Association criminelle (1955) : le test complet du Blu-ray

The Big Combo

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Joseph H. Lewis
Avec Cornel Wilde, Richard Conte et Brian Donlevy

Édité par Elephant Films

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Le 25/07/2023
Critique

Film noir policier américain célèbre pour son sadisme, son érotisme et la photographie de John Alton.

Association criminelle

USA 1955 : le lieutenant de police Diamond a juré de faire tomber le gang brutalement dirigé par Brown. Lorsque la maîtresse de ce dernier commet une tentative de suicide, Diamond saisit l’occasion ; il remonte, à partir des éléments qu’elle lui communique, une piste qui pourrait amener la condamnation de Brown pour meurtre mais celui-ci fait alors supprimer certains témoins, en réduire d’autres au silence par la menace et la peur, brouiller les pistes ou même stopper certaines enquêtes car il use des aménagement du code pénal. Diamond sait bien que la démesure de Brown entraînera sa chute mais quand ?

Association criminelle (The Big Combo, USA 1955) de Joseph Lewis (Joseph H. Lewis, 1907-2000) est un de ses films noirs policiers les plus célèbres. Sa réception commerciale et critique fut assez bonne aux USA, plus confidentielle en France mais au fil des ans, sa réputation critique augmenta chez nous, à très juste titre.

Les cinéphiles n’ont cessé de le visionner attentivement pour plusieurs raisons : d’abord pour les effets photographiques baroques, virant parfois au cauchemar, de son directeur photo John Alton, ensuite pour la virulence de son scénario parsemé de touches d’érotisme et de sadisme mis en scène d’une manière graphique souvent très intense, enfin pour la qualité de son interprétation. L’opposition plastique de Jean Wallace (la maîtresse blonde platine) et de Helen Stanton (la danseuse brune) fascine encore aujourd’hui le spectateur sans oublier quelques touches annexes évoquant assez franchement le fétichisme et l’homosexualité. La cruauté du scénario de Philip Yordan (assassinats, torture, brutalités diverses) eut pour conséquence, à la distribution du film en France en 1956, une interdiction aux moins de 16 ans dont témoigne sa mention, en bas à droite, sur sa belle affiche française d’époque. Autour du héros joué par l’acteur et producteur (plus tard remarquable réalisateur) Cornel Wilde, sont mis en scène certains des meilleurs acteurs du film noir américain de l’époque : Brian Donlevy, Ted de Corsia, Richard Conte et le débutant Lee Van Cleef.

Les cinéphiles les plus émérites se plaisent aujourd’hui à connaître et à minuter l’endroit précis où apparaissent dans Association criminelle un plan repris au montage du Démon des armes (Gun Crazy, USA 1950) de Joseph H. Lewis photographié par Russell Harlan, un autre provenant du Il marchait la nuit (USA 1948) d’Alfred Werker et Anthony Mann non crédité) photographié par John Alton. Lorsque le cinéaste et historien du cinéma Peter Bogdanovitch interrogeait Joseph H. Lewis en 1968 sur ce titre aux images sophistiquées frisant à l’occasion l’insolite ou le fantastique, Lewis lui répondait qu’il jugeait Association criminelle certes inférieur au Démon des armes mais qu’il l’aimait néanmoins beaucoup. Le jugement d’un créateur sur son oeuvre n’est pas toujours pertinent mais celui-là mérite d’être remémoré car l’histoire du cinéma l’a dorénavant confirmé.

Association criminelle

Présentation - 2,0 / 5

1 boîtier avec fourreau et jaquette réversible contenant 1 Blu-ray BD25 régions ABC + 1 DVD-9 édités par Eléphant Films, le 11 juillet 2023. Image N&B au format 1.78 compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio VOSTF 2.0 mono. Durée cinéma film : 89 min. environ (sur Blu-ray). Supplément : présentation du film par Eddy Moine (15 min. environ) + bandes-annonces de la collection. Affiche américaine reproduite au verso. Notez que l’illustration française de jaquette et d’étui place entre les mains de Cornel Wilde un pistolet semi-automatique Beretta 92 qui n’est évidemment pas celui qu’il utilisait en 1955.

Bonus - 2,5 / 5

Présentation du film par Eddy Moine (15 min. environ) : elle débute par un inutile résumé du scénario mais couvre ensuite vite mais bien tous les aspects du film, production, scénario, réalisateur, tournage, casting, réception critique et commerciale, situation du titre dans l’histoire du genre et dans l’histoire du cinéma. Elle ne mentionne cependant pas la question du format de l’image : c’est son unique lacune. Quelques affiches (dont l’affiche française d’époque) et de belles photos de plateau essentiellement N&B - mais certaines en couleurs telle celle du Terre brûlée (No Blade of Grass, GB 1970) de Cornel Wilde d’après le roman homonyme signé John Christopher publié en 1956 (sur ce livre je renvoie le lecteur à la critique de Juan Asensio parue en 2012, archivée sur le blog Stalker-dissection du cadavre de la littérature) - illustrent l’ensemble.

