J'ai le droit de vivre (1937) : le test complet du Blu-ray

You Only Live Once

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Fritz Lang
Avec Sylvia Sidney, Henry Fonda et Barton MacLane

Édité par Studiocanal

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Le 27/06/2023
Critique

Un des premiers grands films américains de Fritz Lang enfin disponible en HD, avec des suppléments essentiels.

J'ai le droit de vivre

Eddie, condamné à trois reprises pour des vols, sort de prison, résolu à rester sur le droit chemin, d’autant plus qu’une récidive lui vaudrait la perpétuité. Pendant sa lune de miel avec Jo, la secrétaire de son avocat, il est injustement arrêté puis condamné à mort pour le braquage d’un transport de fonds au cours duquel un policier a été tué : son chapeau avait été trouvé sur la scène de crime…

J’ai le droit de vivre (You Only Live Once) met en images une histoire originale de Gene Towne et C. Graham Baker, coauteurs dans les années 30 et 40 de 24 scénarios de comédies, drames et films noirs. Le deuxième, le plus productif et le plus connu, a signé 181 scénarios, dont celui de l’excellent western Le Bagarreur du Tennessee (Tennessee’s Partner, Allan Dwan, 1955).

J’ai le droit de vivre est le second des 24 longs métrages de la période hollywoodienne de Fritz Lang. Il avait fui le nazisme en 1933 après le tournage de M le maudit (M - Eine Stadt sucht einen Mörder, 1931) et Le Testament du Dr. Mabuse (Das Testament des Dr. Mabuse, 1933) et s’était installé aux USA après un court passage en France, le temps de réaliser Liliom, sorti en 1934.

He is born bad!

J'ai le droit de vivre

J’ai le droit de vivre est parmi les plus réussies des multiples variations cinématographiques sur le thème du faux coupable, sur la mauvaise réputation collant à la peau, surtout si on est mal né. Un thème qui, un an plus tôt, avait assuré à Fritz Lang une entrée remarquée sur la scène de Hollywood avec Furie (Fury), sorti en 1936, également un vibrant plaidoyer contre le lynchage, avec Spencer Tracy en tête d’affiche.

On relève, tout au long du récit, la précision de la mise en scène de Fritz Lang, la rigoureuse construction des cadres à l’intérieur desquels tout est à sa place, où chaque objet peut avoir une importance qu’on découvrira plus tard, parfois même après un deuxième visionnage. Accentuée par des jeux de lumière, la beauté de tous les plans est remarquable. À titre d’exemple, le plan avec l’ombre projetée des barreaux dans la prison ou encore, vers la fin, le plan de Jo avec les reflets sur la vitrine d’un magasin qui rappelle celui, iconique, de Hans Beckert devant la coutellerie de M le maudit.

J’ai le droit de vivre bénéficie de l’expertise de Leon Shamroy (1901-1974), un des grands directeurs de la photographie, chef-opérateur de plus de 120 films dirigés par les plus grands réalisateurs, tels John M. Stahl pour le beau Péché mortel (Leave Her to Heaven, 1945), Elia Kazan pour Le Lys de Brooklyn (A Tree Grows in Brooklyn, 1945)… Son expertise lui valut d’être sollicité pour des superproductions comme La Tunique (The Robe, Henry Koster, 1953), le premier film en CinemaScope, ou Cléopâtre (Joseph L. Mankiewicz, 1963).

J'ai le droit de vivre

Dans la distribution, deux étoiles montantes affirment leur talent, Henry Fonda et Sylvia Sidney. Ils se retrouvent, pour la seconde et dernière fois, deux ans après La Fille du bois maudit (The Trail of the Lonesome Pine, Henry Hathaway, 1936). Henry Fonda, vingt ans plus tard, réendossera avec Alfred Hitchcock le costume de l’innocent accusé à tort dans Le Faux coupable (The Wrong Man, 1956). Fritz Lang, après avoir employé Sylvia Sidney dans Furie, la rappellera une dernière fois pour Casier judiciaire (You and Me, 1938), le troisième film d’une trilogie sur le système pénal. On reconnaît sans peine, dans un des petits rôles, Margaret Hamilton qu’on reverra, deux ans plus tard, sous le chapeau noir la méchante sorcière dans Le Magicien d’Oz.

