Anatomie d'une chute (2023) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD bonus

Réalisé par Justine Triet
Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud et Milo Machado Graner

Édité par Le Pacte

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Le 19/12/2023
Critique

Le Pacte offre à la Palme d’or de 2023 une édition vidéo enrichie d’un impressionnant lot de compléments au film.

Anatomie d'une chute

Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur chalet. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.

Anatomie d’une chute est sorti en salles le 23 août 2023, après avoir remporté la Palme d’or. Ce quatrième long métrage de Justine Triet, après La Bataille de Solférino (2013), Victoria (2016) et Sibyl (2019), met en images un scénario original coécrit par la réalisatrice et Arthur Harari, l’auteur du remarquable Onoda - 10 000 nuits dans la jungle qui valut à Le Pacte en 2021 le Prix du meilleur DVD/Blu-ray dans la catégorie des films récents, décerné par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision.

What do you want to know?

« Que voulez-vous savoir ? », ces premiers mots du film sont prononcés sur un écran noir avant qu’on ne voie une balle tomber en rebondissant sur les marches d’un escalier (un clin d’oeil à The Changeling (L’Enfant du Diable) de Peter Medak, 1980) et qu’on n’apprenne que la question est posée par Sandra à une doctorante venue l’interroger sur la part du vécu dans ses romans.

Anatomie d'une chute

Anatomie d’une chute, comme le suggère d’emblée son titre en forme de clin d’oeil à Anatomy of a Murder (Autopsie d’un meurtre, Otto Preminger, 1959), exploite le genre du film de procès. Mais il aurait pu s’appeler Anatomie d’un couple pour la place essentielle qu’il accorde à l’analyse de la personnalité de Sandra et, particulièrement, à une progressive mise au jour de sa vie de couple, impactée par l’accident qui a causé la quasi-cécité de Daniel, qu’elle impute à une négligence de Samuel.

Anatomie d’une chute, avec la photographie de Simon Beaufils, chef-opérateur des deux films précédents de Justine Triet, opte pour une mise en scène épurée et un accompagnement musical discret avec Asturias, Suite Española d’Isaac Albeniz que Daniel répète au piano et Variation autour du Prélude en mi minor op. 28 n° 4 de Chopin par Benoît Daniel.

Le film tire son atout majeur du scénario qui, pendant toute la durée d’une sorte de huis-clos dans le chalet et le prétoire, réussit à soutenir la tension dramatique. Le récit, sans événement spectaculaire (on n’assiste pas à la mort de Samuel), évitant les clichés du genre, est déroulé dans l’ordre chronologique, à l’exception de deux insolites « faux flashbacks », et laisse au spectateur la latitude de faire le choix entre l’innocence ou la culpabilité de Sandra. Les entorses à la procédure pénale (certaines sont relevées dans les suppléments), un choix scénaristique délibéré, ont parfois été critiquées.

Anatomie d'une chute

Anatomie d’une chute est servi par une judicieuse attribution des rôles principaux. Sandra Hüller, actrice allemande assez peu connue en France (je l’avais découverte dans I’m Your Man / Ich bin dein Mensch, Maria Schrader, 2021), communique parfaitement l’ambiguïté de Sandra. Swann Arlaud, dans le rôle de Vincent Renzi, son avocat, confirme le talent qu’on pouvait discerner dès ses débuts, notamment dans le téléfilm L’Ordre du Temple Solaire (Arnaud Sélignac, 2005). À signaler aussi la maturité de Milo Machado-Graner dans son interprétation de Daniel et l’engagement, sous la robe rouge de l’avocat général, d’Antoine Reinartz, César du meilleur acteur dans un second rôle pour 120 battements par minute (Robin Campillo, 2017).

Tous ces atouts justifient la Palme d’or et expliquent le succès du film à l’étranger, facilité par l’usage de l’anglais pour l’essentiel des dialogues, langue dans laquelle Sandra est plus à l’aise qu’en français.

Anatomie d'une chute

Présentation - 2,5 / 5

Anatomie d’une chute (150 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 logé dans un Digipack. à trois volets avec un DVD-9 supportant un volumineux lot de suppléments (222 minutes).

Le film est proposé dans sa langue originale, l’anglais et le français, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Dans une couverture, deux réductions d’affiches, une photo de Milo Machado-Graner (6x13) et une planche de décalcomanie avec douze vignettes représentatives du film.

Bonus - 4,0 / 5

Cinq scènes coupées et alternatives, et présentation de Justine Triet, avec ou sans commentaire (40’). La réalisatrice donne les raisons qui ont justifié l’exclusion de ces scènes du montage final, notamment des huit prises de la dispute de Sandra et Samuel.

