La Fille du bois maudit (1936) : le test complet du Blu-ray

The Trail of the Lonesome Pine

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Henry Hathaway
Avec Sylvia Sidney, Fred MacMurray et Henry Fonda

Édité par Elephant Films

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Le 27/10/2022
Critique

Un des plus beaux films en Technicolor, une délicate réussite de Henry Hathaway, à nouveau disponible, après restauration et en HD.

La Fille du bois maudit

Dans la petite ville de Lonesome Pine, les Tolliver et les Falin se livrent une lutte sans merci, génération après génération. Jack Hale, un ingénieur chargé de la construction d’une voie ferrée, rachète aux Tolliver une partie de leur terrain contenant un filon de charbon et tente d’apaiser les tensions entre les deux clans. Il ne laisse pas indifférente June Tolliver, fiancée à son cousin Dave…

La Fille du bois maudit (The Trail of the Lonesome Pine) de Henry Hathaway, sorti en février 1936, est la première adaptation en long métrage du bestseller éponyme publié en 1908 par John Fox Jr. (1862-1919), après deux adaptations en court métrage, en 1913 et 1914, et une de 50 minutes en 1916 par Cecil B. DeMille. Le scénario de 1936 est dû à Grover Jones qui venait d’écrire pour Henry Hathaway celui, sélectionné aux Oscars, de Les Trois lanciers du Bengale (The Lives of a Bengal Lancer), dont le succès commercial assura au réalisateur les faveurs de Paramount Pictures.

Henry Hathaway put ainsi tourner l’essentiel du métrage en extérieur, principalement dans la Big Bear Valley, et réunir une belle distribution en tête de laquelle figurait Sylvia Sidney, une des grandes stars des années 30, à laquelle Fritz Lang, la même année, allait donner son plus beau rôle dans l’excellent film noir Furie (Fury). À ses côtés, Fred MacMurray, dont le nom commençait à apparaître régulièrement en tête d’affiche. Et un quasi-débutant, Henry Fonda, qui n’allait pas tarder à acquérir une renommée internationale avec sa prestation dans Les Raisins de la colère (Grapes of Wrath, John Ford, 1940) ; elle lui rapporta une nomination à l’Oscar d’interprétation masculine qui ne lui sera décerné qu’en 1981 pour La Maison du lac (On Golden Pond, Mark Rydell). En arrière-plan, on remarque Fuzzy Knight, alias John Forrest Knight, qui tint près de 200 rôles sur le grand et le petit écran, principalement dans des westerns. Très demandé (on le voit dans pas moins de douze films sortis en 1936), il met en oeuvre ses talents de crooner dans plusieurs chansons en contrepoint de l’action. Le petit Buddie, sept ans, est interprété par George ‘Spanky’ McFarland, célèbre aux USA pour son incarnation de Spanky, personnage récurrent de la très longue série de courts métrages pour enfants Our Gang.

La Fille du bois maudit utilise des thèmes assez classiques, l’arrivée, avec le chemin de fer, de la modernité contrastant avec les traditions d’une communauté isolée, solidement ancrées depuis des générations, ainsi que l’affrontement de deux clans, mais les traite avec une délicatesse et un humanisme qui en font un des films à part dans l’histoire du western.

La Fille du bois maudit se distingue aussi par son utilisation très particulière du Technicolor, le nouveau procédé inventé et mis au point par Herbert Kalmus et Daniel Frost Comstock, utilisant une lourde caméra chargée de trois bobines ; les trois négatifs en noir et blanc, après avoir été imprimés en cyan, magenta et jaune, étaient collés l’un sur l’autre avant d’être tirées dans des couleurs très saturées, emblématiques du procédé. Le premier long métrage en Technicolor, entièrement tourné en studio, fut Becky Sharp de Rouben Mamoulian, sorti en juin 1935.

La Fille du bois maudit, le premier film en Technicolor tourné en extérieur et dans des décors naturels, propose des couleurs nettement moins saturées, un choix soutenu par le chef-opérateur W. Howard Greene, un des pionniers de la photographie en couleurs, qui sublime la beauté des cadres. Nommé sept fois aux Academy Awards, il sera récompensé par l’Oscar de la meilleure photographie en 1944 couleurs pour Le Fantôme de l’opéra (Phantom of the Opera, Arthur Lubin).

