Réalisé par Emin Alper
Avec
Selahattin Pasali, Ekin Koç et Erol Babaoglu
Édité par Memento Distribution
Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible, vient d’être nommé dans une petite ville reculée de Turquie. À peine arrivé, il se heurte aux notables locaux bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens, même les plus extrêmes.
Burning Days (Kurak günler, littéralement : « les jours secs »), présenté à Cannes en 2022, sorti dans nos salles en avril 2023, est le quatrième long métrage du réalisateur et scénariste turc Emin Alper. Ses films précédents avaient attiré l’attention de la critique et du public : Derrière la colline (Tepenin ardi, 2012, le seul autre à figurer dans nos catalogues vidéo) avait été sélectionné à Berlin, Frenzy (Abluka, 2015) avait obtenu le Prix spécial du jury à Venise et Les Soeurs (Kiz kardesler, 2019, non distribué en France) avait été sélectionné pour l’Ours d’or.
Burning Days est divisé en quatre chapitres, Le festin, L’enquête, De nouvelles arrestations et Les élections. La tension, vite installée, moins de trois minutes après le générique, quand le procureur découvre, dès son entrée dans la ville, une fraîche traînée sanglante tout au long d’une rue, est maintenue sans relâche par le scénario original et un montage efficace, avec l’habile insertion de flashbacks.
Une photographie soignée met en valeur les intérieurs du village, avec de beaux clairs-obscurs dans les scènes de nuit. Mais on se souviendra surtout de plaines arides s’étendant à perte de vue, percées çà et là de dolines, ces étranges gouffres cylindriques formés après l’effondrement du sol causé par des prélèvements incontrôlés dans la nappe phréatique.
Burning Days brosse un portrait au vitriol des notables de cette petite ville reculée de l’Anatolie, chargés de tous les vices : corrupteurs et corrompus, racistes, machistes, violeurs, incendiaires… et, en prime, homophobes. Faut-il y voir un portrait plus général, celui des gouvernants du pays ? La question mérite d’être posée : les producteurs ont dû rembourser l’aide du ministère de la culture, le film ayant été accusé de faire l’apologie de l’homosexualité !
Parmi une large distribution et une foule de figurants, se place en tête Selahattin Pasali, dans son deuxième rôle au cinéma, après s’être fait connaître en Turquie dans plusieurs séries télévisées. Le journaliste est interprété par Ekin Koç, un peu plus célèbre dans son pays. Ces deux jeunes acteurs réussissent à communiquer, très sobrement, une attirance mutuelle.
Burning Days a les qualités pour figurer parmi les films turcs marquants de la dernière décennie avec ceux de Nuri Bilge Ceylan, notamment Il était une fois en Anatolie (Bir zamanlar Anadolu’da, 2011) et le fascinant Winter Sleep (Kis uykusu), Palme d’or 2014, L’Étrangère (Die Fremde, de Sibel Kekilli, Mustang (Deniz Gamze Ergüven, 2015), salué par le Prix Lumière…
Burning Days (131 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 logé dans un fin Digipack.
Le menu propose le film dans sa langue originale, le turc, avec sous-titres imposés qui auraient pu moins empiéter sur l’image, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.
Une édition DVD est disponible.
Aucun supplément.
L’image numérique, 1080p AVC, au ratio originel de 2.39:1, très finement résolue, lumineuse, bien contrastée avec des noirs denses, déploie une chaude palette de couleurs, soigneusement étalonnées.
Le son DTS-HD Master Audio, clair, avec une bonne dynamique, assure un bon équilibre entre les dialogues, l’accompagnement musical composé par Stefan Will et l’ambiance. La répartition du signal sur les cinq canaux, cohérente, reste toutefois concentrée sur le plan frontal.
Crédits images : © Memento Distribution