Anatomie d’un scénario, avec Justine Triet et Arthur Harari (32’). L’idée du scénario est venue de Terreur aveugle (See No Evil, Richard Fleischer, 1971) et du désir d’utiliser le genre du film de procès pour découvrir la personnalité de Sandra et la relation avec son mari en plaçant le spectateur dans la position d’un membre du jury. Le scénario (sans aucune référence au couple formé par les deux scénaristes) pose la question de l’égalité entre l’homme et la femme, un délicat équilibre : (« Le couple, c’est ne faire qu’un, mais lequel ? », disait Oscar Wilde). Les auteurs évoquent le rapport du son à l’image, l’apport de Sandra Hüller, de Snoop, un réel personnage du film…

Anatomie d’un film, avec Justine Triet et les producteurs David Thion et Marie-Ange Luciani (36’, un entretien conduit par Nicolas Schaller). Ils retracent l’évolution du scénario, la négociation du métrage et du temps exceptionnel alloué au casting, au tournage et au montage (un an de postproduction !), facilité par la qualité du scénario (que Gallimard a édité), les scènes à retourner, le succès du film à l’étranger…

Anatomie d'une chute

Swann Arlaud et Milo Machado-Graner (21’, entretien conduit par Axel Cadieux). Les deux acteurs se souviennent de leur rencontre avec Justine Triet, de leur perception du scénario, de la longue préparation de Milo par Cynthia Arra, de celle de Swann Arlaud qui a assisté au procès aux assises d’une tentative de meurtre à la hache. Justine Triet est à l’écoute des acteurs qu’elle pousse parfois à sortir de leur zone de confort…

Antoine Reinartz et Vincent Courcelle-Labrousse, avocat et conseiller juridique sur le film (22’, entretien conduit par Axel Cadieux). Il est entré dans la peau du personnage, protégé par l’armure de sa robe, en cassant les codes et en s’appropriant l’espace de la salle d’audience, après une préparation au rôle par Cynthia Arra qui cumulait les fonctions de directrice de casting et de direction des acteurs.

Anatomie d’un procès, avec Vincent Courcelle-Labrousse (15’, entretien conduit par Axel Cadieux). Avocat, consulté avant l’élaboration du scénario, il résume les différences de conduite des procès aux USA et en France et leurs conséquences pour l’accusé. Quelques incohérences ont été commises au profit de l’intérêt du scénario : le fait que Sandra, inculpée d’homicide volontaire n’ait pas été placée en détention provisoire, mais laissée avec Milo, témoin-clé, est la plus importante.

Casting de Milo Machado-Graner (7’). Milo, 13 ans, n’a peur de rien.

Call back Milo Machado-Graner (3’) : il revient pour interpréter une scène particulièrement dramatique.

Antoine Reinartz (13’). Le casting de l’interprète de l’avocat général en deux prises.

Répétitions de Milo Machado-Graner avec Cynthia Arra, directrice de casting et Justine Triet (25’). Une minutieuse préparation du jeune acteur à son rôle, y compris de son interprétation d’Albeniz au piano.

Secrets de tournage avec le chien Snoop, avec Laura Martin, coach animalier pour le cinéma (8’). Laura Martin parle de la spécialité qu’elle exerce dans la petite structure qu’elle a créée. La performance du chien Messi, saluée à Cannes, a été préparée pendant un mois.

Anatomie d'une chute

Image - 5,0 / 5

L’image numérique 1080p, AVC, prise avec une caméra Arri Alexa Mini LF, au ratio 1.85:1, adoucie par un grain ajouté en postproduction, sans que la résolution en souffre, donne l’illusion d’une prise en 35 mm, un souhait de la réalisatrice qui n’a pu être exaucé. Le soin particulier apporté à l’étalonnage assure un bon équilibre des contrastes et un rendu naturel des couleurs.

Anatomie d'une chute

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) restitue avec toute la clarté attendue les dialogues (avec un soin dans l’articulation assez rare dans le cinéma français contemporain), dans un bon équilibre avec l’ambiance, concentrée dans le plan frontal.

Crédits images : © LES FILMS PELLEAS, LES FILMS DE PIERRE

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
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Philippe Gautreau
Le 20 décembre 2023
La qualité du scénario, coécrit avec Arthur Harari, le réalisateur de Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, a certainement été décisive pour l’attribution de la Palme d’or au quatrième film de Justine Triet que Le Pacte nous propose, quatre mois après sa sortie en salles, avec d’intéressants compléments.

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Anatomie d'une chute
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