La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz (1955) : le test complet du Blu-ray

Ensayo de un crimen

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Luis Buñuel
Avec Ernesto Alonzo, Miroslava Stern et Rita Macedo

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 10/01/2023
Critique

Réédition très attendue d’une inoubliable et impérissable comédie noire, un des grands films réalisés au Mexique par Luis Buñuel.

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

Alors qu’il est enfant, Archibald apprend par la bouche de sa jolie gouvernante que la boîte à musique offerte par sa mère dispose d’un extraordinaire pouvoir : donner la mort à la personne de son choix. Devenu adulte, Archibald retrouve la boîte à musique. Il conçoit alors le projet de tuer toutes celles qu’il aimera…

Le plaisir de se sentir tout-puissant

La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz s’ouvre sur un souvenir de son enfance que relate Archibaldo. Alors que sa mère vient de lui offrir une boîte à musique, sa préceptrice lui narre un conte : un génie offre à un roi une boîte à musique magique donnant à son détenteur le pouvoir de tuer par la pensée toute personne qu’il choisira. Pour tester l’efficacité du cadeau, Archibaldo souhaite la mort de la préceptrice, immédiatement tuée par une balle perdue, alors qu’elle regardait par la fenêtre, en pleine révolution mexicaine, l’affrontement entre révolutionnaires et forces de l’ordre. La vision de la jeune femme étendue, la jupe relevée découvrant ses cuisses et du sang s’écoulant de son cou, trouble délicieusement le jeune garçon qui se sent investi du grand pouvoir de donner la mort. Des années plus tard, la redécouverte de la boîte à musique chez un antiquaire libère soudain ses pulsions mortifères.

La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz (Ensayo de un crimen) sort en 1955, adaptation du roman éponyme publié en 1944 par le dramaturge Rodolfo Usigli. Cette sorte de comédie noire exploite des thèmes qui ont imprégné le cinéma de Luis Buñuel, les obsessions, bien sûr, et la frustration créée par une réalité contrariant la satisfaction du désir. Le cinéaste pique aussi ses banderilles sur les conventions bourgeoises, comme dans la plupart de ses films.

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz met soigneusement en scène, mais sans affectation, un récit associant habilement la cruauté des situations à l’humour, avec la complicité du chef-opérateur Agustín Jiménez qui l’avait déjà assisté en 1953 pour Bruto, El. Et du directeur artistique Jesús Bracho qui contribuera à La Jeune fille (The Young One, 1960) et à L’Ange exterminateur (El Ángel exterminador, 1962).

Le rôle-titre est tenu par Ernesto Alonso, très célèbre au Mexique tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle comme acteur, mais aussi réalisateur de séries et producteur. Son incarnation d’Archibaldo lui a valu une nomination à un Ariel d’interprétation masculine, l’Oscar mexicain. L’imagination de Luis Buñuel fut rattrapée par la réalité : Miroslava, l’actrice interprétant Lavinia, dont Archibaldo brûle le mannequin, s’est suicidée et son corps a été incinéré… le jour de la première du film !

Introuvable depuis l’épuisement des deux éditions DVD sorties par Films sans Frontières (en 2001, en duo avec El, 1952, puis en 2006, en duo avec Olvidados, Los, 1950), La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz nous revient enfin après une restauration numérique de l’image opérée sous l’égide de la Cineteca Nacional à partir d’un scan 4K du négatif original 35 mm acétate et du son à partir d’un positif. Une édition très attendue en haute définition, complétée par un utile bonus exclusif.

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

Présentation - 3,5 / 5

La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz (90 minutes) et ses suppléments (43 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9, présentés dans un digipack à deux volets.

Un menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en espagnol, avec sous-titres optionnels, au format audio standard Dolby Digital 2.0 mono.

Un livret de 16 pages reproduit un essai de Marcela Iacub, juriste et chercheuse, Entre rêve et réalité, publié en 2014 dans la revue Savoirs et Clinique. Pour elle, Buñuel « s’inscrit avec ce film, dans une longue tradition critique » selon laquelle « les frontières entre rêve et réalité ne sont pas naturelles, mais construites par le droit ». L’établissement de la responsabilité pénale, à partir de preuves ou de l’intime conviction d’un jury, reste faillible, au moins sous les régimes démocratiques. Avec des actions et une intention visant délibérément un assassinat, interrompues au dernier moment par le hasard, Archibaldo est-il un meurtrier ? Pourrait-on imaginer une justice qui conçoive la punition de l’assassinat et de tous les autres crimes d’une autre manière ?

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

Bonus - 4,0 / 5

Étrange Archibald , le regard de Marcos Uzal, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma depuis 2020 (43’, Les Productions du Désordre, 2022). Luis Buñuel, installé au Mexique depuis 1947, a été charmé par la culture du « pays le plus surréaliste du monde ». Le thème du roman ne pouvait qu’intéresser le cinéaste, influencé par Sade et André Breton, sur fond de psychanalyse « ouvrant les portes de l’imaginaire ». Il épingle aussi les rituels et les faux-semblants d’une bourgeoisie « isolée du monde extérieur ». Marcos Uzal souligne l’esthétique du film, l’importance du son et des éclairages, la précision d’une mise en scène « invisible » et commente la fin « un peu trop facile pour qu’on y croie » et son clin d’oeil à Charlie Chaplin.

Un intéressant complément, avec quelques extraits du film qui auraient pu être sous-titrés.

Bande-annonce (1’20”).

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), a été, par une restauration 4K, débarrassée des petites taches blanches qui apparaissaient sur les éditions de 2001 et de 2006. Un autre gain appréciable a été obtenu avec un réétalonnage stabilisant et affinant le dégradé de gris et renforçant la densité des noirs.

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 2.0 mono (on ne peut que regretter le choix d’un format compressé) est absent de bruits parasites liés à la dégradation de la pellicule, mais pas d’un souffle, d’un niveau variable, le plus souvent assez discret. Le timbre des dialogues, parfois grinçant dans les éditions antérieures, a été réajusté dans un meilleur équilibre avec l’ambiance et l’accompagnement musical.

Crédits images : © Alianza Cinematografica

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 11 janvier 2023
Cette inoubliable comédie noire, un des grands films réalisé par Luis Buñuel au Mexique, introuvable depuis des années, nous est proposée par Tamasa Diffusion en haute définition, après une exemplaire restauration 4K.

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La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz
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