Vous ne l'emporterez pas avec vous (1938) : le test complet du Blu-ray

You Can't Take It with You

Réalisé par Frank Capra
Avec Jean Arthur, Lionel Barrymore et James Stewart

Édité par Sony Pictures

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Le 23/02/2023
Critique

Une comédie déjantée doublée d’une fable touchante sur la quête du bonheur servie par Frank Capra, enfin disponible en haute définition !

Vous ne l'emporterez pas avec vous

Après avoir fait fortune, le vieux Martin Vanderhof, convaincu que l’argent ne faisait pas le bonheur, s’est retiré, entouré de ses enfants et petits-enfants, dans une grande maison où chacun peut s’adonner à ses hobbies, aussi farfelus soient-ils. Seule sa petite-fille Alice travaille sérieusement comme sténodactylo chez Anthony P. Kirby, un puissant homme d’affaires qui veut acheter tout un bloc de maisons pour réaliser une grande opération immobilière, un projet bloqué par Martin Vanderhof, le seul propriétaire à refuser de vendre. Les choses se compliquent quand Alice tombe amoureuse de Tony Kirby, le fils de l’homme d’affaires…

Vous ne l’emporterez pas avec vous (You Can’t Take It with You), sort en 1938, alors que Frank Capra, au faîte de sa gloire, a obtenu une reconnaissance planétaire. Contaminé par le virus du cinéma après avoir décroché un diplôme d’ingénieur chimiste, le fils d’une famille pauvre sicilienne entrée aux USA en 1903, se lance en 1921 dans la réalisation de courts métrages, écrit des scénarios, réalise quelques films avec des stars de l’époque, Harry Langdon, Jean Harlow… révèle Barbara Stanwyck avec Femmes de luxe (Ladies of Leisure, 1930) et La Femme aux miracles (The Miracle Woman, 1931), puis réalise en 1933 son premier film nommé aux Oscars, Lady for a Day, avant d’enchaîner les succès publics et critiques avec New York - Miami (It Happened One Night, 1934) et L’Extravagant Mr Deeds (Mr. Deeds Goes to Town, 1936) qui lui valurent deux Oscars du meilleur réalisateur, et Horizons perdus (Lost Horizon, 1937).

Vous ne l'emporterez pas avec vous

Vous ne l’emporterez pas avec vous s’inspire d’une pièce à succès de George S. Kaufman et Moss Hart, montée en 1936, adaptée par Robert Riskin, le scénariste de treize films de Frank Capra, oscarisé pour New York - Miami. Le film trouve sa place sur l’étagère des comédies loufoques, screwball comedies, tout près de L’Extravagant Mr. Deeds, avec lequel il a en commun une dimension sociale utopique, une constante du cinéma de Frank Capra. La similitude va encore plus loin : la scène du tribunal de Vous ne l’emporterez pas avec vous rappelle obligatoirement celle de l’autre film, avec le chahut dans le prétoire des citoyens venus soutenir le personnage principal.

Les touches comiques, ajoutées à la pièce ne manquent pas dans les dialogues : Martin Vanderhof se justifie de n’avoir jamais déclaré ses revenus au fisc en disant qu’il ne croit pas aux impôts. Parmi les gags visuels, impossible d’oublier, la chute du panneau « Home, sweet home » à chacune des incalculables expériences pyrotechniques du gendre de Martin Vanderhof.

James Stewart, sorti en 1932 de la prestigieuse université de Princeton, après une quinzaine de contributions à des films pour la plupart oubliés, tient là, à 30 ans, son premier grand rôle, à côté d’une jeune star montante, Jean Arthur, révélée par Toute la ville en parle (The Whole Town’s Talking, John Ford, 1933) et L’Extravagant Mr. Deeds. La vedette du film, avec plus de 200 rôles en cinquante ans, était Lionel Barrymore (1878-1954) qu’on reverra avec James Stewart dans La Vie est belle, le film le plus populaire de Frank Capra.

