Alamo (1960) : le test complet du DVD

The Alamo

Réalisé par John Wayne
Avec John Wayne, Richard Widmark et Laurence Harvey

Édité par MGM / United Artists

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Le 22/07/2021
Critique

Le rêve de John Wayne, devenu réalité, nous revient restauré, dans une édition définitive, enrichie de bonus exclusifs.

Alamo

Les colons américains et anglais se sont engagés dans la « Révolution texane » visant à faire du Texas, une province du Mexique, la « République du Texas ». À l’annonce d’une riposte armée du Mexique, quelques militaires sous l’autorité du colonel William Barret Travis et des civils, certains rassemblés par Davy Crockett, alors sénateur du Tennessee, et par l’aventurier Jim Bowie, font de l’ancienne mission d’Alamo leur place forte et sont déterminés à résister jusqu’à l’arrivée de renforts promis par le général Houston. Le 26 février 1836, 4 500 soldats mexicains, sous le commandement du général Antonio López de Santa Anna, assiègent la mission d’Alamo…

Alamo (The Alamo) est l’aboutissement du désir obsessionnel, nourri pendant treize ans, qu’avait John Wayne de faire revivre sur l’écran un fait de bravoure, la résistance pendant treize jours de 187 Américains aux assauts d’une armée. Le film sort le 24 octobre 1960 à San Antonio, Texas, là où l’historique fait d’armes eut lieu, 124 ans plus tôt.

Le scénario de James Edward Grant, scénariste d’une douzaine de films avec John Wayne en tête d’affiche, prend d’assez grandes libertés avec les faits, au point que les deux historiens consultants, James Frank Dobie et Lon Tinkle, ont obtenu que leurs noms ne figurent pas dans les crédits. La farouche résistance du fort Alamo a été portée une douzaine de fois à l’écran, la première en 1911, la dernière en 2004 par John Lee Hancock sous le titre Alamo (The Alamo). La chute du fort Alamo ne fut que provisoire : le général Houston remporta le 21 avril 1836 la bataille de San Jacinto, au cours de laquelle Santa Anna fut capturé. La République du Texas fut alors officiellement instituée avant d’être intégrée aux USA en 1846.

Alamo fut une audacieuse entreprise, d’un coût de 12 millions de dollars (110 millions d’aujourd’hui), en partie apportés par John Wayne via sa société de production Batjac, avec des stars, Richard Widmark, l’acteur britannique Laurence Harvey, au faîte de sa gloire après Les Chemins de la haute ville (A Room at the Top, Jack Clayton, 1959), et une bonne vingtaine d’acteurs dans les rôles secondaires, dont Richard Boone et deux enfants du réalisateur, Aissa et Patrick Wayne (acteur dès son jeune âge, il tiendra 78 rôles jusqu’à sa retraite en 1997). Il faut ajouter 7 000 figurants, 1 500 chevaux, sans oublier… 1 100 vaches Texas longhorns ! La mission d’Alamo et une partie du village de San Antonio de Béxar furent minutieusement reconstruits. En un peu plus de trois mois, 566 scènes furent tournées sur 186 000 mètres de pellicule.

Deux tirages furent faits, une version longue de 202 minutes, en 70 mm, au ratio 2.20:1, Todd-AO 6 pistes pour les salles équipées (jointe en bonus dans une qualité technique déplorable) et, pour une distribution plus large, une copie 35 mm, au ratio 2.35:1, d’une durée de 162 minutes, celle qui nous est proposée par la présente édition.

Abondance de biens ne nuit pas…

… mais n’assure pas le succès commercial. En dépit de sept nominations aux Academy Awards, Alamo n’obtint que l’Oscar du meilleur son. L’accueil mitigé de la critique, une promotion ratée et un relatif désintérêt du public américain, peut-être parce qu’il connaissait la fin tragique de la bataille, ne permirent pas de couvrir les frais de production. Ils ne le seront, avec les recettes de la distribution du film à l’étranger et les diffusions répétées à la télévision, qu’au bout de sept ans.

Alamo apparaît aujourd’hui comme un grand film épique, rythmé par une alternance de scènes d’action impressionnantes, bien cadrées et chorégraphiées, avec des milliers de figurants, de spectaculaires cascades à cheval, des effets pyrotechniques convaincants. Des scènes plus intimistes donnent de l’épaisseur aux personnages principaux et d’autres mettent en valeur les personnages secondaires, parmi lesquels on retrouve des gueules familières des westerns. On doit aussi relever que le scénario ne tombe pas dans le piège du manichéisme : la bravoure des Mexicains et l’esprit chevaleresque du général Santa Anna sont ouvertement salués.