Bandes-annonces de films noirs policiers dans la même collection : Pour toi j’ai tué, Faux monnayeurs, La Victime, Meurtre sans faire-part. Documents d’histoire du cinéma de première main aux formats et états argentiques variés, inégaux, inférieurs aux restaurations des longs-métrages de référence, pour leur part en parfait état.

Honorable édition spéciale. Le cinéphile anglophone souhaitant accéder à une édition collector comportant des bonus bien plus conséquents pourra se reporter à l’édition Arrow de 2017 qui reproduit le scénario original numérisé de Association criminelle et qui dispose d’un commentaire audio d’Eddie Muller, l’historien auteur du livre Dark City - Le Monde perdu du film noir (traduit aux éditions Clairac en 2007) et auteur du livret (traduit par Philippe Garnier en 2014) accompagnant l’édition collector française Wild Side Vidéo de Le Démon des armes. Je profite de cette dernière mention pour m’inscrire en faux contre le point d’interrogation du sous-titre de ce livret (« Un film de Joseph H. Lewis ? »). Il laisserait penser que Lewis n’en serait pas l’unique réalisateur : nul autre que lui n’a pourtant conçu et signé techniquement la mise en scène de Le Démon des armes. La documentation (à commencer par certaines pages du découpage technique original, annotées manuscrites par Lewis) rassemblée par Muller le confirme amplement, s’il en était besoin.

Association criminelle

Image - 4,0 / 5

Format large 1.78 compatible 16/9, reporté en Full HD 1080p AVC, en N&B. Copie argentique dotée d’une bonne définition, d’un bon contraste, d’une bonne gestion des noirs bien que le matériel argentique soit déjà ancien, en état un peu inégal (l’émulsion est parfois très légèrement instable en arrière-plan et certains effets d’irisation en extérieurs n’ont pas si bien vieillis que ceux en intérieurs de studio). Le film fut longtemps exploité au format 1.37 non seulement au cinéma mais encore en vidéo magnétique (VHS) puis numérique y compris en Laserdisque puis DVD ; ce n’est qu’à partir de 2013 avec l’édition Blu-ray américaine Olive Film qu’on considéra qu’il était possible, compte tenu du cadrage de la photo de Alton, d’élargir son format vidéo. On perdait très peu en hauteur mais on gagnait considérablement en largeur sur l’image originale, signe qu’elle avait été conçue de préférence pour une exploitation large, sans parler du gain remarquable de définition qu’on obtenait par rapport à toutes les éditions antérieures.

La période à laquelle John Alton avait cadré l’image correspondait à cette fameuse période charnière des années 1953-1955 durant laquelle un certain nombre de productions étaient cadrées par leurs directeurs photos (et leurs scènes réglées par les réalisateurs) de manière à pouvoir être exploitées en écran standard 1.37 dans les salles de cinéma les plus anciennes, en écran large 1.66 et / ou 1.85 (selon le format original sélectionné) dans les salles plus récentes - sans parler des titres contemporains tournés en CinemaScope 2.35 depuis La Tunique (The Robe, USA 1953) d’Henry Koster et sans parler des films tournés en relief  : voir, concernant cette dernière catégorie, ma critique de Le Crime de la semaine (The Glass Web, USA 1953) de Jack Arnold, édité chez nous en Blu-ray par Eléphant dans la même collection et le même jour que ce classique de Joseph H. Lewis.

Notez cependant que le format 1.77 retenu est un compromis car ce format n’existait pas en 1955 : il me semble certes, sur le plan du résultat, très supérieur au 1.37 étriqué longtemps exploité au cinéma et en vidéo mais je voudrais tout de même savoir si Alton avait cadré en 1955 son image en fonction d’un 1.66 idéal ou bien d’un 1.85 idéal (tout en maintenant un 1.37 minimal possible et qui fut au cinéma et en vidéo le seul réel pendant très longtemps). C’est cela qu’il faudrait savoir : si on y arrive un jour avec certitude, alors il faudrait opérer une légère rectification (à la diminution ou à l’augmentation) afin d’obtenir le cadrage parfait. Telle quelle, en tout cas, cette édition Eléphant Films constitue un progrès considérable par rapport aux éditions française vidéo antérieures et elle devient logiquement la nouvelle édition de référence.

Association criminelle

Son - 2,5 / 5

Son DTS-HD Master Audio VOSTF 2.0 mono : offre nécessaire mais est-elle suffisante ? J’ai un sérieux doute car il me semble me souvenir que le film avait été télédiffusé en VF d’époque dans les années 1970. Universal ne dispose apparemment d’aucune VF dans ses archives matérielles, après recherches effectuées par Eléphant Films à la source. Cela dit, cette absence n’infirme nullement la possibilité de son existence ni de sa conservation éventuelle. D’autant que le titre avait été distribué chez nous en 1956 par MGM (voir le logo en bas à gauche de l’affiche française d’époque) qui doublait en général systématiquement en français les films qu’elle sortait chez nous. Musique, remarquée à l’époque par la critique américaine, signée David Raskin.

Crédits images : © Security Pictures, Theodora Productions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 26 juillet 2023
Film noir policier américain célèbre pour son sadisme, son érotisme et la photographie de John Alton.

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