Je veux vivre ! (1958) : le test complet du Blu-ray

I Want to Live!

Réalisé par Robert Wise
Avec Susan Hayward, Simon Oakland et Virginia Vincent

Édité par BQHL Éditions

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Le 08/08/2023
Critique

Le film le plus engagé de Robert Wise, un bouleversant plaidoyer pour l’abolition de la peine capitale et une performance de Susan Hayward.

Je veux vivre

Accusée du meurtre d’une riche veuve, Barbara Graham comparaît devant le juge et les jurés d’un tribunal hostile. Entre ses fréquentations douteuses et sa vie réputée dissolue, rien ne plaide en sa faveur, pas même son ancien mari qui, sous l’emprise de la drogue, n’a aucun souvenir de sa présence à ses côtés au moment des faits. Barbara aggrave encore son cas en acceptant qu’un enquêteur lui fournisse un alibi. Un piège. Seul Carl Palmberg, un expert psychologue, croit en son innocence, bientôt rejoint par le journaliste Ed Montgomery, d’abord convaincu de sa culpabilité.

Je veux vivre ! (I Want to Live!), sorti en 1958, un des rares films produits par Figaro Inc., la société de production créée en 1953 par Joseph L. Mankiewicz, est le 27ème des 40 longs métrages réalisés par Robert Wise (1914-2005) qui avait été salué à Cannes en 1949 par le Prix FIPRESCI pour Nous avons gagné ce soir (The Set-Up), et recevra les Oscars du meilleur réalisateur et du meilleur film pour West Side Story en 1962, puis pour La Mélodie du bonheur (The Sound of Music) en 1965. Je veux vivre !, nommé à l’Oscar du meilleur réalisateur, précède d’un an la réalisation d’un de ses chefs-d’oeuvre, Le Coup de l’escalier (Odds Against Tomorrow, récemment réédité).

Je veux vivre !, comme l’indique un carton, s’appuie des articles de presse, procès-verbaux d’audiences, rapports de police, interviews recueillis par le journaliste Edward S. Montgomery sur l’affaire Barbara Graham, accusée de complicité du meurtre d’une femme commis en 1953 avec son amant, Emmet Perkins et deux autres malfaiteurs. La jeune femme fut exécutée en 1955, à l’âge de 22 ans, en clamant son innocence.

Le scénario, coécrit par Nelson Gidding et Don Mankiewicz, oncle de Joseph L. Mankiewicz, n’est pas axé sur le thème d’une possible erreur judiciaire. Robert Wise souligne l’insistance de la presse à ternir l’image de Barbara Graham, ce qui a pu influer sur la décision des jurés, et, en limitant la relation du procès à une dizaine de minutes, fait clairement le choix d’un bouleversant plaidoyer contre la peine de mort. La plus longue partie du récit, 35 minutes, consacrée à l’attente de l’exécution, fait une description minutieusement détaillée de la chambre à gaz et de son fonctionnement et, en temps réel, de l’exécution précédée par l’attente d’un hypothétique sursis de dernière minute. Une approche d’une efficacité pouvant ébranler les convictions du plus déterminé des défenseurs de la peine capitale.

Je veux vivre

Susan Hayward incarne Barbara Graham dans tous les registres (occasionnellement érotique dans une danse qui pourrait avoir été inspirée par celle de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme) et donne une forte charge émotionnelle à Je veux vivre !. Sa performance sera récompensée par l’Oscar et le Golden Globe d’interprétation féminine. Le film suscita aux USA plusieurs débats sur la peine de mort. Mais, en Californie, là où Barbara Graham a été condamnée et exécutée, après le rejet des referendums pour son abolition, est toujours maintenue, bien que la dernière exécution remonte à 2007.

Après L’Invraisemblable vérité (Beyond a Reasonable Doubt, Fritz Lang, 1956), le thème de la peine de mort a suscité plusieurs films réussis, comme De sang-froid(In Cold Blood, Richard Brooks, 1967), La Dernière marche (Dead Man Walking, Tim Robbins, 1995), Le Droit de tuer (A Time to Kill, Joel Schumacher, 1996), La Ligne verte (The Green Mile, Frank Darabont, 1999), La Vie de David Gale (The Life of David Gale, Alan Parker, 2003)…

Je veux vivre !, pour l’intérêt et la consistance de son scénario, la finesse de ses dialogues, la photographie de Lionel Lindon, nommé à l’Oscar pour sa prestation, le jazz de Johnny Mandel, ses mouvements de caméra et un montage au service du récit, valait cette réédition bienvenue, le DVD sorti en 2004 par MGM étant depuis longtemps épuisé.

Je veux vivre

Présentation - 2,0 / 5

Je veux vivre ! (121 minutes) et son supplément (41 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier glissé dans un fourreau.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Linear PCM 2.0 mono.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 2,5 / 5

Présentation du film par Rafik Djoumi, journaliste (41’). Interrogé par Sophie Wittmer, Rafik Djoumi, journaliste, notamment chroniqueur sur le site Arrêt sur image, voit en Robert Wise, « le plus grand des humbles », alors qu’il fut « l’un des cinéastes les plus influents à Hollywood (…) et un grand artisan ». Il y entra en 1939 comme monteur, assura en 1940 le montage de Citizen Kane. Il démontra sa modernité avec Nous avons gagné ce soir et La Tour des ambitieux (Executive Suite, 1954). Il est « sorti de sa réserve » pour Je veux vivre !, un fort pamphlet contre la peine de mort en trois mouvements : la présentation de Barbara, son procès et son attente dans le couloir de la mort. Aux mouvements de caméra et au montage nerveux de la première partie s’opposent les plans fixes de la troisième. La dénonciation par Robert Wise d’un mécanisme pénal anachronique rappelant les « procès pour sorcellerie » poussera Albert Camus, qui venait de publier Réflexions sur la peine capitale, coécrit avec Arthur Koestler, à contribuer à la promotion du film. Bien accueilli aux USA, il suscita plusieurs débats.

Je veux vivre

Image - 4,5 / 5

L’image (1080p, AVC), au ratio original de 1.85 :1, après la restauration opérée en 2015 pour la première édition Blu-ray aux USA, d’une irréprochable propreté, déploie un fin dégradé de gris, bien contrasté, entre des blancs lumineux et des noirs denses. Une bonne résolution est obtenue dans le respect du grain du 35 mm, assez homogène.

Son - 4,5 / 5

Le son non compressé, au format Linear PCM 2.0 mono, très propre lui aussi, assure la clarté des dialogues et de l’ambiance. Ouverture de la bande passante et dynamique mettent en valeur l’accompagnement musical de Johnny Mandel.

Le doublage en français est également propre. Mais, au détriment de l’ambiance et de l’accompagnement musical, il place occasionnellement trop en avant des dialogues manquant de naturel. Il n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © BQHL

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 9 août 2023
Ce film trop peu connu du réalisateur de West Side Story, un vibrant plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort, vaut d’être revu ou découvert pour l’intérêt et la consistance de son scénario, la finesse de ses dialogues, la photographie de Lionel Lindon, le jazz de Johnny Mandel, des mouvements de caméra et un montage au service du récit et la performance de Susan Hayward, saluée par un Oscar.

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