Fellini Roma (1972) : le test complet du DVD

Roma

Réalisé par Federico Fellini
Avec Federico Fellini, Anna Magnani et Marcello Mastroianni

Édité par MGM / United Artists

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Le 26/02/2018
Critique

Fellini Roma

Rome, 1939. En plein été, un jeune homme descend du train venant de Rimini : c’est Federico Fellini, en personne. Il nous offrira, quarante ans plus tard, sa vision personnelle et impressionniste de la ville éternelle, à travers divers tableaux et avec de nombreux allers et retours dans le temps, sur une période allant de 1939 à 1972.

Fellini Roma (Roma), sorti en 1972, s’insère entre Fellini Satyricon (1969), une fabuleuse mise en images du livre de Pétrone, et Amarcord (1973), une évocation de l’Italie mussolinienne et des jeunes années du réalisateur.

Tutti matti!

« Ils sont tous fous », c’est certainement l’impression du jeune homme dès le premier soir, lorsqu’il dîne à l’une des tables installées sur la chaussée où les chansons des rues sont reprises en choeur par les convives que le passage des trams, à quelques centimètres des tables, ne semble pas déranger.

Puis, nous sommes projetés en 1972. Fellini filme, avec des mouvements de caméra extraordinaires, le trafic sur le Grande Raccordo Anulare, la rocade qui fait le tour de la ville, où toutes sortes de véhicules, d’hommes et d’animaux cahotent sous des trombes d’eau, dans un tintamarre apocalyptique.

Fellini Roma nous ramène aussitôt peu avant la fin de la guerre, au moment du débarquement des Américains en Sicile, dans un music-hall minable où se succèdent des numéros plus ringards les uns que les autres. Qu’importe la nullité des artistes, le spectacle est surtout dans la salle !

Fellini Roma

Une petite remontée dans le temps nous conduit dans les bordels, l’un huppé, l’autre misérable, avec les incontournables poitrines felliniennes, monumentales. L’instant d’après, nous sommes au milieu des hippies occupant toutes les marches de la Piazza Di Spagna, puis dans le chantier souterrain du percement d’une ligne du métro où les fresques éclatantes d’une villa, vieille de 2 000 ans, découverte par hasard, s’effacent en quelques secondes au contact de l’air frais.

Bien d’autres choses encore, dont l’ineffable défilé de mode ecclésiastique présenté par des modèles se dandinant sur un proscenium tapissé de velours rouge, au rythme sautillant d’une composition de Nino Rota, devant un improbable aréopage de cardinaux, de dignitaires et de nonnes, délirant lors de l’apparition du pape dans de rayonnants jeux de lumière.

Une exubérante galerie de personnages truculents, de tous âges et de tous milieux, qui font bruyamment la fête, jusque tard dans la nuit, avant de laisser les restes aux chiens errants. Une image kaléidoscopique, bouillonnante, de la ville éternelle et de ses habitants, sous le regard à la fois cruel et tendre, à la fois sans fard et surréaliste.

Fellini Roma, dans son extraordinaire séquence finale, fait surgir de la nuit les monuments de Rome dans la lumière des phares d’une horde vrombissante de motards qui projette sur les façades l’ombre fantomatique des statues.

Un spectacle unique, étourdissant, éblouissant, à voir et à revoir !

Fellini Roma

Présentation - 5,0 / 5

Fellini Roma (114 minutes) et ses suppléments (40 minutes) tiennent sur un Blu-ray (BD-50) accompagné de trois DVD, l’un avec le film, les deux autres avec des bonus, tous logés dans un coffret non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, ou dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Avec cette sortie, Rimini Éditions répare une injustice : alors que les deux précédentes éditions MGM proposaient le film en 4/3 et sans autre complément qu’une bande-annonce, il est aujourd’hui dignement présenté en 16/9, avec près de deux heures de bonus.

Bonus - 5,0 / 5

En supplément vidéo sur le Blu-ray :

Une interview d’Italo Moscati (inédit, produit par Rimini Éditions, 2017, 22’). Pour Italo Moscati, réalisateur, scénariste et auteur de Fellini & Fellini (Ediesse, janvier 2010), le film souligne l’invasion du béton, l’agression de la grandeur impériale de Rome par la modernité, aboutissant à un amalgame parfois grotesque. Sorte de rêve éveillé, Fellini Roma est le regard sans jugement, plutôt bienveillant, de Fellini sur la culture italienne de son temps.