J’ai le droit de vivre, longtemps introuvable, a repris sa place parmi les 66 titres de la Collection Make My Day ! éditée par Studiocanal et pilotée par Jean-Baptiste Thoret depuis son lancement en 2018. Une remarquable collection, saluée en 2019 par le Prix collection/coffret du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision.

J'ai le droit de vivre

Présentation - 2,5 / 5

J’ai le droit de vivre (86 minutes) et ses suppléments (69 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD logés dans un digipack à deux volets, glissé dans un étui.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés plus bas sur l’image, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Bonus - 4,0 / 5

Préface de Jean-Baptiste Thoret (6’). Beaucoup a été dit sur J’ai le droit de vivre, devenu un classique du cinéma, lointainement inspiré de l’affaire de Bonnie et Clyde qui s’était terminée en 1934. Le film, très noir, « totalement langien », sur le poids inexorable du qu’en dira-t-on et sur la force du destin, se distingue par la précision de sa mise en scène, la géométrie de ses cadres…

Entretien avec Jean-Loup Bourget (63’), professeur émérite d’Études cinématographiques à l’ENS, auteur de plusieurs ouvrages, dont Fritz Lang, Ladykiller (PUF, 2009), critique à Positif. Après un rappel de la carrière de Fritz Lang, Jean-Loup Bourget indique que le cinéaste reprendra, sur un mode plus léger, le thème de la réinsertion d’un criminel dans le film suivant, Casier judiciaire (You and Me, 1938), avec la même actrice, Sylvia Sidney. Le thème de la justice reviendra dans L’Invraisemblable vérité (Beyond a Reasonable Doubt, 1956). Lang, contrairement à Hitchcock, entretient l’ambiguïté des personnages, annoncée dès la première scène par la séquence comique du policier qui prend une pomme sur le bureau de Jo, la secrétaire de l’avocat : personne n’est complètement innocent ! Eddie a ses « zones d’ombre » : il a commis plusieurs délits et réprime difficilement une propension à la violence. Une ambiguïté récurrente chez Fritz Lang qui fut suspecté d’avoir tué sa première épouse. Même « l’évidence visuelle peut être trompeuse », ce que Lang démontre, en manipulant le spectateur, dans les plans du braquage… Jean-Loup Bourget, dans ce documentaire réalisé par Jean-Baptiste Thoret, fait une analyse détaillée et subtile du film, illustrée par des extraits bien choisis.

J'ai le droit de vivre

Image - 5,0 / 5

L’image (1080p, encodage AVC), au ratio de 1.33:1 après un léger recadrage du 1.37:1 originel, a bénéficié d’une remarquable restauration sur laquelle aucune information ne nous est donnée, mais probablement opérée à partir du négatif original. La stabilité, la fermeté des contrastes, entre blancs lumineux et noirs denses, et une excellente résolution permettent d’apprécier pleinement l’importance qu’attachait Fritz Lang à la composition des cadres, à leur éclairage et à la profondeur de champ. Le grain du 35 mm, fin et homogène, a été préservé.

J'ai le droit de vivre

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, très propre lui aussi, avec une bande passante nécessairement étroite et quelques saturations et stridences dans les passages forte de l’accompagnement musical, n’est pas loin du mieux qu’on puisse attendre de la restauration d’un film qui va bientôt fêter ses 90 ans.

Crédits images : © Walter Wanger Productions - Studiocanal

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 28 juin 2023
Un scénario bien construit, une mise en scène inspirée, l’apport d’un grand chef-opérateur, la contribution de deux étoiles montantes, Henry Fonda et Sylvia Sidney… Tout justifiait la réédition, enrichie de bonus exclusifs, d’un des premiers grands films américains de Fritz Lang, enfin disponible en HD après une exemplaire restauration.

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