d’une séquence à l’autre. Célèbres effets sonores, notamment ceux émis par la navigation des soucoupes volantes. Leur origine (partielle car les effets sonores étaient évidemment mixés en auditorium par des techniciens émérites) est révélée par Harryhausen dans le commentaire audio et dans le bonus de ses souvenirs consacré à ce titre de 1956.

Crédits images : © Clover Productions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

3,0
5
0
4
0
3
1
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
francis moury
Le 17 février 2023
Le film fantastique le plus célèbre en France du cinéaste Fred F. Sears, aux effets spéciaux conçus par Ray Harryhausen. La seconde collaboration de ce dernier avec le producteur Charles H. Schneer et le distributeur Columbia.

Lire les avis »

Multimédia
Les Soucoupes volantes attaquent
Bande-annonce VO

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)