L'Odyssée du sous-marin Nerka (1958) : le test complet du Blu-ray

Film de guerre au suspense tendu, au réalisme impressionnant, à la solide interprétation.

Pearl-Harbor, Océan pacifique et Mer du Japon, 1942-1943 : pendant la Seconde guerre mondiale, dans un détroit japonais, le sous-marin du capitaine Richardson est coulé : il fait partie des survivants. Quelques mois plus tard, lassé de voir les pertes américaines s’accumuler dans ce secteur, Richardson obtient le commandement du sous-marin Nerka. Ses officiers et son équipage s’étonnent de l’entraînement intensif qu’il leur impose mais reconnaissent bientôt sa valeur lors des combats. À mesure qu’ils approchent du Japon, le danger augmente pourtant à un point qu’aucun d’entre eux n’aurait pu prévoir.

L’Odyssée du sous-marin Nerka (Run Silent, Run Deep, USA 1958) de Robert Wise fut produit par la société de l’acteur Burt Lancaster. Son scénario adaptait un roman homonyme publié en 1955. C’est une série B soignée, au suspense constant : aux normes américaines de 1958, ce n’est certes pas une série A car son format d’image est large mais ce n’est pas le plus large et son image est seulement N&B. Reste que la direction de la photo et la musique sont signées par de grands noms d’Hollywood : ceci compense cela. La dramaturgie du casting repose intelligemment sur l’opposition d’une vedette montante (Burt Lancaster) et d’une vedette déclinante (Clark Gable), admirablement complémentaires. La richesse matérielle de la production repose sur le concours matériel conséquent de la marine américaine militaire. Sa première projection publicitaire eut d’ailleurs lieu le 1er avril 1958 à bord du sous-marin USS Perch, en présence d’un public composé pour l’essentiel d’officiers et de journalistes.

L’âge du personnel (officiers et hommes du rang) d’un sous-marin américain, durant la période 1939-1945 de la Seconde guerre mondiale, n’excédait que rarement 30 ans alors que les deux acteurs principaux (et un certain nombre d’autres acteurs de second plan) du film de Wise sont nettement plus âgés. C’est son seul aspect franchement irréaliste car, pour le reste, il est caractérisé par un grand réalisme : les extérieurs furent tournés avec le véritable sous-marin USS Redfish (1944-1968) ; les intérieurs furent décorés par un équipement technique authentique loué par l’armée à la production (pour un coût considérable d’environ 500 000 US$). Quelques plans utilisant des maquettes sous-marines - qu’on admira pour leur précision à l’échelle - furent tournés en Californie, dans un bassin du Lac salé dont les cinéphiles amateurs de cinéma fantastique peuvent contempler les extérieurs contemporains dans Le Monstre du Lac salé (The Monster That Challenged The World, USA 1957) d’Arnold Laven. Les acteurs furent entraînés à l’utilisation des accessoires (jauges, manettes, boutons, portes). D’attentifs observateurs ont certes relevé quelques erreurs de détails : par exemple lorsque le Nerka et l’Akikase sont proches l’un de l’autre, des gros plans respectifs de leurs jauges de profondeur indiquent « 120 » alors que le système métrique était adopté par les Japonais mais pas par les Américains.

Sur le plan de l’histoire militaire, aucun sous-marin américain n’aurait porté le nom USS Nerka (qui désigne une variété de saumon) mais le navire japonais Akikase (1920-1944) a, en revanche, véritablement existé : chargé de protéger des convois japonais, il se mit en travers lors d’une attaque afin de constituer rempart. C’est ainsi qu’il fut torpillé par le navire américain USS Pintado en novembre 1944, entraînant la mort de son équipage d’environ 150 hommes. Le roman adapté était, de toute manière une fiction réaliste, pas un document historique. Dans la catégorie « sous-marin » du genre « film de guerre », L’Odyssée du sous-marin Nerka demeure pourtant un des meilleurs titres ; le temps écoulé depuis sa production a encore davantage décanté ses qualités intrinsèques. C’est aussi un des meilleurs films B signés par Wise durant sa période 1950-1960. Indispensable aux cinéphiles, par conséquent.

1 Digipack contenant 1 Blu-ray BD50 région B + 1 DVD-9 édités par Rimini, le 22 juillet 2023. Image N&B au format 1.66 compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio VF d’époque + VOSTF 2.0 mono. Durée cinéma film : 93 min. environ (sur Blu-ray). Supplément : présentation du film par Laurent Aknin (23 min. environ) + bande-annonce originale (3 min. environ). Possibilité de changer de piste-son à la volée. Menu principal illustré par la musique de Franz Waxman.

Présentation du film par Laurent Aknin (25 min. environ) : elle situe assez bien le titre dans l’histoire du film de guerre et dans celle de sa catégorie « sous-marin », notamment en le comparant avec Torpilles sous l’Atlantique (The Enemy Below, USA 1957) de Dick Powell. Elle le situe également assez bien dans l’histoire de la société de production fondée par Burt Lancaster. Quelques brèves indications bio-filmographiques (sur le réalisateur, les deux acteurs principaux, le directeur photo, le compositeur) complètent le tout : elles n’apprendront strictement rien au cinéphile moyen mais pourront être utiles aux novices. Bonne remarque sur la musique composée par Waxman et bonne comparaison entre Robert Wise et Richard Fleischer, considérés en France comme de bons artisans plutôt que comme des auteurs. En illustrations, trop nombreux extraits du film qui rallongent inutilement l’ensemble.

Bande-annonce originale(16/9, N&B, 3 min. environ, VO sans STF) : image argentique en état médiocre (rayures assez nombreuses) mais format large relativement respecté, ce qui lui restitue automatiquement sa puissance native.

Honorable édition spéciale mais on aurait apprécié une galerie affiches et photos d’exploitation d’époque.

Format large respecté 1.66 compatible 16/9, reporté en Full HD 1080p AVC, en N&B. Copie argentique généralement dotée d’une bonne définition, d’un bon contraste, d’une bonne gestion des noirs mais l’émulsion de rares plans d’extérieurs d’une seconde ou deux (celui d’une fanfare par exemple) est parfois légèrement instable ou alors mal définie : il peut s’agir de stock-shots rapportés à la continuité originale pour l’étoffer ou, dans certains cas, d’un éventuel relâchement technique d’une fraction de seconde durant le télécinéma. Un ou deux plans argentiques sont en outre émaillés d’une légère saleté (brûlure blanche ou brindille collée côté gauche de la pellicule) mais le reste est impeccable. Les plans d’intérieurs composés en studio par Russell Harlan sont, pour leur part, régulièrement magnifiques et parfaitement

Son DTS-HD Master Audio VF d’époque + VOSTF 2.0 mono : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Pistes son bien conservées et bien nettoyées dans les deux cas. Montage son (musique et effets sonores) particulièrement soigné : il participe régulièrement à la tension des séquences de combat. Excellente musique signée Franz Waxman, intégrant efficacement certains éléments techniques à la mélodie et à son orchestration.

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