Réalisé par Lena Dunham
Avec
Lena Dunham, Allison Williams et Adam Driver
Édité par HBO
Hannah, Marnie, Jessa et Shoshanna, quatre copines de vingt ans et quelques, vivent à New York où elles tentent, tant bien que mal, de savoir qui elles sont, ce qu’elles attendent des autres, en particulier des garçons, ce que ces derniers attendent d’elles. Elles s’interrogent aussi sur leurs ambitions…
Les quatre filles de Girls font immanquablement penser à Carrie, Samantha, Miranda et Charlotte, les quatre héroïnes de Sex and the City, une des séries phares de HBO qui tint, sans perdre son souffle, pendant six saisons et 94 épisodes !
Presque 15 ans plus tard, le ton a changé : les girls sont fauchées (incapables de même songer à remplir tout un placard de chaussures ruineuses), à peine sorties de l’adolescence, doutant de presque tout, en particulier d’elles-mêmes, peinant à discerner rêves et ambitions. Ces incertitudes inquiètent particulièrement Hannah, le personnage central, brutalement confrontée aux vraies duretés de la vie quand ses parents lui coupent les vivres, tout au début de la série. Elle se lance dans l’écriture de son premier roman, d’un pas hésitant : « je serai la voix de ma génération… euh, peut-être plutôt une voix d’une génération. »
Chacun de ses élans est presque aussitôt stoppé par un immense doute sur ses capacités, par un total manque de confiance en elle, ce qui ne l’empêche pas d’exiger beaucoup des autres. À son amie Marnie qui lui reproche de juger tout le monde alors qu’elle n’aime pas être jugée, elle répond du tac au tac : « C’est parce que personne ne peut me haïr comme je me hais moi-même ! »
Hannah a une autre corde à son arc : une propension involontaire, mais irrésistible, à faire très exactement ce qu’il faut pour faire capoter tous ses projets, sentimentaux ou professionnels.
Lena Dunham, politiquement incorrecte, se fout de l’interdiction des cumuls : créatrice et productrice exécutive de la série, elle en a écrit ou coécrit tous les scenarii et réalisé la plupart des épisodes. Tout ça à 24 ans, l’âge de Hannah. C’est avec son premier long métrage, Tiny Furniture, qu’elle a attiré l’attention du producteur John Apatow, lui aussi scénariste et réalisateur, à qui l’on doit notamment la production de la meilleure série sur l’adolescence, ex-aequo avec Moi Angela, 15 ans (My So-Called Life), Freaks and Geeks, curieusement restée cantonnée à la zone 1, 13 ans après sa sortie !
Du même niveau de qualité que ces deux références, Girls est une indiscutable réussite de cette impétueuse créatrice à laquelle il semble bien que HBO ait laissé la bride sur le cou. Résultat : une oeuvre reflétant avec une grande spontanéité les contradictions du personnage principal et de ses amies, autres parties d’elle-même. Capable de surprenantes audaces, elle avoue pourtant avoir peur de tout : « I’m the most scared person alive! ». Il y a du Woody Allen chez cette fille qui nous livre une comédie douce-amère, particulièrement bien écrite, jamais ennuyeuse, avec une crudité des scènes de sexe et des dialogues qui confirme que la télé anglo-saxonne est nettement moins prude que la nôtre (la série, classée R aux USA, fit quand même un peu scandale là-bas).
En récompense, deux Golden Globes bien mérités, dans la catégorie série/comédie : celui de la meilleure actrice et celui de la meilleure série. La diffusion de la saison 2 (10 épisodes) a commencé en janvier 2013. Une troisième saison est prévue pour 2014.
Même graphisme sur et le surétui et le keep case qui contient les deux DVD. Une bourde au verso de la jaquette qui mentionne un ratio 1.33:1 au lieu de 1.78 !
Nous regrettons d’avoir été privés de la version Blu-ray, réservée à la région A, qui offre, sur deux disques, une belle palanquée de suppléments.
Une curiosité : le « doublage » en polonais (appelé Polonais/lektor dans le menu audio) qui est, en réalité une traduction en voice over de tous les dialogues, par une seule et même voix, d’homme de surcroît ! Ce doublage rustique est habituel dans les cinémas de Pologne.
L’édition française nous sert quelques suppléments rescapés de l’édition US.
Rencontre entre Lena Dunham et Judd Apatow (23’40”) et une Conversation entre Lena Dunham et ses trois amies (20’44”) : ces deux documentaires contiennent quelques anecdotes sur la série, reviennent sur la personnalité des personnages et soulignent la contribution personnelle de Judd Apatow ; c’est lui qui aurait eu l’idée de la décision des parents de Hannah de lui couper les vivres pour démarrer la série.
Suivent, Les coulisses de la série, des courts commentaires sur chaque épisode.
Pour finir, le commentaire de trois épisodes par Lena Dunham, assistée, pour les épisodes 1 et 7 de la productrice Jenni Konner et, pour l’épisode 6, de Judd Apatow. Ces commentaires, riches et passionnés n’intéresseront que les anglophones, faute de sous-titrage.
Filmée par caméra numérique, la série bénéficie d’une image parfaitement définie, bien contrastée, d’une bonne profondeur de champ et de noirs profonds. Dommage, encore une fois, que la série ne soit pas disponible sur Blu-ray.
Le son 5.1, disponible non seulement pour la version originale mais aussi pour le doublage en français et en castillan, restitue avec clarté les dialogues et la musique d’accompagnement. Bien que la série ne soit pas, par sa nature, propice à une démonstration d’effets spéciaux, les enceintes surround auraient pu être un peu plus souvent sollicitées. Cependant, les ambiances sonores des rues de New York ou de la méga partie de l’épisode 7 sont suffisamment immersives.