Bully (2001) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Larry Clark
Avec Brad Renfro, Bijou Phillips et Rachel Miner

Édité par Studiocanal

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Le 20/11/2023
Critique

Première édition en haute définition d’un des grands films d’un cinéaste indépendant, peintre d’une jeunesse déboussolée des années 90.

Bully

Floride, 1993. Marty Puccio est le meilleur ami de Bobby Kent. En réalité, son seul ami… et son souffre-douleur. Depuis des années, Marty subit sans broncher le harcèlement de Bobby Kent, jusqu’au jour où sa petite amie, Lisa Connelly, elle aussi brutalisée par Bobby, l’incite à y mettre fin. Les deux adolescents et cinq lycéens, lassés de la tyrannie de Bobby, décident de le tuer.

Bully est l’adaptation de Bully: A True Story of High School Revenge, publié par Jim Schutze en 1997. Un bestseller relatant fidèlement un drame qui avait secoué l’Amérique. Le 15 juin 1993, sept adolescents tuent Bobby Kent qui les harcelait. Tous furent condamnés à un emprisonnement, allant de sept ans à la perpétuité. Trois purgent encore leur peine à l’heure où nous écrivons ces lignes, 30 ans après l’assassinat. L’affaire et le procès eurent un grand retentissement aux USA et la série documentaire American Justice leur dédia l’épisode Payback for a Bully, diffusé en décembre 1999.

Bully, sorti en 2001, sélectionné pour le Lion d’or, est le troisième long métrage de Larry Clark après Kids (1995), sélectionné pour laCaméra d’or et la Palme d’or (décernée cette année-là à Underground d’Emir Kusturica), et Another Day in Paradise (1998), Grand pri du Festival du film policier de Cognac.

Larry Clark fut d’abord un photographe réputé après la publication de deux albums, Tulsa en 1971 et Teenage Lust en 1983, des images crues de la vie de jeunes marginaux du Texas et de l’Oklahoma. Les adolescents à la dérive, accros à la drogue et à l’alcool, continueront d’inspirer l’essentiel de son oeuvre cinématographique, principalement composée de sept longs métrages, les deux derniers étant The Smell of Us, tourné en 2014 à Paris, en français, et Marfa Girl 2 (2018), jamais sorti dans nos salles.

Bully

You’re my best friend, right?

Le scénario de David McKenna (American History X), ce que confirment les témoignages recueillis dans le bonus Bully behind the scenes, est très fidèle au récit de l’affaire par Jim Schutze. Il nous donne un portrait des jeunes impliqués dans le meurtre, plus détaillé pour les principaux protagonistes, Bobby, Marty, Lisa, Alice et Donny. L’authenticité du film est renforcée par le réalisme de la photographie, particulièrement dans l’éprouvante scène du meurtre, filmée en temps réel.

Bully confirme la sûreté du choix des jeunes acteurs par Larry Clark, déjà démontrée pour Kids et qu’il confirmera pour Ken Park (2002). Brad Renfro, révélé à 12 ans par The Client (Joel Schumacher, 1994), communique avec une grande sensibilité la fragilité psychologique de Marty. Sa carrière sera brutalement interrompue par une overdose à 25 ans. Dans les rôles féminins, se détachent Rachel Miner (Lisa) et Bijou Phillips (Alice), jeune modèle qui venait d’être remarquée dans un rôle secondaire de Presque célèbre (Cameron Crowe, 2000). Nick Stahl, très juste dans son interprétation de Bobby, n’allait pas tarder à affirmer tout son talent avec le rôle de Ben Hawkins dans l’immanquable série La Caravane de l’étrange (Carnivàle, 2003-2005, 24 épisodes). Le plus connu aujourd’hui est Michael Pitt, notamment après son incarnation de Jimmy Darmody dans les deux premières saisons de Boardwalk Empire et sa contribution à Funny Games U.S. de Michael Haneke (2007).

Bully vient s’ajouter aux quelques 70 titres déjà parus dans la Collection Make My Day!, lancée pour Studiocanal par Jean-Baptiste Thoret à l’automne 2018, saluée par le Prix du meilleur coffret/collection décerné pour l’année 2019 par le jury DVD/Blu-ray du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision.

