Les Ombres persanes (2022) : le test complet du Blu-ray

Tafrigh

Réalisé par Mani Haghighi
Avec Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh et Ali Bagheri

Édité par Diaphana

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Le 12/01/2024
Critique

Un intrigant mélange de romance, de drame et de thriller venu de Téhéran. Un aguichant clin d’oeil aux cinéphiles curieux !

Les Ombres persanes

Farzaneh, monitrice d’auto-école à Téhéran, reconnaît son mari Jalal dans un bus. Elle le suit, le voit entrer dans un immeuble, puis l’aperçoit par la fenêtre d’un appartement en compagnie d’une femme. Lorsque Farzaneh rentre chez elle, Jalal lui affirme qu’il était loin de Téhéran, en déplacement professionnel. Tous les deux vont découvrir l’existence de deux sosies parfaits, Bita et Mohsen, formant eux aussi un couple…

Les Ombres persanes (Tafrigh, titre international : Subtraction), une coproduction franco-iranienne, est le huitième film du réalisateur, scénariste et acteur iranien Mani Haghighi vu, pour la première fois en 2009, dans un rôle secondaire du remarquable À propos d’Elly… (Darbareye Elly) d’Asghar Farhadi.

Mani Haghighi, titulaire de plusieurs diplômes universitaires obtenus au Canada, auteur du scénario de ses films, s’était surtout fait connaître en tant que réalisateur avec Pig (Khook), sélectionné à Berlin en 2018 pour l’Ours d’or.

Les Ombres persanes

Le scénario original de Les Ombres persanes, élaboré avec la complicité d’Amir Reza Koohestani, propose un curieux mélange des genres, fantastique, romance, avec un zeste de thriller, qu’on commence à entrevoir dès la découverte fortuite par Farzaneh du couple de Mohsen et Bita.

Cette idée, tout improbable soit-elle, est finement exploitée par le scénario. Elle soulève d’abord l’incrédulité des personnages, puis le doute, enfin l’admission d’une réalité imprévue qui va bouleverser leur équilibre.

Deux acteurs interprètent la femme, l’homme… et leur double. Taraneh Alidoosti, titulaire du rôle-titre d’À propos d’Elly, que Mani Haghighi avait employée en 2006 dans La Fête du feu (Chaharshanbe-soori, 2006). Et Navid Mohammadzadeh que j’avais découvert avec Cas de conscience (Bedoone tarikh, bedoone emza, Vahid Jalilvand, 2017) et La Loi de Téhéran (Metri shesh va nim, Saeed Roustaee, 2019). Les deux acteurs réussissent, subtilement, à faire croire à la présence de quatre personnages que de discrètes particularités de costumes et le maquillage n’aident pas à différencier avec sûreté.

Les Ombres persanes est un nouvel exemple de la résilience des cinéastes iraniens qui, suivant l’exemple d’Abbas Kiarostami, prennent le risque de résister à l’étouffante normalisation imposée depuis quarante-cinq ans par une dictature religieuse pour entretenir la flamme d’un cinéma libre.

Les Ombres persanes

Présentation - 1,5 / 5

Les Ombres persanes (107 minutes) et ses suppléments (25 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans le traditionnel boîtier bleu.

Le film est proposé dans sa langue originale, le farsi, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 3,0 / 5

Entretien avec Mani Haghighi (Diaphana, 2023, en anglais, sous-titré, 24’), conduit par Chine Modzelewski. Il a vu sur une photo un soldat iranien blessé pendant la guerre contre l’Irak qui lui ressemblait tant qu’il en fut choqué. Ce qui lui donna l’idée du film et d’imaginer la confrontation d’un homme et d’une femme à ce qu’ils auraient pu être ou de leur faire entrevoir qui aurait pu être leur partenaire s’ils avaient fait d’autres choix. Le scénario leur propose une alternative, fait rare dans une société dictatoriale. Reproduire le monde tel qu’il est ne l’intéresse pas. Sans se limiter à un seul genre, il préfère user de métaphores, s’ouvrir au fantastique pour exprimer plus librement son ressenti. Dès l’écriture du scénario, il a pensé confier le rôle de Farzaneh et Bita à Taraneh Alidoosti. Il s’est efforcé, en réalisant le film, à dissiper toute confusion que pourrait générer la complexité du scénario, sans effets, avec, en toile de fond, les éléments basiques : l’eau, l’obscurité et le feu.

Bande-annonce (1’28”).

Les Ombres persanes

Image - 4,5 / 5

L’image numérique 1080p, AVC, au ratio 2.0:1, (mentionné 1.85:1 sur la jaquette), prise avec une caméra Arri Alexa, avec une fine résolution, déploie des couleurs naturellement saturées, soigneusement étalonnées. Lumineuse, agréablement contrastée, avec des noirs denses, elle garantit une parfaite lisibilité des scènes de nuit.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo), avec une bonne dynamique, restitue, avec précision et dans un bon équilibre, les dialogues, l’ambiance et les percussions de l’accompagnement musical du compositeur iranien Ramin Kousha. La répartition du signal sur les cinq canaux crée une discrète et cohérente sensation d’immersion dans l’action et sous la pluie diluvienne qui tombe sans relâche sur Téhéran.

Crédits images : © FILMS BOUTIQUE - MAJID FILM PRODUCTION - DARK PRECURSOR PRODUCTIONS

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 12 janvier 2024
Un nouvel exemple de la résilience des cinéastes iraniens qui prennent le risque de résister à l’étouffante normalisation imposée depuis quarante-cinq ans par une dictature religieuse pour entretenir la flamme d’un cinéma libre.

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