Little Odessa (1994) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par James Gray
Avec Tim Roth, Edward Furlong et Moira Kelly

Édité par Metropolitan Film & Video

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Le 14/02/2023
Critique

Première édition HD, en exclusivité mondiale et très attendue, du premier film de James Gray, un cinéaste trop rare. À ne pas manquer !

Little Odessa

Tueur à gages, Joshua Shapira accepte une mission qui le ramène à Little Odessa, le quartier de son enfance. Des retrouvailles douloureuses : son père refuse de parler à ce fils assassin, et sa mère est en train de mourir d’une tumeur au cerveau. Reuben, son jeune frère qui rêve de quitter le quartier, le revoit en cachette.

Little Odessa, sorti en 1994,Prix de la critique à Deauville, Lion d’argent à Venise, Grand prix de l’Union de la critique de cinéma, n’est pourtant qu’un premier film, réalisé à 24 ans par James Gray grâce à l’aide du producteur Paul Webster, séduit par son travail de fin d’études à l’école de cinéma de l’Université de Californie du Sud, Cowboys and Angels, un court métrage de 12 minutes réalisé en 1991.

Little Odessa met en images un scénario original que James Gray a situé dans un environnement qu’il connaît bien, à Little Odessa, nom donné à Brighton Beach, un quartier de Coney Island où s’étaient installés Russes et Ukrainiens juifs de New-York et où sa famille s’était réfugiée après avoir fui la Russie en 1923. Brighton Beach est photographié, en plein hiver sous la neige, par Tom Richmond, chef-opérateur disparu le 29 juillet 2022 et qui fut salué par le Prix de la meilleure photographie au festival de Sundance pour Los Angeles : Alerte maximum (Right at Your Door, Chris Gorak, 2006).

Le scénario déroule les relations entre les membres d’une famille nucléaire, dans l’ordre chronologique (à l’exception d’un énigmatique flashback final) Mais il laisse une question sans réponse : la haine de Joshua envers son père n’est-elle pas le résultat d’une maltraitance subie pendant son enfance qui l’aurait conduit à la délinquance ?

Little Odessa profite de l’élégance de sa mise en scène, sans afféteries. La violence de plusieurs scènes est fortement ressentie, sans être jamais étalée, restant souvent hors-champ et certains plans sont inoubliables, en particulier celui de Reuben vérifiant le chargement d’un revolver, derrière une cloison, dont l’action est entièrement révélée par la projection de son ombre sur un mur.

Little Odessa

La distribution est d’un niveau rare pour un premier film. Tim Roth avait acquis son statut de star avec Vincent & Theo (Robert Altman, 1990) et sa collaboration avec Quentin Tarantino pour Reservoir Dogs en 1992 et Pulp Fiction en 1994. Edward Furlong, s’il n’avait pas encore 17 ans au moment du tournage, avait commencé à faire parler de lui après Terminator 2: Judgment Day (James Cameron, 1991) et Simetierre 2 (Pet Semetary II, Mary Lambert, 1992). Et, derrière eux, Vanessa Redgrave et Maximilian Schell !

James Gray a été, et reste, plus apprécié en Europe qu’aux USA. Cinq de ses huit longs métrages furent sélectionnés à Cannes : The Yards en 2000, La Nuit nous appartient (We Own the Night) en 2007, Two Lovers en 2008, The Immigrant en 2013 et Armageddon Time en 2022). Tous ses longs métrages pour le grand écran ont été édités en vidéo.

Dans notre chronique de Two Lovers, en 2009, nous regrettions que James Gray n’ait pu réaliser que cinq films en quinze ans et nous appelions de nos voeux une réédition d’urgence de Little Odessa, introuvable depuis des années après l’épuisement de l’édition Opening de 2006. Il aura fallu attendre 14 ans et compter sur la ténacité de Metropolitan Films pour cette réédition après le dénouement d’un imbroglio sur la détention des droits. C’est, en exclusivité mondiale, la première édition en haute définition du film. Cocorico !

Et, depuis 2009, James Gray a pu réaliser trois longs métrages, mais reste meurtri par le refus qui lui fut opposé en 2016 du final cut de The Lost City of Z.

