Réalisé par Richard Franklin
Avec
Ron Perlman, Linda Hamilton et Roy Dotrice
Édité par Koba Films
« Elle vit dans un monde à part du mien », pense Vincent, « son
nom est Catherine. Dès que je l’ai vue, elle a capturé mon
coeur (…) Elle allait changer ma vie pour toujours. »
Catherine, en écho, confie : « Il vient d’un endroit secret
très loin sous la ville (…) Et maintenant, où que j’aille,
il est avec moi par l’esprit (…) Nous sommes unis par un
lien plus fort que l’amitié ou l’amour ; et bien que nous ne
puissions vivre ensemble, nous ne serons jamais séparés… »
Cette déclaration en voix off en exergue de chaque épisode
donne la mesure de la qualité des dialogues cette série créée
en 1987, à partir du mythe littéraire imaginé par Jeanne-Marie
Leprince de Beaumont, par Ron Koslow à qui l’on devra, vingt
ans plus tard, la très belle série Moonlight (édition belge
sortie en janvier 2009), malheureusement interrompue après
seulement 16 épisodes, qui conte, elle aussi, les amours
(presque) impossibles d’une journaliste et d’un séduisant
vampire et leur association contre le mal.
Catherine travaille pour le procureur de la ville de New York.
Dans le pilote de la série, elle est sauvagement agressée et
sauvée de la mort par Vincent, mi-homme, mi-lion, tapi au
milieu d’une petite communauté, aux vêtements d’un autre âge,
recluse au plus profond des sous-sols de la ville, dans un
fantastique dédale de galeries creusées dans la roche, avec
cascade et lac, qui évoque le monde souterrain hanté par le
Fantôme de l’opéra.
Dans ce « formula show » à peine feuilletonnant, Catherine, sorte
de Jeanne d’Arc sans armes ni armée, s’aventure seule au
secours des plus faibles dans les bas-fonds de New York où elle
affronte les criminels de tout poils (spéculateurs immobiliers,
terroristes irlandais, mafieux infiltrés dans le syndicat des
dockers, trafiquants de drogue, triades de Chinatown…) dans des
combats dont elle ne sort vivante que grâce à l’intervention,
toujours in extremis, de Vincent qui sent sa peur à distance.
Personnage composite, d’une sauvage brutalité (il laisse peu
de chances de survivre à ceux qui s’opposent à lui), mais féru
de musique classique et de poésie (il offre à Catherine les
sonnets de Shakespeare), doté d’une force hors du commun, mais
parfois sans défense, à la merci de voyous sadiques ou chassé
comme un animal dans la nuit de Central Park.
Les deux héros sont interprétés par des acteurs charismatiques
: le si singulier Ron Perlman dont le visage est subtilement
transformé par un maquillage aussi réussi que celui de Jean
Marais dans La Belle et la
Bête, le film de Jean Cocteau (le
maquillage de Vincent a été créé par Rick Baker, un grand
spécialiste, qui a collaboré, notamment, à Star wars,
Videodrome, Men in black,
Hellboy et X-Men).
Et Linda Hamilton,
dont les yeux gris-verts restent gravés dans la mémoire des
cinéphiles depuis son incarnation de Sarah Connor dans The
Terminator, dont la sortie sur Blu-ray est annoncée pour le
1er septembre 2009.
Une très belle série, complexe, avec des scènes d’action, une
bonne dose de suspense, mais qui vaut, aussi et surtout, par
l’analyse de la relation plus qu’ambiguë entre les deux héros,
d’une irrésistible intensité, bien qu’elle reste platonique.
Ce qui fera dire à Vincent, au milieu de la première saison :
« La seule chose que nous puissions faire est de supporter la
douleur. » La dernière scène du dernier épisode laisse toutefois
percer l’éventualité d’une évolution de cette relation. Le
dénouement de ce cliffhanger romantique sera très bientôt
révélé par la saison 2.
Sous-titres français optionnels spécialement produit pour cette édition DVD (qui pourraient être plus discrets) sur la version originale, dans la ligne tracée par Koba Films. On peut changer de version à la volée. L’accès au menu est très rapide. Que demander de plus ?
Menu très frugal, dont le plat de résistance est un défilant,
bien écrit, sur le thème de la belle et la bête, hérité des
Grecs. Sont, bien entendu, cités deux films, celui de Jean
Cocteau, tournée 40 ans avant la série et l’adaptation des
Studios Walt Disney, réalisée en 1991.
À côté de cela :
- Les prix et les nominations de la série : aux 6 prix, qui
ont salué la musique, les décors et les costumes, la photo, se
sont ajoutées 18 nominations ;
- Les personnages principaux, sommairement décrits sur des
fiches ;
- Présentation de quelques séries distribuées par Koba Films
Video.
Bilan contrasté : les couleurs sont fraîches, l’image est propre, sans taches, avec un fourmillement très occasionnel. Toutefois, le grain affecte la netteté des arrières-plans. Si les scènes de nuit sont bien contrastées avec des noirs profonds, certains contre-jours occasionnent une forte solarisation de l’image ; le défaut est aggravé par l’utilisation de filtres rouges dans certaines séquences du monde d’en bas. Dans l’ensemble cependant, la photo n’accuse pas trop son âge.
La clarté du son mono est impeccable : elle sert la belle musique de Don Davis, compositeur de la Trilogie Matrix. Les voix se détachent distinctement des bruits d’ambiance. Curieusement, dans la version doublée, les bruits d’ambiance sont presque totalement étouffés, parfois même inaudibles ! Une raison de plus d’opter pour la version originale et profiter de la voix sensuelle de Linda Hamilton.