Brave New World - Le Meilleur des mondes - L'Intégrale (2020) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Owen Harris
Avec Alden Ehrenreich, Jessica Brown Findlay et Harry Lloyd

Édité par Elephant Films

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Le 07/09/2023
Critique

Une des rares tentatives, agréable à regarder, de l’adaptation d’un des plus grands romans de science-fiction.

Brave New World

Bienvenue à New London, une société utopiste qui a atteint la paix et la stabilité grâce à l’interdiction de la monogamie, de la vie privée, de l’argent et de la famille ! Citoyens de New London, Bernard Marx et Lenina Crowne n’ont jamais rien connu d’autre qu’un ordre social rigide. Curieux d’explorer la vie au-delà des restrictions de leur société, ils décident de partir visiter les Terres Sauvages, où ils se retrouvent pris dans une violente rébellion. Bernard et Lenina sont sauvés par John le Sauvage qui s’enfuit avec eux pour New London. Son arrivée dans le Nouveau Monde va vite menacer l’harmonie des lieux…

Brave New World a été cocréée en 2022 par David Wiener, producteur, scénariste de deux épisodes de la minisérie Flesh and Bones (2015), de Fear the Walking Dead (2015) et de Last Resort - L’intégrale de la série (2012), producteur exécutif d’un épisode de la série Halo, éditée au printemps 2023. Les deux autres créateurs sont Grant Morrison, auteur de nombreuses bandes dessinées et scénariste, et Brian Taylor. Tous deux ont créé la brillante et insolite série [PROGRAM(happy)].

Brave New World, initialement diffusée par Peacock, la plateforme VOD lancée par NBCUniversal en 2020, est adaptée du roman éponyme publié en 1932 par Aldous Huxley, né en 1894 et dont la mort, le 22 novembre 1963, a été éclipsée par l’assassinat de John F. Kennedy, survenu le même jour. Il fut aussi l’auteur de nombreux ouvrages, dont The Devils of Loudun, une étude publiée en 1953 sur la possession des Ursulines de Loudun qui inspira à Ken Russel son film Devils, Prix du meilleur film étranger à Venise, encore absent de nos catalogues vidéo. Aldous Huxley fut un temps professeur de Français à Eton et compta, parmi ses élèves, George Orwell qui allait écrire en 1949 un autre des plus grands romans de science-fiction politique du XXe siècle, 1984.

Brave New World

We made Indra. Indra made the New World

En écrivant son roman en 1931, Aldous Huxley faisait un bond de six siècles vers le futur en situant ses personnages en l’an 2540. Le scénario de la minisérie Brave New World suit la trame générale du roman, mais le modernise en prenant en compte l’invention de nouvelles technologies (personne, en 1931, n’avait encore imaginé l’arrivée des ordinateurs) et l’évolution des moeurs, en insérant dans le casting des Africains, des Asiatiques et en donnant plus de responsabilités à des personnages féminins. Il ajoute aussi un nouveau personnage (virtuel bien qu’il apparaisse à Bernard sous les traits d’une femme), Indra, l’intelligence artificielle. Une autre différence majeure est de mettre l’accent sur l’action (et le sexe !) en atténuant la dimension politique du roman, sa mise en accusation du totalitarisme.

Everybody’s happy unless they choose not to be

Brave New World (une expression tirée d’un vers de La Tempête de William Shakespeare) est une société hiérarchisée en plusieurs niveaux, les alphas au sommet, les gammas et les epsilons, cantonnés au bas de l’échelle, au service des castes supérieures, chaque caste étant repérable par la couleur des vêtements de ses membres. Hors des limites de cet univers, les territoires des « Sauvages », exposés à tous les dangers. Ils ont été reconstitués en miniature dans un parc d’attraction pour faire prendre conscience aux citoyens de New London des duretés de la vie au temps du capitalisme. Pour assurer la sérénité du nouveau monde, religion et monogamie et vie privée sont bannies : « everyone belongs to everyone else », chacun appartient à tous les autres. Les réactions émotionnelles sont jugulées par l’ingestion de « soma », un psychotrope conditionné en pilules de couleurs différentes, suivant l’émotion à contenir, la peur, la colère, l’envie…

Brave New World

Brave New World bénéficie d’une bonne distribution avec, dans le rôle de John, Alden Ehrenreich (Sublimes créatures / Beautiful Creatures, Richard LaGravenese, Ave César ! / Hail Caesar!, Joel Coen, 2016), dans celui de Bernard Marx, Harry Lloyd (le Viserys Targaryen de Game of Thrones (Le Trône de Fer), vu depuis dans Opération Anthropoid, Sean Ellis, 2017). Lenina est incarnée par Jessica Brown Findlay, vue dans 21 épisodes de Downton Abbey, actrice récurrente de la série [PROGRAM(harlots)] (2017-2019), inoubliable dans Le Merveilleux jardin secret de Bella Brown (This Beautiful Fantastic), le délicat film réalisé par Simon Aboud en 2016.