Bully

Présentation - 1,5 / 5

Bully (112 minutes) et ses suppléments (105 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD supportant le film et une partie des suppléments (47 minutes). Les deux disques sont logés dans un Digipack à deux volets, glissé dans un étui.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Bonus - 3,0 / 5

Préface de Jean-Baptiste Thoret (2023, 8’). Bully, un des longs métrages les plus intéressants de Larry Clark, souleva des controverses, comme tous ses autres films. Son expérience de photographe de jeunes désoeuvrés allait générer une filmographie « sociale, politique et charnelle » inaugurée en 1995 par Kids, « un coup de tonnerre à Sundance ». Jean-Baptiste Thoret voit Bully comme une sorte de cousin de L’Appât de Bertrand Tavernier (1995) et souligne une distribution de qualité, une force de Larry Clark. Le film, parfois à tort jugé immoral, propose un regard neutre sur les jeunes, sur leur perception confuse de la réalité qui les conduit à commettre « un meurtre pour de vrai ».

Bully

Bully behind the scenes (1.33:1, 58’). La suite d’entretiens avec des témoins de l’affaire, le juge, des officiers de police qui arrêtèrent les sept jeunes, atteste de la fidélité du scénario aux faits. Le producteur Don Murphy (Natural Born Killers) qui avait acheté les droits du livre rappelle que le tournage fut été décalé du fait de la tuerie de Columbine High School, le 20 avril 1999. Larry Clark est, pour lui, « un journaliste de l’inapprochable ». Suivent des interviews des acteurs et le rappel d’une anecdote : la production a dû verser une caution de 10 000 dollars pour faire sortir Brad Renfro, emprisonné pour le vol d’un bateau ! Mieux avoir le coeur bien accroché pour résister aux mouvements browniens de la caméra tout au long d’un document d’un intérêt limité.

Bully revu par Stéphane Du Mesnildot (2023, 39’). L’oeuvre de Larry Clark « côtoie le courant du cinéma indépendant des années 90 », celui de Harmony Korine (Gummo), de Vincent Gallo (Buffalo ‘66 ). Film organique et physique avec de nombreux gros plans de la peau des personnages, Bully apporte au cinéma « une nouvelle mythologie », celle des adolescents des années du skateboard, du rap d’Eminem, des jeux d’arcade. Le meurtre de Bobby peut être perçu comme un moyen pour ces enfants de parents démissionnaires d’échapper au piège d’un univers qui ne les comprend pas, comme ceux de La Fureur de vivre (Rebel without a Cause, Nicholas Ray, 1955) ou de Out of the Blue (Dennis Hopper, 1980).

Les deux intervenants écorchent la prononciation de « Bully » (bʊl.i).

Bully

Image - 5,0 / 5

Le film, au ratio original de 1.85:1, encodé AVC, 1080p, d’une impeccable propreté, déploie des couleurs naturelles, agréablement contrastées et finement étalonnées avec un rendu délicat des tons de peau. Le transfert en haute définition, en préservant le grain argentique, fait apparaître un sensible gain de résolution après comparaison avec l’édition de 2002 qui donnait déjà le meilleur que pouvait proposer le DVD.

Bully

Son - 4,0 / 5

Le son stéréo d’origine, réencodé au format DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, très propre, sans souffle, assure la clarté des dialogues, dans un bon équilibre avec les passages musicaux et l’ambiance qu’une meilleure séparation des deux canaux aurait pu rendre plus immersive.

Ce constat s’applique au doublage en français avec des dialogues légèrement trop en avant, au détriment de l’ambiance.

Crédits images : © Studiocanal, Lions Gate, Muse, Blacklist, Gravity Entertainment

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 21 novembre 2023
Larry Clark a dédié l’essentiel de son œuvre à la jeunesse à la dérive dans l’Amérique des années 90. Inspiré par un tragique fait divers, ce troisième long métrage authentique, sélectionné à Venise pour le Lion d’or, réédité pour la première fois en haute définition, s’insère dans l'estimable collection Make My Day ! lancée Jean-Baptiste Thoret pour Studiocanal.

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