Dalva (2023) : le test complet du Blu-ray

L’émouvant récit du placement dans un foyer d’accueil d’une adolescente victime d’inceste tire profit de sa dimension documentaire.

Dalva, 12 ans, s’habille, se maquille et se vit comme une femme. À la suite du signalement d’un voisin, la police arrête son père et la place dans un foyer d’accueil pour adolescents. Révoltée, déchirée par cet arrachement, elle va faire la connaissance de Jayden, un éducateur, et de Samia, une adolescente au fort caractère. Une nouvelle vie semble alors s’offrir à Dalva, celle d’une jeune fille de son âge.

Dalva, sorti dans nos salles en mars 2023, est le premier long métrage d’Emmanuelle Nicot. Sélectionné à Cannes pour la Semaine de la critique, il remporta le Prix FIPRESCI et le Rail d’or du long métrage.

À sa sortie en 2012 de l’Institut des Arts de Diffusion/IAD de Bruxelles, Emmanuelle Nicot réalise son premier court métrage, Rae, sélectionné dans une soixantaine de festivals, salué par 17 prix, puis un second, À l’arraché, en 2016, sélectionné pour le Magritte du meilleur court métrage.

Dalva aurait pu s’appeler L’Amour selon Dalva. Ce titre initialement envisagé aurait d’emblée révélé que Dalva, sous emprise, ressentait les relations sexuelles avec son père comme la démonstration de son amour pour elle. La réalisatrice s’est longuement immergée dans des refuges pour adolescents abusés pour constater qu’il s’agit d’une réaction normale. De très nombreux adolescents ressentent comme une injuste punition le fait d’avoir été séparés de leur famille pour des agissements qu’ils ne perçoivent pas comme de la maltraitance.

Dalva, avec une bonne maîtrise de la mise en scène pour un premier film, profite de l’expertise de la directrice de la photo Caroline Guimbal. Primée pour sa contribution par l’attribution de la Grenouille d’or du festival Camerimage, elle avait été chef-opératrice des deux autres films d’Emmanuelle Nicot.

On retiendra aussi la qualité du jeu des adolescentes, en particulier de Zelda Samson et de Fanta Guirassy, interprètes de Dalva et Samia. Une convaincante démonstration du flair d’Emmanuelle Nicot pour le « casting sauvage », une des spécialités qu’elle affiche, et pour la direction de jeunes sans expérience de la caméra.

Dalva (88 minutes) et ses suppléments (49 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier blanc.

Le menu propose le choix entre deux au formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 mono.

Piste d’audiodescription.

Sous-titres pour malentendants.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Les deux courts métrages d’Emmanuelle Nicot :

À l’arraché (2016, 23’, 1.85:1, français et arabe, 1080i, AVC, DTS 2.0 stéréo). Un soir, en rentrant au foyer où elle est hébergée, Raïssa découvre qu’Alio, sa meilleure amie, n’est plus là. Bouleversée, elle part à sa recherche…

Rae (2012, 19’, 1.85:1, 1080i, AVC, DTS 2.0 stéréo). Raeline a été accueillie dans un refuge pour femmes battues dont l’adresse doit rester secrète, par sécurité. Son téléphone vibre. On lui demande de ne pas répondre et de l’éteindre. Le téléphone sonne, encore et encore…

Portrait d’Emmanuelle Nicot (5’, Fondation Gan pour le cinéma, 2022). Après deux courts métrages, avant de réaliser Dalva, une « immersion » dans un foyer d’accueil d’urgence pour adolescents maltraités lui a appris qu’il leur fallait du temps pour réaliser qu’on avait abusé d’eux. Elle évoque le choix, au terme d’un long casting, de Zelda Samson et de Fanta Guirassy « qui n’avaient jamais joué de leur vie et sont devenues des actrices ».

Bande-annonce (1’32’).

L’image numérique, 1080p, AVC, au ratio 1.33:1, cohérent avec le ton intimiste du scénario et le cadre du récit, le foyer d’accueil pour l’essentiel du métrage, bénéficie d’une bonne résolution, de contrastes équilibrés et de couleurs délicatement étalonnées assurant, notamment, un rendu naturel des tons de peau, appréciable dans les nombreux gros plans.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) assure un bon équilibre entre l’ambiance, l’accompagnement musical de Frédéric Alvarez et les dialogues, clairement restitués, bien qu’une articulation parfois chancelante escamote çà et là quelques bribes, un problème relevé dans de nombreux films récents réalisés en France et, peut-être aussi en Belgique. Un effet immersif limité atténue les différences entre les deux options proposées.

Crédits images : © Caroline Guimbal, Helicotronc, Tripode Productions