Alamo bénéficie de la photographie de William H. Clothier (il tint la caméra de vingt films dans lesquels jouait John Wayne, réalisés par John Ford, Andrew V. McLaglen, Howard Hawks, William A. Wellman, Budd Boetticher…). Il sera nommé aux Oscars pour cette performance. Il faut aussi mentionner la contribution de Dimitri Tiomkin, le pape de l’accompagnement musical des westerns, avec une partition originale dans laquelle la chanson The Green Leaves of Summer deviendra un tube planétaire, repris en France par les Frères Jacques sous le titre Le Bleu de l’été.

Alamo

Présentation - 4,5 / 5

Alamo (162 minutes) et un supplément de 38 minutes tiennent sur un Blu-ray BD-50. Les autres suppléments (319 minutes !) sont sur un deuxième Blu-ray BD-50. Les deux disques sont logés dans un digipack à trois volets, glissé ans un étui.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou Dolby Digital 2.0 stéréo, et dans un doublage en français au format DTS-HD MA stéréo.

Une édition DVD est sortie simultanément dans laquelle on ne trouve pas trois des bonus propres à l’Édition limitée : le livret, la version longue et le documentaire sur le tournage de 68’.

À l’intérieur du digipack, un livret de 48 pages, avec un texte supervisé par Marc Toullec, s’ouvre sur l’entêtement de John Wayne à réaliser The Alamo, « la version texane de la bataille des Thermopyles » (celle reconstituée en 2006 pour l’écran par 300 de Zack Snyder). La genèse, treize ans de réflexion rappelle la longue gestation du projet qui ne put se concrétiser que par l’investissement par John Wayne de toute sa fortune. Puis vint le temps de la construction des décors, du recrutement des acteurs et des figurants, de la recherche des animaux, des armes, de la confection des costumes… avant que ne commence le tournage et ne surgissent les inévitables incidents qui déclenchèrent quelques accès de colère de John Wayne, « mis sous pression par les enjeux financiers, ses responsabilités et le gigantisme du projet ». Un premier montage de 4h30 sera réduit à 3h22 pour l’avant-première, puis, dès le 24 octobre 1960, à 2h47, la longueur actuelle du film (si l’on ajoute la musique d’ouverture et de sortie). Une campagne de promotion maladroite ne favorisa pas les chances du film aux USA. John Wayne devra attendre sept ans pour éponger ses dettes et prendre le risque de réaliser Les Bérets verts (The Green Berets).

Ce livret complète utilement les bonus vidéo.

Alamo

Bonus - 5,0 / 5

Sur le Blu-ray du film :

La passion d’Alamo (38’, ESC Éditions, 2021) par Jean-François Giré, monteur, coauteur de Le Western (Le Courrier du Livre, 2011), réalisateur du documentaire Sergio Leone, une Amérique de légende. John Wayne finit par obtenir l’accord de United Artists pour coproduire le film, à condition qu’il soit en tête d’affiche. Le cadre d’une vision enjolivée de l’histoire sera construit à 200 kilomètres de San Antonio. Jean-François Giré passe en revue les adaptations de l’histoire à l’écran. Il rappelle qu’en 1822, 30 000 colons américains avaient été accueillis par le Mexique qu’ils débarrassaient des Comanches, et qui ont manifesté leur désir d’indépendance. Il souligne « l’héritage fordien », notamment dans la mise en scène des personnages secondaires, l’importance de la musique qui « participe à la dramaturgie ».

Sur le Blu-ray de suppléments :

Alamo, version longue (202’, 2.05:1 en 4/3, MPEG-2, Dolby Digital 2.0 stéréo,), en anglais avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français. Elle contient l’ouverture musicale et la musique de sortie (6 minutes) et 34 minutes de scènes de la première version sortie en 70 mm, coupées du tirage en 35 mm. (le détail des passages coupés est précisé sur la page https://www.movie-censorship.com/report.php?ID=3869). Un avertissement signale que la copie est issue d’une source analogique et « proposée pour sa qualité d’archive ». L’image est, en effet, au niveau d’une très mauvaise VHS. Une édition allemande, que je n’ai pas vue, propose cette version longue, dite Roadshow-version, à un niveau technique acceptable.

John Wayne and the making of Alamo (68’, 1992, 1.33:1, MPEG-2, Dolby Digital 2.0 mono, en anglais, sous-titres optionnels), avec Budd Boetticher, Alfred Ybarra, directeur artistique, Patrick Wayne, Willliam H.Clothier, chef-opérateur, acteurs et techniciens. À Brackettville, sur le ranch de 8 000 hectares du producteur Happy Shahan, fut construite une réplique de la chapelle d’Alamo et d’une partie du village à l’aide de briques séchées au soleil. Le tournage fut éprouvant pour John Wayne, à la fois réalisateur, producteur et acteur. Seule une courte scène filmée par John Ford fut retenue dans le montage.

