C.R.A.Z.Y. (2005) : le test complet du 4K UHD

4K Ultra HD + Blu-ray

Réalisé par Jean-Marc Vallée
Avec Michel Côté, Marc-André Grondin et Danielle Proulx

Édité par Koba Films

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Le 18/10/2022
Critique

Le premier film qui assura la réputation mondiale de Jean-Marc Vallée, tant attendu, est à nouveau disponible et en haute définition !

C.R.A.Z.Y.

25 décembre 1960 : Zachary Beaulieu vient au monde entre une mère aimante et un père un peu bourru mais fier de ses garçons. C’est le début de C.R.A.Z.Y., le récit de la vie d’un petit garçon puis d’un jeune homme pas comme les autres.

C.R.A.Z.Y., sorti en 2005, est le quatrième long métrage du Québécois Jean-Marc Vallée et, probablement son meilleur film avec Dallas Buyers Club. Décédé à 58 ans (en 2021, le jour de Noël !), il termina sa carrière de cinéaste avec une belle contribution à l’univers des séries en réalisant les 7 épisodes de la saison 1 de la série Big Little Lies, en 2017, et l’intégralité de la minisérie Sharp Objects (8 épisodes) en 2018.

C.R.A.Z.Y. fit un carton au Canada en raflant en 2006 pas moins de dix Genie awards décernés par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision et treize Prix Jutra de l’industrie du cinéma québécois, dont ceux du Meilleur film et du Meilleur scénario. Plus qu’il n’en fallait pour assurer la célébrité du cinéaste qui s’était discrètement lancé dans le métier en réalisant des clips musicaux, puis trois longs métrages vite oubliés, jamais édités en vidéo, même au Canada.

J’veux être comme les autres !

Le scénario, écrit par le réalisateur, est inspiré des souvenirs d’enfance du scénariste François Boulay. Il suit le personnage principal, Zac, de sa naissance à son entrée dans le monde des adultes, à 21 ans. Le ressort dramatique est le combat qu’il mène, contre lui-même, pour résister à son homosexualité et conserver l’amour de son père, incapable de tolérer ce qu’il perçoit comme une aberration.

C.R.A.Z.Y. évite résolument le ton dramatique choisi pour d’autres films sur cette lutte contre l’orientation sexuelle, tels My Own Private Idaho (Gus Van Sant, 1991), Bully (Larry Clark, 2001), Boy Erased (Joel Edgerton, 2018), Come As You Are (The Miseducation of Cameron Post, Desiree Akhavan, 2018) et reste surtout dans le registre de la comédie. Jean-Marc Vallée, dans les bonus de la première édition vidéo, voit C.R.A.Z.Y. comme « un film-spectacle, fait pour plaire » dans lequel il donne une place généreuse à la chanson.

C.R.A.Z.Y.

C.R.A.Z.Y. a plusieurs atouts dans sa manche. Une bonne dose de poésie amenée par les rêves éveillés de Zac imaginant des situations surréalistes : son assomption dans l’église lors d’une des messes de Noël rythmant le défilement du temps, l’anneau de fumée d’une cigarette s’élevant au-delà des nuages… Et aussi, la délicatesse du portrait des personnages et des dialogues, l’alternance bien rythmée de l’émotion et du rire…

Tout cela servi par une belle distribution. Marc-André Grondin, quand il prend le relais d’Émile Vallée dans l’incarnation de Zac de 15 à 21 ans, 25 minutes après le début du film, ne quitte pratiquement plus l’écran. Après s’être fait connaître, jeune adolescent, en tête d’affiche de La Fête des rois (Marquise Lepage, 1994) et une pause pour ses études, il tient avec C.R.A.Z.Y. son premier grand rôle. Il s’est fait connaître en France par sa prestation dans Le Premier jour du reste de ta vie (Rémi Bezançon, 2008) et on l’a, ces dernières années, apprécié dans Les 12 coups de minuit (After the Ball, Sean Garrity, 2015) une transposition dans le New York du XXIème siècle du conte de Cendrillon, et dans Mafia Inc (Daniel Grou, 2019) sur les dissensions à l’intérieur d’une famille mafieuse de Montréal. Lui donne la réplique, Michel Côté, très présent, juste et émouvant dans le rôle du père, Gervais Beaulieu. Célèbre au Québec, sur le petit écran pour ses shows télévisés et ses contributions à des séries et, au cinéma, pour deux douzaines de long métrages inédits en France, dont Cruising Bar (Robert Ménard, 1989) et Cruising Bar 2, qu’il coréalise en 2008 avec Robert Ménard, dans lesquels il interprète, à lui tout seul, les quatre personnages principaux !

Les années qui ont passé ont changé le regard sur l’homosexualité, mais n’ont pas altéré l’intérêt et la fraîcheur de C.R.A.Z.Y., depuis longtemps absent de nos catalogues. On louera donc l’initiative de Koba Films, en association avec L’Atelier d’Images, de nous proposer, pour la première fois, le film en haute définition, avec tous les bonus de l’édition spéciale de 2006. Et on se réjouira, à nouveau, de constater que le catalogue des éditions 4K UHD s’enrichit, mois après mois, de films d’auteurs.