Le cinéphile applaudira cette première sortie en haute définition d’un des dix plus grands films de Frank Capra. D’autres se font toujours attendre : Lady for a Day, New York - Miami, L’Homme de la rue (Meet John Doe, 1941), Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace, 1944). Une raison d’espérer : tous ces films, à l’exception de L’Homme de la rue, sont déjà sortis sur Blu-ray aux USA, et même quelques-uns en édition 4K UHD, comme La Vie est belle (It’s a Wonderful Life, 1946), proposé en France sur ce medium en 2019 par ESC Éditions.

Vous ne l'emporterez pas avec vous

Présentation - 4,0 / 5

Vous ne l’emporterez pas avec vous (126 minutes) et ses suppléments (27 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier noir.

Le film est proposé dans sa langue originale, en anglais, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono, et dans un doublage en français, allemand, italien et espagnol au format Dolby Digital 2.0 mono.

Sous-titres en 25 langues, dont le français et l’anglais.

Bonus - 3,5 / 5

Commentaire du film par Frank Capra Jr. et Cathrine Kellison, autrice de plusieurs ouvrages sur le cinéma et la télévision (en anglais, sans sous-titres, enregistré en 2006). Intéressant dans son ensemble, notamment en ce qu’il signale les différences entre la pièce et son adaptation par Capra et bien qu’il accorde un peu trop de place à la description des personnages et à la biographie des acteurs au détriment d’une analyse de la réalisation, ce commentaire aurait mérité un sous-titrage.

Frank Capra Jr. se rappelle You Can’t Take It with You (26’, Sony Pictures 2006, en anglais, sans sous-titres). Il se souvient que son père s’était plaint d’avoir vu à Londres son nom figurer sur des affiches de films dont il n’avait jamais entendu parler auprès du producteur Harry Cohn qui lui répondit qu’ils attiraient ainsi plus de spectateurs et lui proposa même un partage des bénéfices ! Le différend conduisit Capra à assigner Columbia à Los Angeles, New York et Londres. Avec Ricard Peña, enseignant de cinéma à Columbia University, Jeanine Basinger, conservatrice des archives de Capra, Frank Capra Jr. souligne que le film se différencie de la pièce en privilégiant l’idéologie et les enjeux sociétaux par rapport à la romance, évoque les principaux personnages, les gags et les personnages secondaires ajoutés à la pièce, l’amitié née avec ce film entre le réalisateur et James Stewart, l’investissement total de son père dans ses films…

Bande-annonce (1’).

Vous ne l'emporterez pas avec vous

Image - 3,5 / 5

L’image 1.37:1, 1080p, AVC), restaurée par Sony Pictures pour la première édition en haute définition sortie aux USA en 2015, n’atteint pas le niveau de qualité obtenu pour L’Extravagant Mr. Deeds. Le mauvais état des sources disponibles, une copie de troisième génération d’un négatif mal préservé et un positif qui en avait été issu, découvert au dernier moment dans le ranch de Frank Capra, explique une qualité variable, parfois irréprochable, parfois altérée par un grain occasionnellement invasif (par exemple à 105’) ou un scintillement (par exemple à 112’) et par la douceur de certains plans.

Le signalement de ces défauts ne doit pas rebuter le cinéphile : l’impression générale reste très positive.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono s’en tire un peu mieux. Après une sérieuse élimination des bruits causés par la dégradation de la pellicule et du souffle, il assure le confort d’écoute des dialogues qui fusent en rafales et donne un réalisme certain aux multiples explosions provoquées par le gendre de Martin Vanderhof. Seul souffre un peu l’accompagnement musical, au timbre un peu caverneux.

Le doublage en français, au format standard Dolby Digital 2.0 mono, étriqué, manquant de naturel, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Columbia Pictures Corporation

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 24 février 2023
Cette première édition en haute définition trouvera sa place sur l’étagère des comédies loufoques, tout près de L’Extravagant Mr. Deeds, avec lequel il a en commun une dimension sociale utopique, une constante du cinéma de Frank Capra.

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