Little Odessa

Présentation - 4,0 / 5

Little Odessa (98 minutes) et son supplément (27 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un fin digipack à trois volets.

Le film est proposé dans sa langue originale, en anglais et en russe, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Au verso des deux couvertures, une reproduction de l’affiche et Fade to Gray, une revue originale et enflammée de Little Odessa écrite par Nicolas Rioult. Le film, à sa sortie en France, fit « figure de déflagration (…) dans une sorte d’âge d’or du film noir », grâce au producteur Paul Webster et à son « pari sur un artiste en devenir ». C’est une « oeuvre à part » pour son « approche européenne », son accompagnement par des choeurs liturgiques russes, ses acteurs « au jeu intérieur », ses « longs plans fixes à l’intérieur desquels les acteurs se parlent intensément, le monde extérieur momentanément soustrait ». « Sans aucune fioriture dans son montage (…), tout file droit »… jusqu’au surprenant avant-dernier plan.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Little Odessa

Bonus - 3,5 / 5

Entretien exclusif avec James Gray (27’, Metropolitan Films, 2022), intitulé Les liens du sang, conduit par Nicolas Rioult. James Gray se souvient d’être tombé du petit nuage sur lequel il était pendant le tournage quand il fut confronté à l’épreuve du montage. Il lui fallut peu de temps pour écrire le scénario, beaucoup plus pour terminer le séquencier. Joshua lui a été inspiré par un personnage étrange rencontré lors de ses escapades de jeunesse dans l’insolite Brighton Beach, là où il était facile pour un mineur de se faire servir de l’alcool. Il rend hommage au chef-opérateur Tom Richmond auquel il avait alors montré de nombreuses aquarelles pour lui faire partager son désir d’une esthétique à la Visconti. Le temps de préparation a repoussé le tournage en janvier et février 1994, un des pires hivers à New York, ce qui donne au film « sa dimension cosmique et magique ». Il se souvient d’une excellente relation avec Tim Roth, Edward Furlong et Vanessa Redgrave et se dit aujourd’hui plus attentif qu’alors à donner « du dynamisme à la performance des acteurs (…), à apporter une touche d’humour (…), à accueillir une bonne suggestion d’un acteur ». La tension sur le plateau entre Tim Roth et Maximilian Schell a servi le film. Son admiration en 1992 pour le film de David Lynch, Twin Peaks : Fire Walk With Me, lui a donné l’idée de Moira Kelly pour le rôle d’Alla. Il fut surpris d’apprendre que le film avait remporté le Lion d’argent après sa projection dans une salle à moitié vide et ravi par son accueil chaleureux à Deauville. Le thème de l’immigration, « le fil conducteur de tous mes films », tient à l’histoire de ma famille, ajoute-t-il.

Little Odessa

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), restaurée après numérisation d’un interpositif, a été soigneusement débarrassée des marques de dégradation de la pellicule. Mais, après un affinement du grain respectueux de la texture du 35 mm, elle reste affectée par un manque de piqué, surtout sensible dans les plans larges. Le plaisir de revoir le film ne saurait être gâché par ce défaut, compensé par un délicat étalonnage des couleurs.

Little Odessa

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master audio 5.1, très propre, pratiquement sans souffle, priorise agréablement sur l’ambiance et l’accompagnement musical les dialogues, restitués avec clarté, mais occasionnellement étouffés, par exemple dans la scène de la rencontre dans la rue entre Josh et Alla, à partir de 26’. Les canaux latéraux profitent surtout à l’aération et à l’ampleur de la musique, l’ambiance restant frontale, comme lors de la sortie du film en stéréo.

Ce constat vaut pour le doublage.

Crédits images : © New Line Cinema, Paul Webster/Addis-Weschler

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 14 février 2023
Ce premier film, réalisé par un jeune inconnu de 24 ans, sera salué par le Prix de la critique à Deauville et le Lion d’argent à Venise. James Gray démontre d’emblée un talent que confirmeront sept autres longs métrages, dont cinq seront sélectionnés à Cannes !
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PAT
Le 3 août 2008
Très bon Film, Tim Toth excellent tout comme Ed Furlong... A voir !
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François
Le 27 décembre 2002
Un film beau et prenant qui vous scotchera a l'écran

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