John Wayne, mon père : entretien avec Patrick Wayne (33’, 2021, ESC Éditions, Jules Verne Adventures, 1080i, DTS-HD MA 2.0 stéréo). Patrick Wayne, tout juste entré à l’université, venait sur le lieu de tournage chaque weekend pour tenir le rôle d’un jeune capitaine. Il résume la vie de son père qui était convaincu que la volonté et le travail permettaient à chacun de réussir. Il a fait son apprentissage de la réalisation en observant les autres, surtout John Ford, et a été solidement secondé par William H. Clothier. Une rencontre avec les troupes américaines au Viêt Nam l’a décidé à réaliser The Green Berets. Il évoque avec émotion l’apparition de son père à la cérémonie des Oscars en 1979, six semaines avant sa mort. Un intéressant document exclusif, illustré de séquences de tournage, de photos de plateau et de famille.

Un musée pour John Wayne (10’, ESC Éditions, 2021, 1080i, DTS-HD MA 2.0, anglais, sous-titré). Une visite du John Wayne Birthplace Museum à Winterset, Iowa, où l’acteur naquit en 1907, premier enfant d’un couple de pharmaciens, M. et Mme Clyde Morrison. Le musée contient une impressionnante collection d’affiches, de costumes, une Pontiac Grand Safari 1972 avec le toit surélevé de 15 cm, des carabines et revolvers, un des canons en bois d’Alamo, le jaunty car (calèche) de L’Homme tranquille (The Quiet Man, John Ford, 1952)…

Galerie de photos (3’), une suite de captures d’écran recadrées à 1.78:1. On aurait aimé les photos d’affiches.

Film-annonce (3’25”, 2.20:1 en 4/3, MPEG-2, Dolby Digital 2.0 mono, anglais).

Alamo

Image - 5,0 / 5

Le transfert en haute définition (1080p, AVC, au ratio de 2.35:1 de la distribution générale), après comparaison avec l’image des éditions DVD sorties par MGM en 2000 et 2006, procure un appréciable gain de luminosité, un affermissement des contrastes avec des noirs plus denses, un ravivement des couleurs, soigneusement étalonnées et une légère amélioration de la résolution, sans altération de la texture argentique. Quelques minuscules taches blanches passent presqu’inaperçues.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative Dolby Digital 2.0 stéréo) de la version originale, d’une irréprochable propreté, sans souffle, assure la clarté des dialogues et délivre avec finesse la musique de Dimitri Tiomkin. Une bonne dynamique et une répartition cohérente du signal sur les cinq canaux créée une sensation d’immersion dans l’action qui doit s’approcher du son 6 pistes Todd-AO.

Le doublage DTS-HD MA 2.0 stéréo est correct, avec une séparation efficace des deux voies, mais sensiblement moins fin.

Crédits images : © Batjac Productions, The Alamo Company

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

3,1
5
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Philippe Gautreau
Le 24 juillet 2021
John Wayne a pris d’énormes risques pour reconstituer l’héroïque résistance d’un petit groupe de Texans contre l’armée mexicaine en réalisant et produisant un film épique, rythmé par des scènes d’action impressionnantes, avec des milliers de figurants, de spectaculaires cascades à cheval, des effets pyrotechniques convaincants… Un grand western !
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amis
Le 16 juin 2021
Bonjour j'ai fait la demande a esc édition le film est bien 1080P et 24 images secondes donc le film doit faire 162 minutes en Blu-ray comme pour sa sortie en Allemagne du 12.5.2021 et que j'ai reçu pour la version longue 202 minutes.Sur la version longue il on fait un travail magnifique.J'ai aussi reçu le blu-ray esc sur la version cinéma 10 sur 10 sur la version longue par rapport a l'Allemagne 0 sur 10
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jpsred
Le 15 juin 2021
Bonjour à tous, je viens de visionner le blu ray d'Alamo et je me faisait une joie de revoir la version longue.... Hélas pour moi, j'ai eu l'impression de revoir la cassette que j'avais... La qualité est telle que je ne saurais le revoir dans ces conditions. Vraiment triste de ne pas avoir eu une version restaurée.... Tant qu'à faire il aurait du la mettre uniquement en dvd.... La seule chose de bon c'est les documentaires en vostfr..... A faire remonter jusqu'à Esc Edition.... Vous pouvez donner mon adresse email....

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