C.R.A.Z.Y.

Présentation - 2,5 / 5

C.R.A.Z.Y. (127 minutes) tient sur un Blu-ray BD-66 et sur un Blu-ray BD-50, sur lequel tiennent les généreux suppléments (158 minutes, sans compter le commentaire audio du réalisateur). Les deux disques sont logés dans un boîtier, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 5.1, dans sa version originale, en français québécois, avec sous-titres optionnels, limités aux dialogues les plus idiomatiques.

C’est la première édition en haute définition en France, la première en UHD par Koba Films, obtenue après un scan 4K du négatif original. Une édition Blu-ray (1080i, AVC) était sortie au Canada en 2009.

Sont aussi disponibles, deux éditions sur un seul disque, l’une sur Blu-ray avec les mêmes bonus, l’autre sur DVD avec le seul documentaire sur le tournage (41 minutes).

C.R.A.Z.Y.

Bonus - 3,5 / 5

Les compléments sont repris de l’édition spéciale sur deux DVD sortie par Océan Films en 2006, tous au format 4/3, 1080i, LPCM 2.0 mono.

Commentaire du film par Jean-Marc Vallée. Les informations très détaillées sur la mise en scène, les effets visuels, les costumes, les accessoires… soulignent l’intense investissement du réalisateur à tous les stades de la fabrication de son film. S’écoute sans ressentir l’impression de perdre son temps.

L’audition d’Émile (5’). Émile Vallée, 6 ans, le fils du réalisateur, tient le rôle de Zachary enfant. Il allait faire, quelques années plus tard, ses premières armes de monteur avec les séries Big Little Lies et Sharp Objects.

Le tournage au Maroc (4’). Les scènes censées se dérouler en Israël furent tournées à Essaouira.

Le plateau de tournage : la scène de l’église (2’) avec plusieurs prises des mêmes figurants, multipliés pour emplir la nef, puis l’accident de moto (2’), avec une explication du tournage de la scène, filmée en deux séquences.

Making of C.R.A.Z.Y. en trois modules :

-.ave Jean-Marc Vallée (41’) : le scénario, que Jean-Marc Vallée a écrit sans aucune autocensure, pendant les trois mois de préproduction, est en partie inspiré par l’histoire de la famille de François Boulay. Il a tenu à coproduire le film pour garder un meilleur contrôle sur chaque étape de son élaboration. On le voit sur les plateaux, diriger les répétitions, à la table de montage (« la continuité logique de l’écriture »), surveiller l’enregistrement de la musique, dans le rôle d’un jeune prêtre…

- avec Pierre Even (19’), producteur : l’idée du film est née en 2002, lors de sa rencontre avec Jean-Marc Vallée et après la lecture de l’histoire. Les limites du budget ont dû conduire à quelques coupes dans le scénario et à un gonflement des journées de tournage jusqu’à douze heures. La projection des rushes des trois premières journées à dopé le moral des équipes.

- avec les acteurs (41’) : répétitions, scènes de tournage et entretiens avec Émile Vallée, Marc-André Grondin, Pierre-Luc Brillant, Michel Côté (et une séance de maquillage qui le fait vieillir de dix ans), Danielle Proulx, Natasha Thompson… Ces entretiens évitent l’écueil des échanges de compliments.

Les effets visuels en neuf modules (25’) sont commentés par Marc Côté, en une introduction et huit courts modules : le foetus en images de synthèse, les lunettes, la piscine municipale, la carte postale, la fenêtre, le désert, le matte painting, le souci du détail.

Les scènes supprimées (19’).

C.R.A.Z.Y.

Image - 4,5 / 5

L’image (4K HEVC - SDR10), légèrement recadrée de 1.85:1 à 1.78:1, en dépit de l’absence d’un étalonnage HDR, apporte une amélioration générale de la luminosité et des contrastes sur l’édition précédente Océan Films, proposée en France en 2006 par TF1 Vidéo Distribution, et sur le Blu-ray, particulièrement appréciable dans les scènes en basse lumière (par exemple celle de la nuit d’orage en colonie de vacances à partir de 24’). À souligner un traitement optimal du grain, fin et homogène : il tire parti du gain de résolution du 4K en respectant la texture du 35 mm.

Image du Blu-ray : 1080p, AVC.

C.R.A.Z.Y.

Son - 4,5 / 5

Le remixage du son original Dolby stéréo au format DTS-HD Master Audio 5.1 ajoute un effet immersif, surtout sensible dans les nombreux passages musicaux, avec des extraits de chansons de Charles Aznavour, Pink Floyd, David Bowie, Patsy Cline… L’ambiance reste principalement cantonnée sur le plan frontal.

Crédits images : © Cirrus Communications, Crazy Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 19 octobre 2022
Cette touchante comédie dramatique, empreinte de poésie, sur la découverte par un adolescent de son homosexualité, le premier film qui assura la réputation mondiale du regretté Jean-Marc Vallée, nous est enfin proposée en haute définition.
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Réal
Le 4 août 2011
Pas de commentaire.

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