La Fille du bois maudit était introuvable depuis l’épuisement du DVD édité par Universal en 2010, sans aucun complément. On saluera donc la bonne idée qu’a eue Elephant Films de le ressortir, en haute définition, avec trois autres films de Henry Hathaway, dont un encore inédit en France (voir la rubrique Bonus).

La Fille du bois maudit

Présentation - 3,5 / 5

La Fille du bois maudit (100 minutes) et ses suppléments (25 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9 logés dans un boîtier (avec jaquette réversible), glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Sous-titres anglais disponibles : une très bonne idée !

Un livret de 24 pages, commun aux quatre films d’Henry Hathaway édités par Elephant films en septembre 2022, écrit par l’écrivain et journaliste Denis Rossano, intitulé Redécouvrir Henry Hathaway, s’ouvre sur un rappel de l’image de tyran des plateaux que le réalisateur se plaisait à entretenir en affirmant « to be a good director, you’ve got to be a bastard ». Une image que contredira Bertrand Tavernier: « nous avons rencontré un gentleman affable, érudit, passionné par le cinéma, courtois, définissant admirablement sa vision de la mise en scène ». Après avoir été assistant de Victor Fleming et de Josef von Sternberg, il se lance à 34 ans dans la réalisation. Ses films sont « marqués autant du sceau d’une grande rigueur visuelle (…) que d’un sens de l’efficacité narrative indiscutable », avec « un goût pour le réalisme assez inhabituel (…) et un traitement de la violence très atypique ». Suit une analyse des quatre films édités en septembre 2022, C’est pour toujours, premier grand succès commercial de Henry Hathaway, Âmes à la mer (Souls at Sea, 1937), Les Gars du large, et La Fille du bois maudit, « pas vraiment un western, mais davantage une sorte de mélodrame pastoral (…), un des plus beaux films en couleurs de l’histoire du cinéma ».

La Fille du bois maudit

Bonus - 2,0 / 5

Le film par Justin Kwedi (2022, 22’), critique à Culturopoing.com. Il souligne le thème majeur du film, l’irruption de la modernité dans un microcosme isolé, gouverné par les traditions, le choix d’une palette nuancée pour le Technicolor, passe en revue la distribution en tête de laquelle s’imposait Sylvia Sidney, une des stars des années 30. Henry Hathaway, mal aimé, notamment en France où il a été vu comme un « touche-à-tout », auteur d’une oeuvre diverse dans laquelle on retrouve souvent des personnages ambigus.

Bande-annonce originale (3’27”).

Bandes-annonces : celles de trois autres films de Henry Hathaway sortis dans la collection Cinéma MasterClass : Les Gars du large (Spawn of the North, 1938), C’est pour toujours (Now and Forever, 1934), Le Cinquième commando (Raid on Rommel, 1971) et de Police sur la ville (Madigan, Don Siegel, 1968).

La Fille du bois maudit

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), correctement définie, avec une désaturation délibérée de la palette du Technicolor, très stable, correctement résolue, a été débarrassée des marques les plus visibles laissées par le temps, mais pas de quelques points blancs, toutefois assez discrets. Les contours colorés dus à un infime décalage dans la superposition des trois bandes, bleue, verte et rouge du Technicolor, ne sont qu’assez exceptionnellement visibles. Le grain aurait pu être un peu plus affiné, sans dénaturer la texture du 35 mm.

Son - 4,0 / 5

Le son mono d’origine, remixé au format non compressé DTS-HD Master Audio 2.0 mono, a été débarrassé des bruits parasites dus à la dégradation de la piste. Seul subsiste un souffle qui n’a été réduit, presque effacé, que dans les séquences avec dialogues, clairement restitués. La dynamique donne une belle présence à l’ambiance et à l’accompagnement musical qui n’est affecté que par d’occasionnelles saturations dans les passages forte.

Le doublage, au même format, plaçant trop en avant des dialogues monotones et peu naturels, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Walter Wanger Productions, Paramount Pictures

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 27 mars 2023
Ce western insolite, soigneusement restauré, le premier film en Technicolor tourné en extérieur et dans des décors naturels, est encore vu comme un des films avec les plus belles couleurs que pouvait offrir ce nouveau procédé. Un débutant au générique : Henry Fonda.

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La Fille du bois maudit
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