La Carrière d'une femme de chambre (1976) : le test complet du DVD

Telefoni bianchi

Réalisé par Dino Risi
Avec Agostina Belli, Cochi Ponzoni et Maurizio Arena

Édité par M6 Vidéo

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Le 25/03/2011
Critique

 » Les femmes ont une banque entre les jambes ! «  Cette réplique d’Adelmo, l’affreux bossu incarné par Ugo Tognazzi, est emblématique du film. De son ton particulièrement grivois et aussi des moyens choisis par Marcella pour faciliter son ascension sociale.

Très belle et pas farouche, Marcella quittera son fiancé Roberto, livreur de poissons à Venise, en saisissant toutes les opportunités que le destin lui tendra, dont la moindre ne sera pas une rencontre fortuite avec Benito Mussolini sur une plage d’Ostie. Une brève relation avec le Duce lui ouvre les portes du paradis, Cinecittà, la mecque du septième art, qui vient se sortir de terre.

La chute du fascisme marquera la fin du rêve dans lequel nous a entraîné un scénario remarquablement construit autour des personnages truculents rencontrés par Marcella, dont Franco, un acteur ringard et Adelmo le bossu, négociant d’articles en tous genres, qui sillonne les routes au volant d’une camionnette brinquebalante chargée d’objets et marchandises hétéroclites piquées ça et là, dont un cercueil reconverti en garde-manger !

Le titre original,  » Telefoni bianchi « , est celui d’un genre cinématographique en vogue aux débuts de Cinecittà, une sorte de comédie sophistiquée dans le milieu de la bourgeoisie huppée, équipée de téléphones blancs, insignes du luxe.

C’est l’occasion d’une amusante mise en abyme du cinéma, d’un regard panoramique assez cruel sur la société d’alors ( » à la chute de Mussolini, 40 millions d’Italiens se sont rendus compte qu’ils étaient anti-fascistes « , ironise la voix off), dans un mélange des genres où domine la comédie de moeurs, truffée petits drames dérisoires et de scènes burlesques (comme le mariage collectif, sous la bannière fasciste, mené militairement dès la veille : femmes d’un côté, hommes de l’autre et un sec rappel à la chasteté :  » Questa notte, non si scopa! « ). La commedia dell’arte n’est pas loin…

Tout au long du film, le pauvre Roberto est embringué dans tous les sales coups sans jamais les voir venir, la guerre en Éthiopie, la guerre d’Espagne dans les rangs franquistes, puis l’Albanie, la Libye et, pour couronner le tout… le front russe ! Le hasard en fait aussi le témoin de chacune des étapes du parcours mouvementé de Marcella, l’amour de sa vie.

Une comédie désopilante et cruelle, ponctuée par une chute surprenante, qui manquait dans les bacs de DVD.

Présentation - 3,0 / 5

Boîtier keep case et jaquette à la couleur orange de la collection. Menus simples, navigation évidente. 8 chapitres. Choix entre version originale avec sous-titres français (optionnels et suffisamment discrets) ou doublage en français

Bonus - 4,0 / 5

Notes de production : un texte rédigé par Eddy Moine, présenté sur douze pages, un peu touffu, chargé d’informations, de noms, de titres et de dates qui ont compté dans le cinéma transalpin et dans la longue carrière de Dino Risi. Une citation de Dino Risi s’applique parfaitement au film :  » Je fais des films qui tentent de décrire ce qu’il y a de pourri dans la société (…) la lumière qui part de l’écran pour éclairer le public et lui dire ce qu’il faut qu’il pense, ce n’est pas mon truc. « 

La carrière d’une femme de chambre racontée par Dino Risi et Patrick Brion. Dino Risi, disparu en 2008, nous confie, en français, ses vues sur le cinéma,  » un métier magnifique, même trop ! Mais c’est aussi un travail… «  Patrick Brion, historien du cinéma, qui connaît bien le sujet, rappelle que Telefoni bianchi, au moment de sa sortie en 1976, année fructueuse pour le cinéma italien, a dû affronter la concurrence de films de qualité qui ont attiré une forte audience, parmi lesquels Amici miei, Cadaveri eccellenti, L’Innocente, dernier film de Visconti. Ce qui peut expliquer que l’accueil public n’ait pas été à la hauteur de celui que lui a réservé la critique (16/9, mono). Un document de grande qualité, qui pèse fort dans la note.

Bande-annonce (16/9, VOST, mono)

Image - 3,5 / 5

S’il n’y a rien à dire sur le léger grain argentique, l’image manque de piqué et un peu de contraste ; les couleurs sont légèrement passées ; quelques marques du temps qui ne gâchent pas le plaisir.

En revanche, l’image est étonnamment propre, sans taches, ni rayures, ni fourmillement.

Son - 3,5 / 5

Le son mono DD 2.0 des deux versions est propre, lui aussi, sans souffle. Des saturations occasionnelles des dialogues ou de l’accompagnement musical.

Les voix de la version doublée en français sont plus en avant et semblent parfois sortir d’un tonneau.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur InFocus IN76
  • Denon DVD-3910
  • Denon AVR-3806
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918 (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080i - Diagonale image 270 cm