Réalisé par Lawrence Schiller
Avec
et Dennis Hopper
Édité par Carlotta Films
Le succès fou et inattendu d’Easy Rider a marqué ce qui est aujourd’hui considéré comme l’un des tournants les plus importants de l’histoire du cinéma américain, faisant de Dennis Hopper, rebelle pathologique, le roi improbable du Nouvel Hollywood. L’échec cuisant de son oeuvre suivante, The Last Movie, une méditation personnelle sur la signification du cinéma, l’affectera profondément.
The American Dreamer a été coréalisé en 1971 par L.M. Kit Carson, auteur d’une dizaine de scénarios, dont celui d’A bout de souffle "Made in USA" (Breathless, Jim McBride, 1983) remake oublié du film de Jean-Luc Godard, et de Massacre à la tronçonneuse 2 (The Texas Chainsaw Massacre 2, Tobe Hooper, 1986), et par Lawrence Schiller, réalisateur d’une quinzaine de longs métrages, essentiellement des téléfilms, dont Illégitime défense (Double Jeopardy, 1992).
The American Dreamer fut tourné dans le ranch de Dennis Hopper, à Taos, New Mexico, pendant le montage désordonné des centaines d’heures de rushes de The Last Movie, dont le coût et l’échec commercial allaient refroidir ses relations avec les producteurs, avant que le suivant, Out of the Blue, sorti en 1980, ne le mette sur la liste noire des studios et l’amène à sombrer dans l’alcoolisme et la drogue. Un enfer dont il se sortira par de remarquables performances d’acteur, principalement dans L’Ami américain (Der Amerikanische Freund, Wim Wenders, 1977), Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979), Blue Velvet (David Lynch, 1986) et Lovers (Elegy, Isabel Coixet, 2008).
The American Dreamer suit Dennis Hopper, coauteur du scénario, entre quelques joints et des « nanas » (broads) qu’il a toujours en tête (plus deux dans sa baignoire et jusqu’à une demi-douzaine dans son lit). Il évoque, en voice over, le souvenir d’une enfance malheureuse, son amour rêvé pour Leslie Caron, le poids de la solitude de l’artiste et questionne la société : qui est le plus criminel, celui qui s’enrichit en vendant de la cocaïne ou celui qui vend des armes ?
C’est, en fait, un faux documentaire dans lequel, en jouant son personnage, proche du Billy d’Easy Rider, Dennis Hopper nous confie « sa philosophie », ses vues, en vrac, sur des sujets les plus divers : « Je ne crois pas en la lecture (…) Je prenais des photographies depuis des années parce je ne pouvais pas faire de films. » « J’aime prendre ma voiture et rencontrer des gens (…) plus aussi abstraits qu’avant. » « Je vois la caméra comme une arme avec laquelle on peut faire la révolution (…) changer les esprits », etc.
The American Dreamer, avec quelques frustrants passages à vide, nous montre un Dennis Hopper qu’on devine, derrière un excès de confiance affiché, déboussolé, hanté par la crainte de ne pas pouvoir répondre à toutes les attentes suscitées par l’inattendu succès d’Easy Rider. Le film eut une distribution confidentielle et prit la poussière sur les étagères où il fut très longtemps oublié avant d’être ressorti au Royaume Uni par Etiquette Films en 2016.
L’édition de The American Dreamer complète le remarquable hommage rendu à Dennis Hopper par Carlotta Films avec son édition d’Along for the Ride, le documentaire de Nick Ebeling sélectionné à la Mostra de Venise en 2016, enrichie d’une abondante documentation sur le réalisateur, rassemblée dans un livre de 240 pages.
The American Dreamer (81 minutes) tient sur un Blu-ray BD-25 logé dans un boîtier blanc.
Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.
Aucun supplément.
L’image (1.33:1, 1080p, AVC), prise en 16 mm, a été restaurée après numérisation 2K de plusieurs positifs. L’effacement incomplet des marques de dégradation de la pellicule a laissé subsister quelques poils, rayures et points blancs. L’image est stable, avec des couleurs ravivées, assez bien étalonnées et une définition correcte malgré un grain très visible.
Le son DTS-HD Master Audio 1.0, assez propre, avec une dynamique moyenne et un souffle persistant, mais faible, assure la clarté des dialogues et de l’illustration musicale faite d’une sélection de chansons accompagnées à la guitare.
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