Suivent, une généreuse sélection de scènes coupées (17’) et deux bandes-annonces.

Sur les deux DVD : Zoom sur Fellini, une série documentaire en quatre épisodes (1983, 1.33 :1, couleurs, sous-titres optionnels) de Gianfranco Angelucci, auteur de plusieurs livres sur Federico Fellini.

- Épisodes 1 et 2 : les acteurs (47’ et 50’) : Marcello Mastroianni, Terence Stamp, Alberto Sordi, Donald Sutherland, Giulietta Masina, Franco Interlenghi, Franco Fabrizi… et les Français Anouk Aimée, Alain Cuny, Magali Noël, François Périer, etc. évoquent leur première rencontre avec Fellini. Ils se souviennent, Marcello Mastroianni de sa complexité, de sa bienveillance envers les acteurs, Alberto Sordi de la minceur, de la volumineuse coiffure noire du jeune Fellini quand tous les deux rêvaient d’une future célébrité sur les marches de la Piazza di Spagna. Les acteurs n’oublieront jamais le tournage d’Les Vitelloni, le premier film à grand succès de Fellini, ni celui de La Dolce vita qui fut, pour Marcello Mastroianni, « les meilleures vacances de toute sa vie ». Fellini donnait assez peu d’instructions aux acteurs, mais tiraient d’eux le meilleur sur des plateaux ressemblant à la cour des miracles ou à la piste d’un cirque.

- Épisode 3 : Fellini au panier (45’), avec Oreste del Buono, écrivain et ami de Federico Fellini, à l’aide de scènes coupées de Le Casanova de Fellini, et de Les Nuits de Cabiria, le réalisateur dit pourquoi il élimine beaucoup de prises, souvent après avoir visionné le film plusieurs fois, sans accompagnement musical. Il explique aussi pourquoi des femmes à forte poitrine apparaissent dans ses films et pourquoi il préfère le doublage au son direct…

- Épisode 4 : les visages de Fellini (49’), réalisé pendant le tournage de Et vogue le navire…. Sous la conduite d’Andrea De Carlo, l’assistant de Fellini, à Cinecittà, dans les ruines des décors de La Cité des femmes, des acteurs nous disent comment Fellini réussissait à les connaître, à sonder leur inconscient pour mettre en évidence leur personnalité. Fellini révèle sa « méthode » : chercher, à tâtons, des visages pouvant surprendre, susciter la curiosité. On voit le maître diriger une scène avec un haut-parleur, corriger des maquillages… Certains acteurs anglo-saxons avouent avoir été déroutés en arrivant le matin sur le plateau sans savoir ce qu’on attend d’eux.

Fellini Roma

Image - 4,5 / 5

L’image (1.66:1, 1080p, AVC), très propre, lumineuse, bien contrastée, avec des noirs suffisamment denses, un soigneux étalonnage des couleurs, rend enfin justice au film. Le bruit a été réduit aux limites du possible, sans affecter la texture originelle.

Le jour et la nuit avec l’image en 4/3 des éditions précédentes de 2003 et 2006. Nettement surévaluée dans notre test d’alors, elle manquait de piqué, avec une tendance des noirs à se boucher et un étalonnage des couleurs accentuant les rouges.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, très propre lui aussi, bénéficie d’une dynamique et d’une largeur de spectre étonnantes assurant une restitution parfaitement claire des dialogues et de la musique de Nino Rota, sans distorsions, ni saturations.

Une restauration modèle !

Fellini Roma

Crédits images : © Rimini Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

5,0
5
1
4
0
3
0
2
0
1
0

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Philippe Gautreau
Le 26 février 2018
Roma, c’est le portrait très personnel de la ville éternelle, dessiné par Federico Fellini, quarante ans après sa descente du train qui l’amenait de Rimini. Une image kaléidoscopique, bouillonnante, sans fard et pourtant surréaliste, de la ville aux sept collines et de ses habitants, sous le regard à la fois cruel et tendre du cinéaste.

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