Brave New World, filmée dans le Kent, le Pays de Galles et à Canary Wharf, le quartier d’affaires construit à Londres à partir de la fin des années 80, tire un de ses meilleurs atouts du plaisir que procurent à l’oeil la direction artistique de Grant Bailey, les décors de Poppy Luard, le soin accordé aux effets visuels et les costumes de Susie Coulthard, récompensée par le Prix de la Royal Television Society.

Cette adaptation d’un des plus grands romans de science-fiction du XXe siècle, avec le 1984, de George Orwell, en dépit de sa réduction de la portée politique et sociétale du roman, se laisse voir avec un certain plaisir en condamnant aux oubliettes les rares tentatives antérieures : un téléfilm de Leslie Libman et Larry Williams en 1998, une minisérie écrite et réalisée par Leonard Menchiari en 2010. Seul le téléfilm de Burt Brinckerhoff en 1980, deux fois nommé aux Primetime Emmy Awards, semble pouvoir être sorti du lot. Peut-être la décision prise par Ridley Scott en 2018 de renoncer à son projet d’adaptation nous a-t-elle privés du grand film, toujours attendu.

Cette minisérie ambitieuse et très certainement coûteuse, s’arrête là : Peacock avait annoncé, dès octobre 2020, renoncer à produire une deuxième saison.

Brave New World

Présentation - 2,0 / 5

Brave New World (9 épisodes d’une durée cumulée de 420 minutes) tient sur deux Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier, glissé dans un étui.

Le menu propose la série dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres français ou anglais, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo. Un doublage en français est proposé au format DTS-HD Master Audio 5.1.

Une édition sur trois DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Le Meilleur des mondes : d’Aldous Huxley à Grant Morrison (24’), par Xavier Fournier, journaliste, écrivain, scénariste et conférencier français, principalement spécialisé dans le domaine de la bande dessinée américaine, rédacteur en chef de Comic Box, animateur du podcast Aventures Fiction. Grant Morrison, scénariste majeur de la minisérie, auteur de fanzines, place couramment à côté de ses personnages principaux, des « amis imaginaires », notamment dans Animal Man, Batman, The Invisibles, NewX-Men. Les « amis imaginaires » de Brave New World sont l’intelligence artificielle Indra ou l’hologramme de Lenina qui apparaît à John. Grant Morrison, résolument progressiste, a « joué avec le curseur », en accentuant l’ambiguïté du roman pour « rendre le totalitarisme sexy » et laisser au spectateur le soin de discerner le bien du mal dans « l’affrontement de deux mondes ». Un utile entretien, conduit le 25 avril 2023 par Victor Lopez, membre de la petite équipe Elephant Films.

Diaporama (1’) : 16 photos de la série et de plateau.

Bandes-annonces de séries éditées par Elephant Films : The Path, 3 saisons disponibles séparément ou dans un coffret de 14 DVD, Colony, 3 saisons disponibles séparément ou dans un coffret de 8 Blu-ray ou 14 DVD, La Guerre des mondes, minisérie sur 1 Blu-ray ou 2 DVD, Killjoys, 5 saisons disponibles séparément ou dans un coffret de 14 Blu-ray ou 15 DVD, et l’excellente série The Good Place, 4 saisons disponibles séparément ou dans un coffret de 8 DVD et 10 Blu-ray.

Brave New World

Image - 5,0 / 5

L’image numérique (1080p, AVC), au ratio 2.00:1, avec une résolution poussée, détaille finement les gros plans comme les plans larges sur toute la profondeur du champ. Agréablement contrastée, de blancs lumineux à des noirs denses, elle déploie des couleurs naturelles, avec un étalonnage particulièrement délicat des tons de peau, largement dénudée dans chaque épisode.

Brave New World

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) assure la clarté des dialogues, dans un bon équilibre entre l’accompagnement musical et l’ambiance, servie par une ferme dynamique et une ouverture satisfaisante de la bande passante. L’effet immersif aurait pu être renforcé par une sollicitation plus poussée des voies latérales.

Ce constat vaut pour le doublage en français, assez soigné, avec des dialogues au timbre un peu mat.

Crédits images : © Amblin Television, NBCUniversal Content Studios, Universal Content Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 8 septembre 2023
Impossible de rester indifférent à l’esthétique de cette ambitieuse adaptation d’un des plus grands romans de science-fiction politique du XXe siècle, la meilleure réalisée à ce jour.

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